L’ancien ministre de la Défense et membre du Haut Comité d’Etat, M. Khaled Nezzar, auditionné ce jeudi par l’instance de consultation politique que préside M. Abdelkader Bensalah, a plaidé pour le recouvrement de la crédibilité de l’Etat, en appelant à ce que le pouvoir législatif soit cédé durant cette période au président de la république qui doit «légiférer par ordonnance jusqu’à l’élection d’un nouveau parlement».
La première semaine de consultations sur les réformes politiques, entamées samedi dernier, a laissé facilement transparaître, dans une atmosphère plutôt studieuse, une volonté de changement clairement exprimée par la partie de la classe politique nationale consultée, jusqu’à présent, mais aussi de réelles divergences tant sur la nature du système politique à construire que sur la manière de faire pour y parvenir. Pour l’instant, neuf partis politiques, trois personnalités nationales et quelques organisations de la société civile ont été reçus, au total, par l’instance que dirige M. Abdelkader Bensalah, assisté des conseillers du président de la République, MM. Mohamed Ali Boughazi et Mohamed Touati. L’Instance avait tenu à préciser, dès son installation, qu’elle n’était pas une «commission de dialogue» mais un espace de consultations où chaque parti, organisation ou personnalité nationale qu’elle reçoit viendrait déposer ses avis et suggestions pour faire avancer la réalisation des réformes politiques annoncées.
Il ajoutera, à ce titre, que le mandant présidentiel doit être limité et qu’une commission indépendante devra voir le jour avec, pour mission, de préparer les textes de lois à réviser dans le cadre des réformes politiques annoncées par le chef de l’Etat. Il justifiera son acceptation à l’invitation de Bensalah par le fait que le Président Boueflika s’est engagé personnellement à suivre ces réformes politiques, qu’il a qualifiées de «mesures indispensables pour consacrer un Etat de droit». Devant un parterre de journalistes, l’ancien ministre de la Défense a proposé d’accélérer l’attribution des agréments aux nouveaux partis en facilitant la création des organisations syndicales et les associations, et en ayant en point de mire le respect du caractère républicain et démocratique de notre Etat.
Le respect de l’alternance au pouvoir et l’édification d’institutions législatives et exécutives élues, selon le principe de l’égalité des chances, à tous les niveaux du pouvoir, ont été également parmi les points évoqués par M. Nezzar, qui a plaidé, dans le cadre de ces réformes, pour la protection des droits de l’opposition et de la minorité parlementaire. «Il ne faut pas toucher à ces droits», a-t-il tranché. L’invité de Bensalah est persuadé qu’«aucune autre légitimité que la légitimité constitutionnelle ne doit être évoquée ou utilisée pour justifier le recours à des questions liées aux croyances personnelles et touchant à la liberté individuelle des citoyens». Il estimera que ces réformes peuvent constituer une occasion devant permettre la transmission du flambeau aux nouvelles générations, en étant favorable «à toute initiative pacifique même au niveau de la capitale, dans un souci de garantir la transparence la plus totale. L’enjeu actuel serait d’établir une nouvelle Constitution pour le pays, dira-t-il, notant que «les Algériens et les Algériennes sont aujourd’hui devant un tournant historique et une occasion à ne pas rater».