Comme il fallait bien s’ y attendre, les consultations politiques en prévision d’une révision «consensuelle» de la Constitution, enregistrent plusieurs défections et pas des moindres.
Déjà que certains partis à l’image de ceux organisés au sein de la coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), parmi lesquels le RCD, Jil Jadid et le MSP avaient décliné l’offre du pouvoir bien avant de recevoir le projet de mouture.
Mais depuis jeudi dernier, et à la lecture des amendements proposés par le président Bouteflika, beaucoup d’acteurs politiques un moment hésitants ont tranché dans le vif.
«L’examen des propositions de la révision constitutionnelle n’invite qu’à une conclusion et une seule : il s’agit d’un non-sens politique. Les auteurs y manifestant clairement une perte de sens des réalités, une attitude de déni et le choix de la fuite en avant ».
Ce commentaire acidulé du candidat malheureux à la présidentielle Ali Benflis, résume à quelques détails prés la réaction de la majorité des partis et des personnalités d’opposition. Le pôle du changement réuni en ce moment à Alger risque de le suivre dans son refus de prendre part à ces consultations.
Ces derniers estiment que le pouvoir n’a visiblement pas l’intention de lâcher du lest en matière d’ouverture politique et libertés publiques.
De la CNLTD à Benflis
Le fait est que la mouture envoyée par Ahmed Ouyahia aux 150 partenaires politiques et de la société civile ne tranche même pas sur la nature du régime envisagé.
Il en ressort que le président de la république demeure la pièce maîtresse du jeu politique en ce sens qu’il ne concède aucune parcelle de pouvoir à l’opposition voire même à son Premier ministre qui récupère juste la prérogative de signer des décrets exécutifs…
De même que l’intégration de la «réconciliation nationale», de l’interdiction du «nomadisme politique», et de la «lutte contre la corruption» dans la Constitution paraissent pour le moins déplacées du fait qu’elles relèvent déjà d’autres lois organiques.
Aussi, le fait d’inscrire ces thèmes dans la Loi fondamentale ne garantit pas forcément leur application.
Plus généralement, la copie de Bouteflika a déçu plus d’un, compte tenu des attentes de la société mais aussi des enjeux politiques et diplomatiques auxquels l’Algérie fait face.
Le pouvoir piégé par sa logique
Même le général à la retraite Khaled Nezzar ne devrait pas prendre part à ces consultations. Selon le journal Algérie patriotique, qui appartient à son rejeton et à celui du général Toufik, Nezzar n’aurait déjà pas apprécié «le passage en force d’Abdelaziz Bouteflika lors de la dernière élection présidentielle, et l’implication politique de l’Armée lors de cet évènement».
Le général n’aurait non plus pas apprécié le fait que la commission Bensalah n’ait pas pris en considération «ses propositions», en mai 2011.
Des sources proches de l’ancien chef du gouvernement, confient également que Mouloud Hamrouche va zapper le rendez–vous avec Ouyahia. Il l’a au demeurant laissé entendre lors d’une conférence de RAJ à laquelle il a été invité dimanche dernier.
En tout état de cause, Ouyahia risque de se retrouver avec les mêmes «clients» voire nettement moins que le nombre et la qualité de partenaires reçus par Bensalah en 2011.
De fait, le pouvoir se retrouve une nouvelle fois au pied du mur de devoir se passer de ceux qui lui apportent la contradiction. Et s’il décide d’aller quand même de l’avant, il prend le risque de complexifier la crise de confiance autour d’une Constitution qui intéresse tous les algériens et qui est censée fait l’objet d’un vrai consensus. Il aurait été alors piégé par sa propre logique.