Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a entrepris depuis plusieurs jours des contacts avec les partis politiques en vue de recueillir leur avis sur la révision de la Constitution.
Certains partis disent avoir été exclus de la consultation alors que d’autres affirment avoir été reçus par Sellal. Au moment où rien ne filtre sur les amendements qu’on cherche à introduire dans la nouvelle mouture de la Constitution, en perpétuel devenir, chaque parti, chaque Algérien devient exégète de la vie politique, préjugeant de ce qui sera fait ou de ce qu’on voudrait faire à la Constitution.
La sous-visibilité politique est telle que les premiers partis commencent à jaser. Djamal Benabdeslam estime avoir été lésé, car il n’a pas été convoqué alors que les consultations se poursuivent toujours et n’ont pas pris fin.
Personne ne peut concrètement affirmer que des partis ont été exclus de l’aire politique, sauf quant on est en face de ces nouveaux partis, créés par des amis ou entre familles, et qui arrivent juste à remplir une salle d’attente d’un ophtalmologue privé. Ceux-là ne sont pas lésés, mais, disons, réduits à leur juste expression, qui est de se taire.
Cela reste conforme à l’«esprit bouteflikien», qui avait lui-même affirmé dans son discours d’avril 2011 que pouvaient être associés à cette révision constitutionnelle «les courants politiques agissants et des experts en droit».
Maintenant, il y a problème du côté des autorités qui cherchent un consensus autour de quelque chose mais ne le disent pas. Veut-on faire élire Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat ? Cherche-t-on à remodeler la Constitution pour aboutir à plus d’ouverture, à plus de démocratie et à plus de respect des droits de l’homme ? Avec plus de traçabilité et de transparence ? Il y a beaucoup d’amendements à introduire dans la Constitution, beaucoup de choses à parfaire, mais il est certain que le pouvoir va focaliser sur des points précis.
Les audiences en catimini chez Sellal ont fait jaser plus d’un. Alors que la nature de la consultation est d’envergure nationale, la démarche vis-à-vis des partis, publiquement annoncée et assumée, se fait en catimini, sans agenda fixe mis sur la place publique, sans points de discussions précis, de sorte que la prochaine révision constitutionnelle prend l’allure d’une entreprise secrètement managée par le Premier ministre, seul. La présidentielle qui pointe déjà attise les convoitises et aiguise les appétits.
A cela s’ajoute tout un paysage politique à remodeler. La coalition présidentielle a volé en éclats. Le RND a perdu Ouyahia, le MSP va perdre Soltani, en fin de mandat, et le FLN se débarrassera certainement de Belkhadem. Quelle serait la nouvelle coalition ? Et au profit de qui ?
Fayçal Oukaci