Le coup d’envoi des consultations autour des réformes politiques a été donné hier à la Présidence de la République (ancien siège du MAE) avec comme premiers invités des représentants du courant islamiste, en l’occurrence le président du mouvement El Islah, Djamel Benabdessalam, et Mohamed Saïd, président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) non agréé.
Il est précisé que ce dernier est reçu en qualité de personnalité politique nationale, sachant qu’il était candidat à la présidentielle de 2009. Ainsi, ce sont les islamistes qui ouvrent le bal des consultations.
Avec l’invitation adressée à Mohamed Saïd, il n’est pas écarté que d’autres noms connus de la scène politique, dont la formation n’a pas été agréée, pourraient être convoqués au palais d’El Mouradia. Dans ce cadre, des observateurs n’excluent pas la participation de l’ancien président d’El Islah, Abdallah Djaballah, et l’ancien Chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, qui n’a toujours pas obtenu l’agrément pour son parti. Plusieurs formations politiques créées ces dernières années n’ont toujours pas été agréées officiellement par l’État. C’est notamment le cas de Wafa d’Ahmed Taleb Ibrahimi, du Front démocratique (FD) de
Sid Ahmed Ghozali, de l’UDR de Amara Benyounès ou du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) de Mohamed Saïd. Une situation qui devrait se débloquer avec la révision de la loi sur les partis qui est au programme des chantiers politiques ouverts.
Il y a en outre Abdelmadjid Menasra, rival de Soltani, qui vient de créer sa formation politique dénommée «El Taghyir» et qui a son mot à dire sur les réformes politiques, en particulier la révision de la Constitution. Il s’est même prononcé pour la dissolution du Conseil de la nation, un sujet polémique entre le RND et le FLN. Il faut souligner que cet ancien ministre de l’Industrie, qui se réclame être l’héritier de Mahfoud Nahnah, est membre de l’ANC (Alliance nationale pour le changement) aux côtés du président d’El Islah et l’ancien Chef du gouvernement Ahmed Benbitour. Apparemment, il a été décidé de recevoir et faire participer les représentants de formations politiques et non ceux d’alliances nées au lendemain des émeutes de janvier dernier. Sur le terrain, l’ANC semble s’être essoufflée après son unique meeting tenu à Alger il y a deux mois. Un élargissement des membres était prévu mais il est loin de se concrétiser. Pour rappel, M. Benabdessalam a préféré être accompagné de quatre membres de la direction du mouvement lors de cette rencontre avec l’Instance dirigée par Abdelkader Bensalah, assisté par Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi. El Islah, parti islamiste, s’est déjà déclaré en faveur d’un système parlementaire.
Dans le premier communiqué de cette instance de consultations sur les réformes politiques, il a été précisé qu’«elle n’est pas une commission de dialogue» mais une instance chargée par le Président Bouteflika de «con-duire» cette concertation. Cette instance recueillera ainsi «l’ensembles des idées, opinions et visions» des partis et personnalités consultés sur ces réformes. En d’autres termes, ce n’est pas une instance d’arbitrage, son rôle est de rassembler les propositions de ses invités.
Par Nacera Chenafi