Cela fait 4 ans depuis qu’une loi, censée supprimer le paysage hideux qu’offrent les constructions inachevées, a été promulguée et elles sont toujours là à narguer le bon sens et le bon goût. Le pire c’est que ce n’est pas toujours le manque de moyens qui empêche les Algériens de finir leurs habitations ou de ravaler les façades. Là encore, il y a un problème de mentalité à changer.
La course contre la montre engagée, donc, pour la construction d’un million et demi de logements à l’horizon 2014 a conduit à «mettre de côté» un autre projet lancé, en fanfare, en 2008. Plus de quatre ans plus tard, la mise en œuvre de la loi 08-15 du 20 juillet 2008 enregistre des retards immenses sachant que dans plusieurs villes du pays, des milliers de logements sont restés en l’état donnant une image des plus hideuses à ces espaces urbains.
Cette année 2013 est l’ultimatum fixé par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme pour achever le projet en question. Peut-on alors atteindre l’objectif assigné en moins de dix mois ? Les autorités publiques et locales possèdent-elles les moyens humains et matériels nécessaires pour redonner une esthétique urbanistique homogène qui fait cruellement défaut au niveau de l’écrasante majorité des villes algériennes ?…Ce sont autant d’interrogations légitimes d’autant que l’anarchie et la laideur prennent des proportions alarmantes. Et le problème concerne aussi bien des bâtisses relevant des entreprises et administrations publiques que des habitations appartenant à des particuliers. Ces derniers ont, il faut le dire, jusque-là, fait preuve de laxisme et de non-respect du dispositif législatif en vigueur pour diverses raisons. Mais la cherté des matériaux de construction et le manque de main-d’œuvre qualifiée sont souvent mis en avant par les propriétaires de constructions inachevées. «Nous n’avons pas assez de temps à consacrer à l’achèvement de nos maisons. Nous ne sommes pas des professionnels dans les métiers du bâtiment et même lorsqu’on cherche des employés, on n’en trouve pas sur le marché. Les autorités publiques ont absolument raison d’imposer la nécessité de mettre en conformité ces logements, mais il aurait également fallu mettre les moyens nécessaires à cet effet», soulignent certains propriétaires de logements inachevés à Bachdjerrah, Bir Mourad Raïs et Boufarik. «Il y a également la cherté du ciment, de la ferraille et des autres matériaux nécessaires. Il faut tout un budget, et pour l’instant, nous n’avons pas les moyens nécessaires», interviennent d’autres citoyens concernés, habitant à Aïn Taya et Bordj El-Kiffan. Nos interlocuteurs ont fait état de leur souhait de voir les autorités attribuer des aides financières afin de leur permettre de se mettre en conformité avec la loi. Le décor est quasiment le même dans l’ensemble des quartiers, où de nouvelles habitations poussent comme des champignons, mais aucune ne ressemble à l’autre, ni en nombre d’étages, ni en termes de finition et de peinture. Une réalité qui offre un panorama pas du tout agréable à voir. C’est tout simplement de l’anarchie urbanistique, qui semble avoir encore de beaux jours devant elle, mais dont l’éradication constitue un défi majeur à relever par les pouvoirs publics.
A.H