L’ouverture des frontières avec l’Algérie représente, au bas mot, une cagnotte de trois milliards de dollars à gagner
Le souverain marocain a lancé un nouvel appel du pied à l’Algérie pour l’édification d’un Maghreb nouveau dans un discours prononcé à l’occasion du 36e anniversaire de l’annexion du Sahara occidental.
C’est le type d’événement que ne rate pas le monarque chérifien pour remettre sur le tapis, et en filigrane, la question de la normalisation des relations entre Rabat et Alger. Tout en encensant la position du Makhzen. Le souverain marocain a, en effet, lancé un nouvel appel du pied à l’Algérie pour l’édification d’un Maghreb nouveau. «Le Maroc réitère sa disposition à tout mettre en oeuvre, tant sur le plan bilatéral et notamment avec l’Algérie soeur, dans le cadre de la dynamique constructive actuelle qu’au niveau régional, pour la concrétisation commune des attentes des générations présentes et à venir qui aspirent à l’avènement d’un ordre maghrébin nouveau» a déclaré Mohammed VI dans un discours prononcé le 6 novembre à l’occasion du 36e anniversaire de l’annexion du Sahara occidental. Un discours qui, dans sa forme, apparaît apaisant s’il n’était intervenu dans le sillage de la sortie médiatique fracassante du chef de la diplomatie marocaine qui a pointé du doigt l’Algérie suite à l’enlèvement des 3 travailleurs humanitaires (2 Espagnols et une Italienne) du camp de réfugiés sahraouis de Hassi Rabouni (près de Tindouf). «Il s’agit de la responsabilité d’un État et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable», a déclaré Taïeb Fassi Fihri lors d’un point de presse qu’il a conjointement animé avec son homologue espagnole, Trinidad Jimenez, à l’occasion d’une récente visite effectuée par cette dernière au Maroc.
Instrumentalisation du Sahara occidental
Mohammed VI, tout en souhaitant un règlement rapide du conflit, demeure inflexible et fermement opposé quant à l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son destin. Pour le souverain marocain, la question ne se pose même pas. Il l’a pliée d’avance. Seul le projet d’autonomie marocain doit exister et il en fait sa promotion. «Nous réaffirmons que le Sahara marocain sera un véritable modèle de régionalisation avancée, impliquant une élection démocratique de ses instances et un large transfert des pouvoirs et des moyens, du centre vers les régions, et prévoyant des mécanismes de solidarité régionale et nationale, de mise à niveau sociale et de développement humain», a-t-il souligné tout en tentant d’ôter toute légitimité au Front Polisario comme unique représentant du peuple sahraoui.
Le Royaume affiche: «La volonté d’associer à ce processus les représentants véritables et authentiques des habitants de nos provinces sahariennes, dans le cadre d’une dynamique nouvelle, est de nature à mettre un terme définitif aux allégations de ceux qui s’autoproclament représentants exclusifs des populations de la région, en s’obstinant désespérément à vouloir dissimuler le fait qu’ils ne disposent d’aucune assise juridique, d’aucun fondement populaire et d’aucune légitimité démocratique, pour aspirer à la représentation des populations sahraouies», a affirmé Mohammed VI qui a affiché sa stratégie de récupération de la question des réfugiés sahraouis appelés à devenir des sujets marocains à travers son plan de régionalisation dont il loue les bienfaits. «Le succès de cette dynamique permettra à nos frères dans les camps de Tindouf de bénéficier des mêmes droits, opportunités, perspectives et espoirs que ceux qui sont aujourd’hui offerts à leurs frères dans nos provinces du Sud…», a souligné le monarque chérifien. La réplique du côté sahraoui ne s’est pas fait attendre. «La régionalisation avancée préconisée par Mohammed VI, est une incongruité et une mystification. Les Sahraouis n’ont rien à y voir…», a indiqué un communiqué du gouvernement sahraoui répercuté par une dépêche de l’agence de presse officielle sahraouie SPS. C’est sur fond d’une répression féroce qui s’est abattue sur les militants des droits de l’homme et des populations sahraouies des territoires occupés que l’Envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies a repris son bâton de pèlerin pour tenter de renouer les fils du dialogue entre le Maroc et le Front Polisario.
Christopher Ross retourne au charbon
Le représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a rencontré, vendredi dernier, à Madrid, le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères chargé de l’Amérique latine, Juan Antonio Yanez pour tenter de relancer les pourparlers entre les deux parties en conflit. Pour débloquer «le processus de négociations entre le Front Polisario et le Maroc» a indiqué une dépêche de l’agence de presse sahraouie SPS qui s’est référée à une information de l’agence de presse espagnole, Efe. Après une première escale à Madrid, l’Envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental doit entamer un périple qui doit le conduire dans les capitales (Paris, Londres, Moscou…). Le représentant personnel du SG de l’ONU déjà édifié sur l’évolution d’éventuelles discussions ne veut pas jeter l’éponge. «A la fin de la réunion, chaque partie a continué à rejeter la proposition de l’autre comme base unique des négociations…», avait fait constater Christopher Ross, dans une déclaration à la presse à l’issue du 8e round des discussions informelles qui se sont tenues du 19 au 21 juillet à Manhasset dans la banlieue de New York aux Etats- Unis. Et c’est ainsi depuis 2007. Les premières négociations directes ont débuté les 19 et 20 juin 2007. Une mission qui ressemble à une opération casse-cou si l’on se réfère à la situation explosive qui règne dans les territoires occupés couplée à la position inflexible du Maroc qui ne cédera pas un pouce de «son Sahara» a prévenu Mohammed VI.