La question sahraouie é été au centre d’un débat vendredi soir à Paris, articulé autour du film-documentaire de l’écrivain franco-américain Jean Lamore « Building oblivion » (Construction de l’oubli) sur le mur érigé dans les années 80 par le Maroc pour diviser le territoire du Sahara occidental. Ce film sélectionné en novembre dernier au 3e Festival international de films sur les droits de l’homme à Naples, et qui dénonce l’occupation par la force du Sahara occidental, apporte des éclairages édifiants sur ce mur de séparation où sont semées cinq millions de mines anti-personnel destinées à broyer la population sahraouie.
Soutenu par des témoignages et déclarations de responsables du Front Polisario et de jeunes sahraouis, révoltés par cette injustice à ciel ouvert, le documentaire explique par ailleurs avec force, détails et constats accablants, l’inaction de la Minurso pour protéger la population sahraouie contre les violations des droits de l’homme au Sahara occidental.
Qualifié par Jean Lamore de « Véritable crime contre l’humanité », ce mur, a-t-il dit « est la plus grande construction à caractère répressif jamais construite au 21e siècle » .
S’indignant de cette « exception des temps modernes où un pouvoir tyrannique est porté à produire des solutions extrêmes pour ses besoins momentanés », le réalisateur affirme qu’à lui seul, « le mur du Sahara occidental illustre la hauteur des engagements consacrés à la répression du peuple sahraoui ».
Il a, par ailleurs, ajouté lors du débat qui a suivi la projection du film, que « ce mur construit en coopération avec les français ,les américains et les israéliens , est l’exacte réplique de la fameuse ligne Bar Lev érigée le long de la frontière égyptienne par Israël en 1971, soulignant que la base de ce documentaire précisément « c’est la construction de l’oubli « .
» Normalement l’oubli est un processus qui advient naturellement avec le passage du temps, dans ce cas précis, l’oubli a été construit de manière artificielle et été positionné dans le futur « , a-t-il ajouté.
» Le concept de base pour ce le film c’est inadmissibilité d’un territoire acquis unilatéralement par la force et le cas du Sahara occidental est un exemple qui, à mon sens, ne peut perdurer « . « La décolonisation du Sahara occidental est une histoire africaine et une majorité des nations du continent africain qui sont-elle mêmes issues de luttes âpres et récentes ont reconnu la RASD, a rappelé Jean Lamore , ajoutant qu’il est de notre devoir aujourd’hui de reconnaître la légitimité de cette nation qui est parfaitement viable et, qui de plus, respecte le droit international , a déposé les armes et constitue un remarquable exemple de démocratie, constatée dans la parité entre les femmes et les hommes, et l’éducation pour tous « .
Sur le silence entretenu par la presse française sur ce conflit, Jean Lamore a relevé que cette presse « appartient à des fratries et ces grandes familles ont leur relais au Maroc qui est un partenaire économique puissant de la France ».
Il a par ailleurs rappelé que lors des grandes violences en novembre après le démantèlement par les forces marocaines du camp de la liberté à Gdeim Izik, près d’ El Ayoun c’est l’ambassadeur de France à l’Onu » qui est intervenu personnellement pour demander que le principe d’une enquête internationale sur ces évènements tragiques ne soit pas retenu, alors que ces mêmes personnes ont exigé une enquête concernant la Libye ».
En France, la censure sur le Sahara occidental existe réellement, a-t-il dit, la qualifiant « des plus gros mensonges, duperie et tricherie des temps moderne « .
« La naissance d’une nation arabe et démocratique, qui fait preuve d’un modernisme absolu et donne l’exemple gène beaucoup et certains veulent le masquer quelque part. Voilà où nous en sommes aujourd’hui où nous avons oublié ces notions qui démontrent de ce que c’est que de lutter pour son indépendance ».
Long de 2.720 kilomètres, érigé en six étapes, protégé par 160.000 soldats armés,240 batteries d’artillerie lourde, plus 20.000 kms de barbelés, des milliers de blindés et des millions de mines antipersonnelles – interdites par les Conventions internationales -, le »mur de défense » surnommé aussi le « mur de la honte » marocain, est une grande muraille qui divise tout un peuple et son territoire depuis un quart de siècle, au vu et au su de toute la communauté internationale.
Un rempart militaire qui a fait des centaines de victimes, de part et d’autre de ses flancs, pour ceux des civils sahraouis qui ont voulu le passer, ou des milliers de bêtes à la recherche de pâturages.
Surveillé par des dizaines de radars de longue et moyenne portée, soutenu par une aviation militaire parmi , des milliers de chars blindés, des missiles, roquettes, artillerie lourde et des bombes à fragmentations, Ce mur continue à défier tout le monde avec ses mines, ses barbelés, ses fosses, ses armes, ses munitions, ses soldats. Cette soirée débat, placée sous le signe de la commémoration du 35 anniversaire de la proclamation de la RASD a été organisée à l’initiative de la Plate-forme de la solidarité avec le peuple sahraoui.