Les candidats en lice pour l’élection présidentielle de 17 avril prochain auront à expliquer ce qu’ils proposent aux Algériens, durant 21 jours, à travers l’exposition de leurs programmes.
Dans l’histoire de l’Algérie, les électeurs votent, généralement, pour les personnes sans chercher à comprendre le contenu des programmes. Il n’empêche que les candidats vont jouer la carte des engagements et des défis, sachant que les principales revendications de la population sont plutôt d’ordre socio-économiques, arrivent en deuxième plan les libertés individuelles.
A cet effet, chaque candidat aura à défendre son programme même si l’expérience des précédentes élections nous laisse croire que certains candidats n’ont pas de programmes bien ficelé et leur campagne sera axée sur des promesses, dont la finalité n’est autre que d’attirer le maximum d’électeurs. Le candidat indépendant, Abdelaziz Bouteflika propose un « nouveau pacte » pour ancrer le développement et le progrès.
Ce « nouveau pacte » se fixe pour objectifs majeurs de conforter la stabilité, d’enraciner une démocratie apaisée, de valoriser le capital humain, de bâtir une économie émergente dans le cadre d’une approche de développement durable et de renforcer les liens de solidarité sociale. Il propose aussi, le renforcement de l’indépendance de la justice, la lutte implacable contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, l’encouragement de la société civile à s’organiser en tant que vecteur de prise de conscience, force de proposition et vivier des élites politiques de demain.
Le candidat Bouteflika reprend son chantier annoncé en 2011 qui est la révision de la Constitution. Au plan économique, il vise à bâtir une « économie émergente », à travers la valorisation des ressources humaines, de la connaissance et de la technologie. Le candidat indépendant, Ali Benflis revient avec des propositions portant réforme des institutions de l’Etat qui passe par une justice crédible et indépendante et un renforcement du pluralisme politique.
Dans le volet politique, il préconise de « restaurer la norme constitutionnelle de la limitation à deux quinquennats du mandat présidentiel », engager un dialogue politique national pour approfondir et consolider la démocratie, mettre en place un Pacte national contre la corruption et la révision de loi électorale. Sur le plan social, Benflis propose aux Algériens la création d’un fonds, durant l’année 2015, appelé « Soundouk Enafaka ».
La candidate du parti des Travailleurs, Louisa Henoune, elle, axera sa campagne électorale sur la thématique de l’édification de la « deuxième République ». Mme Hanoune propose, une « refonte » de la Constitution et en économie, il s’agira de mettre en avant les propositions et positions défendues jusque-là par la première responsable du PT, dont notamment la constitutionnalisation de la règle 51/49. Les droits au logement, à l’emploi, à la formation, à la santé ne seront pas en reste de la campagne électorale de Mme Hanoune.
De son coté, le candidat Fawzi Rebaïne plaide pour un régime présidentiel d’un mandat de 5 ans sans limitation, propose la mise en place d’un Observatoire de Stratégie économique et de prospective. Rebaïne prône, un découpage administratif élargissant le nombre de wilayate et de communes ainsi qu’une décentralisation des pouvoirs économiques et sociaux et une réhabilitation des pouvoirs exécutifs des Assemblées élues. Moussa Touati qui est à sa deuxième participation aux élections présidentielles, compte mettre en place une « Charte nationale » de développement.
Le parti plaide pour un régime parlementaire. Sur le plan économique, Touati aspire à édifier une économie sociale qui contribuera à réduire les inégalités entre les différentes couches de la société. Le parti a également suggéré de réduire la période du service militaire.Le plus jeune candidat pour cette élection présidentielle, président du Front El Moustakbal , Abdelaziz Belaid, propose un débat général sur le projet de la Constitution avec la participation de toutes les catégories sociales et puis le soumettre au référendum populaire.
Belaid propose de fixer la durée du service national à un an en attendant que ce service « s’étende aux filles ayant des diplômes universitaires comme première étape ». A l’adresse de la jeunesse, il compte mettre en place un organisme national visant la promotion et l’intégration des jeunes dans la société.
N. B.
Après le succès du meeting des boycotteurs: Le spectre de l’abstention plane sur la présidentielle
L e succès du dernier meeting organisé à Alger par la Coordination des partis et personnalités pour le boycott remet à la surface le spectre de l’abstention en perspective de l’élection présidentielle du 17 avril prochain. Si le scrutin suscite certes un engouement tout particulier parmi les citoyens, notamment les partisans d’un quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le constat est loin d’être généralisé.
En effet, les partisans du boycott des prochaines joutes électorales sont également nombreux, en témoignent les échos de la rue avant même l’entame de la campagne électorale. Bien qu’interdits de campagne suite à une note émise par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, les boycotteurs semblent déterminés à faire entendre leur voix, les pouvoirs publics ayant lâché du lest, en autorisant le dernier rassemblement du mouvement » Barakat » et le meeting populaire de ladite coordination des boycotteurs. Ce qui augure d’une campagne à deux tons, avec à la clé un grand risque de dérapage entre les partisans des deux camps en question.
A cela s’ajoutent bien entendu la multiplication des mouvements de protestation au sein de la société, où les citoyens redoublent de démonstrations de rue exigeant des solutions en urgence à leurs préoccupations sociales. Des mouvements qui s’apparentent à une forme de chantage puisque certains contestataires font dans le marchandage politique à l’approche de l’élection présidentielle. A ce titre, dure sera la campagne électorale pour les six candidats en lice, car ils devraient croiser le fer et faire preuve de grande ingénuité pour tenter de convaincre un électorat de plus en plus exigeant, d’abord pour aller voter en masse, et puis le basculer de son côté.
Les dernières marches effectuées par les garde-communaux et les mouvements de foules suscitées par les déclarations du chef de campagne du candidat Bouteflika dans la région des Aurès en sont la parfaite démonstration de cette approche. S’il est vrai cependant que les partisans du boycott de la présidentielle se font de plus en plus sentir, il n’en demeure pas moins que l’opposition en général et les boycotteurs particulièrement investissement de plain-pied dans les mouvements de protestation sociale leur donnant une connotation éminemment politicienne.
Ce faisant, si la Coordination des partis et personnalités pour le boycott venait à faire campagne auprès de la population, le résultat serait certainement meilleur après échéance des 22 jours légaux impartis à la campagne électorale. D’où d’ailleurs les fortes appréhensions quant à une faible participation au prochain scrutin qui en résulterait directement de cette situation. Les interventions des candidats à la présidentielle focalisent leurs assertions justement sur la nécessité d’aller massivement aux urnes le 17 avril prochain, ne cachant pas de la sorte leurs craintes sur une éventuelle abstention record.
En outre, le taux d’abstention assez élevé enregistré à l’occasion des dernières élections législatives du 10 mai 2012 renseigne sur la démission de la population par rapport à la chose politique. Toutefois, l’élection présidentielle est un autres rendez-vous, autrement beaucoup plus important, bien que la situation actuelle reste inédite dans les annales politiques de l’Algérie pluraliste.
M. A. C.