M. Aziza

Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique a, dans les détails, expliqué qu’il y a des organisations syndicales qui ont déposé une demande d’agrément, depuis 2015 et 2016, mais elles n’ont toujours rien reçu, pas même une réponse négative. «A notre grande surprise, la CSA a déposé le dossier d’agrément, le 31 décembre, et elle a eu un accusé de réception, 24 heures après. On n’a même appris que des instructions ont été données par certains départements pour traiter, au plus vite, ce dossier», une lueur d’espoir pour les syndicalistes. Mais cette «lueur s’est vite évaporée avec le refus si rapide de notre déclaration» Le ministère du Travail a justifié, pour sa part, ce refus par le motif que la demande d’enregistrement ne serait pas conforme aux dispositions de l’article 2 de la loi n° 90-14 du 02 juin 1990, modifiée et complétée, relative aux modalités d’exercice du droit syndical.
Ce refus ne semble pas décourager les syndicats autonomes qui comptent revenir avec le même dossier auprès du ministère du Travail pour réitérer leur demande d’enregistrement, portant création de la déclaration de constitution d’une Confédération des syndicats algériens. Les syndicats sont déterminés à lutter, pacifiquement, jusqu’à la création effective de cette confédération. Sadek Dziri, président de l’UNPEF n’a pas écarté le recours aux actions de protestations en cas d’un autre refus d’enregistrement de ladite déclaration. Il s’est dit étonné qu’après tant de militantisme syndical en Algérie , l’on compte une seule Centrale syndicale (UGTA ) alors que nos voisins marocains comptent 35 centrales syndicales et 4 confédérations, sachant que ces dernières ne dépassent pas les 6 % de représentativité.
«Deux poids deux mesures»
Idir Achour, secrétaire général du CELA, a affirmé pour sa part, qu’il n’y a aucune loi, dans le code du Travail qui donne le droit à une association patronale de se transformer en syndicat, en faisant référence au Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui est devenu, le premier syndicat algérien des patrons après avoir obtenu, officiellement, son agrément.
Avec une médiatisation montrant le ministre du Travail très euphorique en remettant l’agrément à Ali Haddad, le patron du FCE. Des syndicalistes s’interrogent : «pourquoi le ministre du Travail était si heureux d’agréer le syndicat des patrons, et s’obstine, par contre, à chercher des failles voire des embûches quand il s’agit des syndicats autonomes défendant les droits des travailleurs ?» Lyes Merabet s’est interrogé : «A quel titre le Forum des chefs d’entreprise, transformé en syndicat assistera-t-il à la tripartite, et avec quel statut négociera-t-il avec le gouvernement ?»
Sur quelle base le syndicat des patrons a pu obtenir son agrément ? Idir Achour rétorque «sur la base de l’affairisme politique». Et de préciser que cela dénote sur les «arrière-pensées du nouveau code du Travail et sur l’orientation politique de notre pays qui veut favoriser, davantage, l’intérêt des patrons au détriment des travailleurs». L’on aboutira, présage-t-il «à des négociations patrons gouvernement contre les travailleurs». Meziane Meziane, du SNAPEST a estimé que cette transformation du patronat en syndicat «a pour objectif de renforcer la représentativité de l’oligarchie dans notre pays».