Constat du FMI sur l’économie algérienne, L’inflation et le syndrome hollandais

Constat du FMI sur l’économie algérienne, L’inflation et le syndrome hollandais
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Après une décennie de croissance économique marquée par l’accumulation de réserves de changes substantielles, l’Algérie résiste, à la fois, à la crise financière mondiale et aux incertitudes régionales. Tel est le dernier constat du FMI, au titre de la consultation annuelle avec l’Algérie.

Dans son dernier rapport en date sur l’économie algérienne, le Fonds monétaire international constate, encore une fois, que les politiques macro-économiques prudentes, mises en œuvre au cours de la dernière décennie, et la gestion des recettes des hydrocarbures, ont conduit à une situation financière solide, avec des réserves confortables, un très faible niveau d’endettement extérieur, malgré d’importantes coupes budgétaires dans le Fonds de  régulation des Recettes, (FRR). Cela a permis au pays de prendre des mesures anticycliques pour résister à la crise financière mondiale, et, plus récemment, à l’échelle des dépenses courantes et de soutien à l’emploi et au logement pour répondre aux demandes sociales pressantes et contenir l’agitation sociale.



Toutefois, estime-t-on, de nouveaux défis se font jour avec de plus longue date des problèmes structurels. À court terme, en effet, la préoccupation majeure est l’inflation, qui devrait atteindre en 2012, un record sur les 15 dernières années. La récente expansion budgétaire a aggravé la viabilité des finances publiques et l’on constate une vulnérabilité accrue vis-à-vis des prix du pétrole. Plus largement, l’économie de l’Algérie n’est pas suffisamment diversifiée et de plus en plus en dessous de son potentiel ; elle reste fortement dépendante du secteur des hydrocarbures, qui relève de l’investissement public, tandis que la croissance du secteur privé est atone. Bien qu’il y ait eu des progrès dans la lutte contre le chômage, il reste élevé chez les jeunes et les femmes.

S’agissant des données macroéconomiques, il est relevé qu’en 2011, la croissance a atteint 2,4 %, freinée par la poursuite de la diminution de la production d’hydrocarbures et le ralentissement dans le secteur de la construction. Dans les premiers mois de 2012, l’augmentation des dépenses du secteur public, de bons rendements agricoles et une diminution moins importante de la production d’hydrocarbures, suggèrent que la croissance pourrait être légèrement mieux qu’en 2011. L’inflation a augmenté de 4,5 % en 2011 à 8,9 % en moyenne sur les neuf premiers mois de 2012 (par rapport aux neuf premiers mois de 2011), principalement, en raison de la nourriture (+19,6,% pour les produits frais) et prix des produits manufacturés. La hausse des prix a été stimulée par l’excès de liquidité résultant de la hausse des dépenses publiques courantes, et peut-être aussi par les carences de la chaîne de distribution.

LG Algérie

Au chapitre de la position extérieure, on constate que le solde du compte courant s’est amélioré en 2011, pour atteindre 9,9 % du PIB. La forte augmentation des recettes d’exportation     (27 %), tirée par la hausse du prix du pétrole, a dépassé la croissance des importations (15 %), tandis que le volume des exportations d’hydrocarbures ont continué à baisser, ce qui reflète une baisse de la production, ainsi qu’une augmentation de la consommation intérieure.

Que devient l’Algérie hors hydrocarbures ? Dans cette partie, les exportations ont diminué d’environ 11 % au premier semestre de 2012, ce qui reflète la faible demande extérieure. Les entrées de capitaux sont restées limitées, pour atteindre 2,6 milliards de dollars (1,3 % du PIB). Quant aux réserves de change, celles-ci ont augmenté de 20 milliards de dollars pour atteindre 182,2 milliards à la fin de l’année 2011. Cela équivaut à 38 mois d’importations de biens et de services, tandis que la dette extérieure est tombée à 2,2 % du PIB, un des plus bas taux au monde !

Néanmoins, au cours des neuf premiers mois de 2012, les recettes d’exportation des hydrocarbures sont restées stables, avec des hausses de prix compensant l’impact de 1 %. Les importations ont diminué de 2,8 % au cours de la même période. A fin Juin 2012, l’excédent du compte courant a atteint 10,8 milliards de dollars (5,4 % du PIB), mais les IDE (investissements directs étrangers) sont restés relativement faibles, plafonnant à 1 milliard de dollars seulement.

Quid de la santé du dinar ? Le FMI constate que le taux de change effectif réel reste proche de son niveau d’équilibre. Suivant une légère dépréciation (0,6 %) en 2011, ce taux s’est apprécié de 5,8 % au cours des neuf premiers mois de 2012. Cette appréciation était principalement due à l’important différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux partenaires commerciaux. Néanmoins, le FMI avertit contre le niveau des dépenses publiques, dans ces conditions, ce dernier pourrait entraîner des effets du « syndrome hollandais ». Argumentaire : en dépit de la convertibilité du dinar pour les transactions courantes, le marché parallèle des changes a connu une importante prime, près de  32 % à la fin de 2012 !

Dans ce contexte, il est noté que le taux de chômage stagne, puisqu’il a cessé de diminuer comme il l’a fait au cours de la dernière décennie. Il est resté stable à 10 % en 2011, la baisse de l’emploi a été compensée par une baisse de la main-d’œuvre. Le chômage des jeunes et des femmes est demeuré élevé à  21,5 % et 17,2 %, respectivement.Enfin, au chapitre des prévisions, le FMI s’attend à une clôture de l’exercice 2012 avec une croissance à 2,5 %, et peut-être 3,4 % en 2013, stimulée par le soutien espéré au privé national et à la demande, ainsi qu’une reprise dans le secteur des hydrocarbures qui devrait durer à moyen terme.

Par Nabil Benali