Constantine – Vol du patrimoine archéologique: L’Algérie perd 6 milliards de dollars par an

Constantine – Vol du patrimoine archéologique: L’Algérie perd 6 milliards de dollars par an

Selon un représentant de la police de l’air et des frontières (PAF), l’Algérie perd chaque année 6 milliards de dollars dans le vol de son patrimoine archéologique auquel se livrent des réseaux criminels qui font commerce des pièces volées au niveau mondial. L’officier de la PAF qui a donné cette information dans une communication faite hier au Palais de la culture Malek Haddad de Constantine où se sont ouvertes deux journées d’études sur la protection du patrimoine culturel, n’a pas manqué de signaler que les trafiquants utilisent aujourd’hui des techniques très évoluées en s’appuyant sur le dernier cri en matière de technologie pour voler des pièces archéologiques qu’ils exposent à la vente sur des sites spécialisés d’Internet. A ce propos, il prendra en exemple ce qui se passe actuellement en Syrie et en Irak où les organisations terroristes détruisent délibérément des sites archéologiques « non par croyances religieuses, a affirmé le conférencier, mais pour soutirer les pièces importantes d’archéologie qu’elles vendront sur le marché international du genre pour en tirer les milliards de dollars qui leur serviront à financer leurs activités ».

Lui succédant, le conférencier du groupement régional de la Gendarmerie nationale de Constantine a présenté les statistiques comparées réalisées entre 2013 et 2015. « En 2015, dira le conférencier, les affaires de vol des œuvres d’art et de pièces archéologiques ont baissé de 44% par rapport à l’année 2014. Pour les 9 mois de l’année 2015, les unités régionales de la Gendarmerie nationale, en coordination avec les cellules de lutte contre la contrebande des pièces archéologiques installées au niveau de Constantine et Souk Ahras ont traité 43 affaires de contrebande de pièces archéologiques qui ont conduit à l’arrestation de 8 personnes et la saisie de 2037 pièces archéologiques diverses lesquelles ont été remises aux directions de la culture concernées ». A l’échelle de la wilaya de Constantine, le conférencier du groupement territorial a déclaré que durant ce premier trimestre 2016, la Gendarmerie nationale a traité 25 affaires relatives à des atteintes au patrimoine archéologique et artistique. Ces affaires ont conduit à l’arrestation de 6 personnes et à la récupération d’un nombre indéterminé de pièces archéologiques volées se rapportant à diverses époques historiques.

Dans cette première partie des deux journées d’études prévues le 18 et le 19 avril dans le cadre du mois du patrimoine, les conférenciers des différents corps de sécurité et du secteur de l’archéologie ont mis l’accent sur le rôle efficient joué par les cellules de lutte contre le vol et la contrebande des pièces provenant du patrimoine culturel national, disant que ces entités ont été mises en place en 2006 au niveau régional et local de la Gendarmerie nationale suite à une demande du ministère de la Culture qui a passé convention avec le ministère de la Défense nationale. Ils mettront alors en exergue le rôle de ces cellules dans la préservation de ce trésor qu’est notre patrimoine archéologique. « Détruire le patrimoine archéologique équivaut à détruire l’économie nationale », n’hésitera pas à dire alors un conférencier. «Tout le monde sait que des pays comme l’Egypte qui accueille entre 7 et 8 millions de touristes par an, et le Maroc, par exemple, ne vivent que par le tourisme axé principalement sur les sites archéologiques et d’où ils puisent les milliards de dollars pour faire vivre leurs populations», dira-t-il.

Sur un autre plan, Mme Dahou-Kitouni, directrice du musée national de Cirta, a fait une communication pour parler du rôle et des activités de son organisme. « A notre niveau, commença-t-elle, nous traitons dans l’année entre 7 et 8 affaires de trafic de pièces archéologiques. Mais pas de la même façon que les services de sécurité », a-t-elle précisé. « Notre rôle essentiel se limite à une collaboration avec la direction de la culture pour authentifier les pièces provenant des saisies faites par les différents corps de sécurité. Il faut dire aussi, a signalé la conférencière, que l’on se trouve souvent devant des pièces saisies qui ne sont pas originales, mais de simples copies. Cela est vrai surtout lorsqu’on a affaire à des pièces de provenance égyptienne. Pour plus d’efficacité dans le combat contre ce genre de trafic, surtout en ce qui concerne l’identification des pièces authentiques, dira Mme Dahou-Kitouni, les cellules de lutte contre ce phénomène qui activent au niveau des différents corps de sécurité gagneraient beaucoup à organiser des cycles de formation périodiques dispensés et encadrés par les organismes et les cadres spécialisés du secteur de l’archéologie ».