Constantine trahie !

Constantine trahie !

sous les ponts de Constantine coule le mensonge La limpide source de l’authentique rivière dérange De la ville numide, les démons chassent les anges

Dans les eaux nauséabondes, son histoire plonge Entre le pont et les flots balance la mémoire

Sur son cadavre, on orchestre une foire

« Capitale de la culture arabe », quel déboire !

LG Algérie

À son identité servira-t-elle de mouroir ?

Qui veut nous noyer dans ce fleuve noir ?

De ses eaux souillées, qui veut nous faire boire ?

Qui veut acheter les artistes avec un pourboire ?

À votre fourberie, qui peut vraiment croire ?

Oued-Rhumel a englouti les pierres numides

La tente bédouine a remplacé le solide

Le lucide est troqué contre le stupide

La terre fertile contre le désert aride

L’éloquente Cirta de Massinissa

Perd sa voix et parle le charabia

La bêtise a enterré Dihya et Jugurtha

Et couronné l’intrus à la cité de Micipsa

Constantine, trahie, opprimée et martyrisée

Vivante, ils veulent l’incinérer sur un bûcher

Et disperser ses cendres sur les sentiers

Afin de gommer à jamais son glorieux passé

Du pont, ses longs cheveux descendent jusqu’aux eaux

De ses beaux yeux coulent les ruisseaux qui forment les flots

Sur ses seins nus et son dessous apparaissent des bleus

Vous l’avez humiliée, battue et violée au nom de Dieu.

Rachid Mouaci