En première ligne de la gigantesque marée humaine, une centaine d’enseignants de l’université déterminés à ne pas baisser les bras et de continuer jusqu’à la chute de tout le système.
La réaction de la rue constantinoise, la communauté universitaire plus particulièrement, à la décision prise, avant-hier soir, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en guise de réponse à la mobilisation générale des populations, qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis le 22 février écoulé, de reporter l’élection présidentielle sans fixer de nouvelle date, et du retrait de sa candidature pour un 5e mandat, ne s’est pas fait attendre.
Hier, les Constantinois étaient, à l’instar des citoyens de toutes les wilayas du pays, au rendez-vous.
Dès les premières heures de la matinée, les étudiants et les enseignants de l’université les frères Mentouri de Constantine se sont rassemblés sur la grande esplanade de l’université centrale, le point de départ d’une impressionnante procession. Munis surtout de l’emblème national et de pancartes mises à jour après les développements intervenus la veille. Étudiants et enseignants se sont, ensuite, dirigés vers le centre-ville, scandant des slogans hostiles à la prolongation du mandat présidentiel annoncé la veille. En première ligne de la gigantesque marée humaine, une centaine d’enseignants de l’université déterminés à ne pas baisser les bras et à continuer jusqu’à la chute de tout le système.

La procession sillonnera lentement, pendant plus d’une heure, les grandes artères de la ville en passant par l’avenue de la Liberté, puis par le boulevard Abane-Ramdane. Ils ont tenu, pendant plusieurs minutes, un rassemblement à la place des Martyrs (Bab El-Oued), afin de reprendre la marche vers le boulevard Belouizdad. La foule s’est dispersée vers 13h30 dans le calme. Par ailleurs, des mouvements de protestation rejetant en bloc les annonces faites par le Président ont été signalés en différents endroits de la wilaya dont les travailleurs de l’ex-Sonacome d’Oued Hamimine, qui ont tenu, hier matin, un rassemblement devant le siège de leur entreprise contre l’UGTA et aussi pour exprimer leur refus de cautionner la démarche du régime politique.
De leur côté, les maîtres assistants, les professeurs, les médecins et les résidents ont également marché, hier matin, au sein du centre hospitalo-universitaire Ben-Badis de Constantine. Signalons que la veille, des centaines de Constantinois ont envahi la rue, au son des klaxons, des chants et munis du drapeau algérien, quelques minutes après l’annonce du président Bouteflika pour dire que ces changements ne vont surtout pas mettre fin à cette mobilisation, bien au contraire.
Ines Boukhalfa