Constantine : le « roi mouton » provoque une frénésie tous azimuts à la veille de l’Aïd

Constantine : le « roi mouton » provoque une frénésie tous azimuts à la veille de l’Aïd

A quelques jours de la fête de l’Aïd el Adha, dans un décor de bottes de foin parsemant les coins des rues du centre- ville de Constantine, les préparatifs pour la fête de « sa majesté » le mouton s’accélèrent à Constantine où l’effervescence est à son paroxysme.

Au marché Benbettou, rue Mohamed-Belouizdad, au cœur de la ville des ponts, les « affairistes » de tout poil proposent un véritable « arsenal » pour les apprentis-égorgeurs de moutons.

Couteaux, scies et hachettes de diverses dimensions, compresseurs servant à souffler la peau de l’animal fraîchement égorgé sont les objets les plus exposés, aux côtés de cordelettes et de crochets qui serviront à pendre, à équarrir puis à dépecer le mouton.

Le fourniment complet coûte en moyenne 3.500 dinars. A en juger par l’engouement observé, le prix ne semble être qu’un détail dans un processus de consommation tous azimuts.

Omar, un jeune homme rencontré devant un des étals proposant à même le sol « l’artillerie » de l’Aïd, estime qu’il pourra aller jusqu’à 5.000 dinars.

Egorgeur de moutons occasionnel, Omar affirmé qu’il a déjà une vingtaine de commandes qu’il compte bien honorer le jour de la fête.

A raison de 1.000 dinars par tête de mouton égorgé, ce jeune futé compte bien « rentrer dans ses frais » et même réaliser de substantiels bénéfices.

Les rémouleurs reviennent cette semaine

Aux abords du marché de Benbettou, s’adjugeant toute la largeur du trottoir, les rémouleurs sont revenus cette semaine. Munis d’une meule électrique ou à pédale, ils font renaître de ses cendres cette activité annuelle en aiguisant à qui mieux les instruments tranchants.

Les tarifs sont différents suivant la dimension de la lame ou de la hache. Un couteau de petite dimension est aiguisé à 100 dinars, les coutelas plus larges à 300 dinars tandis que les haches sont affûtées à 400 dinars. Une dépense de plus en cette période de frénésie de consommation. Installés tout à côté, les commerçants d’un jour, à même le sol, étalent une panoplie de brochettes en bois et en métal, des barbecues à charbon, d’autres électriques, des récipients en plastiques, des ustensiles de cuisine et mille autres articles.

Habitudes de consommation tenaces, les femmes ici tiennent le haut du pavé. Elles négocient, marchandent et finissent par « rafler » l’étal, au bonheur des revendeurs qui s’y connaissent pour flairer les bonnes affaires. Le charbon est aussi de la fête.

En prévision de « la journée nationale des grillades », des quantités de ce combustible, conditionnées dans des sacs en plastique de diverses dimensions, sont proposés à la sortie du marché du centre-ville et se vendent comme des petits pains.

Les épices, l’autre must de la fête

Au marché Benbettou, ce sont de véritables attroupements qui peuvent être observés devant les marchands de condiments. Dans un florilège d’effluves enveloppant l’atmosphère, des monticules rougeoyants, safranés et verdoyants se dressent sur les étalages. Ras el Hanout, piment, safran, cumin, paprika et coriandre représentent l’essentiel des condiments demandés. Les femmes s’empressent de passer leurs commandes.

Les prix de ces épices d’assaisonnement ont sensiblement augmenté à l’occasion de l’Aïd, mais cela n’a aucun effet dissuasif au vu de la « fièvre des achats » qui s’est emparée des consommateurs pourtant essoufflés par tant d’acrobaties, épuisés par des dépenses sans fin.

Au milieu du « ronronnement » des meules, du brouhaha qui s’élève du marché, ponctués, par moments, par les bêlements des moutons qui « égayent » le centre-ville, « laâkouba lil aâm el djaï’ est sur toutes les lèvres, à Constantine.