«Tant que Constantine ne bénéficie pas d’investissements dans le secteur de l’industrie, on comptera encore des chômeurs»
Les dernières statistiques arrêtées en matière de chômage font état d’un taux de 12% alors qu’il y a à peine quatre ans il était de plus de 15%.
Le chômage! Un phénomène vécu comme un véritable drame social par une bonne partie des jeunes Algériens. principalement des diplômés. Ils se sentent exclus de la société. Certains, finissent par accepter quand c’est possible d’occuper des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés, d’autres malheureusement empruntent souvent le chemin sans retour de la mer, encore, quand ils ne chutent pas dans le monde obscur de la drogue et de l’alcool. A l’instar des autres wilayas, Constantine connaît aussi ce phénomène. Les dernières statistiques arrêtées en matière de taux du chômage font état de 12% alors qu’il y a à peine quatre ans il était de plus de 15%. Des sociologues pensent que ce taux est passable comparé à celui d’autres wilayas. En effet, la ville des Ponts, même si le taux de 12% n’est pas anodin, souffre peut-être moins de ce phénomène que d’autres villes.
Les banques pointées du doigt
Depuis 2010, plus de 1500 entreprises ont été créées dans le cadre du dispositif de l’Ansej et du Cnac. La création de l’Anem contribue aussi à l’allègement du taux de chômage. Mais pour les jeunes, notamment, les diplômés universitaires, cela est insuffisant. L’Ansej au même titre que la Cnac et à un degré moindre l’Anem, favorisent les non-diplômés. La création de ces agences ne règle pas tout le problème, mais juste une partie du problème. Certains iront jusqu’à dire «l’attribution des crédits qui sont octroyés au compte-gouttes». Ce qui n’est pas le cas. Le responsable de l’Ansej confie que souvent les prétendants à un crédit, notamment les jeunes diplômés, procèdent à un changement de l’activité initialement prescrite et le staff sera dans l’obligation de tout revoir l’étude du projet, en un mot il faut reprendre l’étude du projet tout depuis le début. Cette situation, freine les procédures et retarde le traitement d’autres dossiers. Les jeunes ne se plaignent pas uniquement de la lenteur des procédures mais remettent en cause les banques. Selon eux il faut attendre des mois pour pouvoir toucher le premier chèque quand la suite est favorable. Mais toutes les déficiences ne peuvent pas être prêtées aux officiels. Certains jeunes ayant bénéficié d’un cheque bancaire dépensent tous sans même investir dans le projet prescrit. Du côté de la Cnac, on enregistre un enthousiasme remarquable, en particulier dans le domaine agricole, avait indiqué le directeur de cet office, en informant sur les nouvelles facilités. En 2011 ce sont 370 sur 1000 dossiers déposés, qui ont été validés et financés par la Banque de l’agriculture et du développement rural (Badr). Ce qui a permis, à ne pas en douter, la création de nombreux postes, à la grande satisfaction des jeunes vivant dans les zones rurales. La Cnac a pris sous son aile 1500 projets depuis sa création en 2004 avec la création de 4000 postes de travail. Les efforts fournis par l’Etat n’ont, cependant pas concouru au développement d’une bonne culture de l’emploi du fait que l’informel demeure la solution miracle pour les chômeurs. Constantine a vu son réseau du commerce informel s’amplifier après plus d’une dizaine d’années.
Jeunes marginalisés
Rues, ruelles et trottoirs des cités sont devenus la propriété du commerce informel. Même avec le nouveau dispositif de l’Etat pour combattre ce phénomène, certaines zones de la wilaya sont encore occupées.
Les pouvoir publics locaux sont appelés à battre toutes les cartes pour venir à bout de cette situation. Pour ce faire les autorités locales procèdent à la réglementation de la situation des commerçants par les livraisons de locaux commerciaux. Mais est-ce que cela va-t-il résoudre le problème du chômage? Nullement, pense un étudiant en troisième année de droit: «Tant que Constantine ne bénéficie pas d’investissements dans le secteur de l’industrie, on comptera encore des chômeurs, je sais que moi, je vais y passer comme tout le monde, j’ai 22 ans et avec un peu de chance je pourrai trouver du travail d’ici 7 ans, soit quand j’aurai 29 où 30 ans», rétorque-t-il ironiquement! Pour un jeune de 25 ans, ingénieur, du travail il y en a dans son domaine, mais souvent on exige une expérience de cinq ans et plus. «Il faut bien que je commence un jour, la marginalisation des jeunes diplômés a fait que le taux du chômage augmente, quand ce n’est pas l’expérience qui est exigée, c’est l’âge, sinon il faut être fils de chahid ou moudjahid. Je ne sais pas comment émerge cette société! Je n’ai pas été importé quand même, je suis Algérien! Vous savez, quand ce n’est pas tout ça, certains sont bloqués à cause de la carte jaune. Je vous confie une chose? Je pense que je vais prendre le large»! Le cas d’un autre diplômé est encore pire. A 31 ans, il n’a jamais encore travaillé. Il a passé une centaine de concours, mais en vain. «L’oisiveté m’a donné de mauvaises habitudes. Ne supportant plus de rester à la maison à regarder ma mère faire le ménage et préparer à manger, je sortais errer dans les rues pendant des heures d’affilée. J’ai commencé à fumer, moi qui n’avais jamais pris une cigarette durant mon cursus et la cigarette est devenue une autre habitude.» Ce jeune ne souhaitait plus en dire plus. Tous ceux dans son cas, que nous avons abordés avaient pratiquement les mêmes réponses!