CONSTANTINE – La fête de la distillation de l’eau de rose et de fleur d’oranger, une tradition intemporelle à Constantine, a été lancée mardi depuis le palais de la Culture Mohamed Laid Al Khalifa dans une ambiance des plus festives.
Marquant la reviviscence de la nature dans l’antique Cirta, la fête a donné lieu à une exposition des équipements utilisés traditionnellement pour la distillation, où le suave parfum de plusieurs variétés de pâtisseries aromatisées à l’eau de fleur d’oranger ou à l’eau de rose a suscité un vif intérêt de nombreux visiteurs, ravis de renouer avec une fête, désormais tradition dans la cité.
Organisée par la Direction locale de la culture, en coordination avec l’association El Baha des arts et des cultures populaires, à l’occasion du mois du patrimoine de la ville du Vieux Rocher, l’exposition, constituée de nombreux stands, met en valeur les différents ingrédients et autres équipements de distillation.
Elle réunit jusqu’au 3 mai prochain, des artisans spécialisés de Constantine, mais aussi de Tunisie, où l’eau de rose et l’eau de fleurs d’oranger sont tout aussi appréciées.
Selon le directeur local de la culture, Zitouni Laribi, la fête de la distillation de l’eau de rose et de la fleur d’oranger s’inscrit dans le cadre de la célébration et la préservation d’un patrimoine immatériel de Constantine, soulignant que pour cette année, la distillation concernera également d’autres plantes aromatiques, « pour encourager les artisans à entretenir et préserver ce domaine ».
Mettant en avant l’apport de ce savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération, le même responsable a souligné que cette année la distillation d’eau de fleurs d’oranger et de rose est « en live » devant le public.
Rituel incontournable dans les traditions populaires constantinoises, la distillation d’eau de fleurs d’oranger et de rose marquant l’arrivée de la saison du printemps à l’antique Cirta, demeure jalousement sauvegardée et soigneusement pratiquée par les familles constantinoises.
Pratique ancestrale, les artisans de la distillation de l’eau de fleurs d’oranger et de rose utilisent un qettar (alambic) composé d’une partie inférieure que l’on appelle « tandjra » (un grand récipient en cuivre) dans laquelle est mise une kouba (boule) de roses, et d’une partie supérieure nommé « Keskas » (sorte de passoire à cuisson), généralement en tôle, remplie d’une eau portée à ébullition, a-t-on noté.
En s’élevant, la vapeur dégagée s’imprègne au passage des principes odorants des roses et les entraîne dans un serpentin où un système de réfrigération permet sa condensation, puis l’essence de l’eau de rose, « rass el qettar », est récupérée dans une meguelfa (une sorte de fiasque recouverte en paille).
La fête de la distillation c’est aussi l’occasion de revisiter l’art culinaire de la cité bimillénaire, l’eau de fleurs d’oranger et de rose est très présente dans sa gastronomie locale.
Au hall du palais Mohamed Laid Al Khalifa, les petits délices parfumés au « ma ouard » (eau de rose), M’chelouech, de Shbah Essafra, de R’fiss, de Taminet el louz, et T’charek, notamment sont proposés aux visiteurs reflétant les multiples saveurs de la ville.