Transformée en véritable chantier grouillant en prévision de l’évènement « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », la ville du Vieux Rocher aura, dès samedi, son huitième pont, le viaduc transrhumel, que le premier ministre, Abdelmalek Sellal, inaugurera à l’occasion d’une visite de travail.
Cette huitième merveille effilée, aux lignes futuristes, fait figure de « star » au milieu de la multitude de projets structurants dont a bénéficié la wilaya de Constantine, ces dernières années. La cité d’Abdelhamid Benbadis, que l’on surnomme « ville des ponts » en raison des 7 ouvrages qui relient déjà, depuis des dizaines d’années, les berges de l’oued Rhumel, a toujours su braver l’imposant rocher abrupt sur lequel elle est bâtie.
Le transrhumel est le plus grand de ces ouvrages d’art et sans doute le plus beau. Ce n’est pas peu dire lorsqu’on sait que les cartes postales dédiées à Constantine ont de tout temps fait la part belle au pont suspendu de Sidi-M’cid et au pont de pierre de Sidi-Rached surplombant majestueusement le mausolée dédié au saint patron de la ville.
Il y’à quelques années, lorsque l’idée de construire un 8ème pont à Constantine avait commencé à germer, beaucoup de constantinois ont fait la moue. Un viaduc capable de faire la jonction sur une distance de plus de 1.100 m, entre la place de l’ONU, au coeur de la cité, et le plateau du Mansourah, après avoir enjambé le lit du Rhumel qui se trouve plus de 130 plus bas ? Beaucoup s’étaient montrés perplexes.
Il ne s’agissait pourtant ni d’une fiction ni d’une vue de l’esprit. Le pont géant est là et bouleverse déjà le paysage offert par la ville de Constantine qui cherche, vaille que vaille, à recouvrer son statut de capitale de l’Est algérien et, surtout, à donner au monde entier une image valorisante de l’Algérie lors de la manifestation culturelle grandiose attendue l’année prochaine.
Conçu et réalisé par une firme spécialisée brésilienne, le viaduc transrhumel desservira, à terme, grâce à un réseau de routes en construction dans le sillage de l’ouvrage, toute la partie est de la ville dont le quartier Sakiet Sidi-Youcef et ses prolongements vers les cités Djebel Ouahch, Ziadia, Daksi et Oued El Had.
Le pont sera également relié à l’autoroute Est-ouest ce qui permettra aux automobilistes constantinois de rallier la capitale en moins de 240 minutes.
D’une largeur de plus de 27 mètres, cette infrastructure de base, baptisée « pont de l’Indépendance », témoigne du degré de développement atteint par l’Algérie, un peu plus de 50 ans après le recouvrement de sa souveraineté.
Appartenant à la catégorie des ponts à haubans, le viaduc est présenté par ses concepteurs comme un ouvrage « transparent » — ce qui ne signifie pas qu’il sera invisible, il s’en faudrait de beaucoup — mais qui veut simplement dire que le transrhumel n’aura aucune incidence négative sur le panorama de la cité.
En effet, les deux pylônes porteurs, appelés aussi mâts, d’une hauteur de 40 m depuis la chaussée, sur lesquels seront fixés les haubans (câbles en acier destinés à soutenir le tablier et à répartir les efforts), sont fuselés au maximum et n’altèrent en rien les repères de la ville.
Dire que cet ouvrage, dont les constantinois ne sont pas peu fiers malgré quelques réticences initiales, n’est que l’un des aspects de l’immense effort de développement de la wilaya de Constantine. Le coût de réalisation du viaduc ne représente, en fait, qu’une infime partie des investissements colossaux consentis pour redonner son lustre à la ville du savoir.