Les antennes administratives de l’état civil de l’APC de Constantine sont débordées en ces jours de rentrées sociale, scolaire et universitaire. Le secteur urbain de Sidi Rached au centre-ville est bien évidemment le plus « courtisé » par les citoyens. Chaque jour en moyenne, ce sont près de 5 000 personnes qui défilent devant les guichets, avons-nous appris auprès d’un cadre de l’administration.
La pénurie de documents administratifs est signalée un peu partout, surtout les extraits de naissance du registre, un quota limité étant fixé pour chaque antenne administrative, selon sa situation géographique.
La nouvelle APC a remis de l’ordre dans l’état civil, à commencer par la disponibilité des documents officiels. Le chef d’un secteur urbain de la banlieue de Constantine nous a affirmé que le plus difficile était d’inciter le personnel à travailler correctement et à cesser toute manœuvre qui conduirait à la pénurie. « Pour être franc avec vous, nous avons découvert, pour une raison qu’on ignore, que certains travailleurs dissimulaient chaque jour une partie des imprimés.
C’est ce qui explique en partie la pénurie. Nous avons difficilement réussi à mettre fin à ces agissements ». Mais même avec une telle stratégie, la charge de ces dernières semaines sur les secteurs urbains fait qu’il est impossible de satisfaire tout le monde, ce qui a poussé les responsables à trouver certaines astuces comme nous l’explique Abdelkrim Lounis, chef de l’un des secteurs urbains les plus sensibles de Constantine, Sidi Mabrouk. « Chaque jour, nous attribuons 2 000 à 2 500 extraits de naissance n°12, sans parler des fiches familiales et des certificats de résidences. Les guichets de légalisation des documents reçoivent, quant à eux, près de 7 000 citoyens par jour.
Nous enregistrons, certes, une pénurie d’imprimés mais elle n’est pas si grave. Nous avons su comment surmonter le problème en travaillant étroitement avec les autres secteurs urbains en temps de pénurie.
Et afin de garantir la disponibilité des travailleurs, nous avons interdit les congés durant ce mois de septembre », nous a-t-il déclaré. D’autres secteurs urbains, en raison de cette contrainte, ont dû revoir leur planning pour la délivrance des documents. En effet, la demande d’un extrait de naissance se fait uniquement le matin, tandis que pour le retrait, il faut revenir l’après-midi. Pourtant, cette réorganisation n’est pas du goût de tous les citoyens pressés de retirer leurs documents.
Des incidents sont quotidiennement signalés entre citoyens et agents de l’administration. Le plus souvent, ces derniers sont victimes d’agressions verbales ou même physiques sous prétexte de laxisme ou passe-droits. Le secteur urbain le plus touché reste celui de Sidi Rached.
Une employée d’un guichet chargée de délivrer des extraits de naissance a bien voulu nous raconter son calvaire : « C’est un stress permanent que de supporter l’humeur de centaines de citoyens quotidiennement. Très souvent, les gens oublient qu’ils sont dans une administration et qu’ils ont en face d’eux des employés. Ils se croient tout permis et nous donnent des ordres.
Quand nous n’arrivons pas à satisfaire une demande, certains nous insultent. Nous nous y sommes habitués et nous faisons tout pour éviter les problèmes. Des collègues sont sujets à des dépressions, d’autres ont demandé leur transfert ou ont carrément démissionné. Pour ma part, j’ai eu, en une semaine, plus de quatre disputes violentes. Nos agents de sécurité, qui sont dépassés, interviennent uniquement pour calmer les esprits, c’est très rare qu’ils fassent appel à la police, même dans les cas extrêmes. »
Kaïs Benachour