La manifestation de « Constantine capitale de la culture arabe » sent l’odeur de la mauvaise soupe. Il y a trois jours, Louisa Hanoune, appelait à une gestion rigoureuse des finances. Vendredi, c’est le responsable de la communication, Mohamed Kamel Belkacem, qui a annoncé sa démission. Il emboite ainsi le pas à la dame qui l’a précédée à ce poste qui avait démissionné avec fracas. Et aujourd’hui, c’est au RCD de monter, à son tour au créneau pour dénoncer l’opacité qui entoure la gouvernance de cette manifestation.
« Pour tous les observateurs de la scène nationale, les péripéties de l’organisation de l’événement + Constantine, capitale de la culture arabe + symbolise les errements de la gouvernance algérienne » écrit le RCD dans un communiqué. « De l’argent partout avec sa cohorte de prédateurs, les mêmes, dépêchés par Alger et le vieux culte de l’unicité au détriment de la diversité culturelle dont Constantine, la millénaire, est un témoin vivant » dénonce le parti de Mohcin Bélabés.
Pour lui, « le résultat est sans appel : l’opacité dans la gestion des ressources financières avec les détournements qui s’ensuivent, empêchant toute maîtrise dans la mise à niveau infrastructurelle, les énormes retards enregistrés sur la quasi-totalité des chantiers ouverts à cette occasion ». Revenant sur les travaux exécutés à la hâte et en dernière minute pour que la ville soit au rendez-vous, le RCD relève que « la précipitation dans l’exécution des travaux signe une opération de maquillage de dernière minute. Des artères et places principales sont grossièrement fardées, défigurant les quartiers de la ville, ses rues annexes et ses faubourgs. Résultat : les repères historiques et culturels de la cité, déjà malmenés, sont voilés, brouillés et pour certains à jamais ».
Revenant sur le fond de cette manifestation, le RCD dénonce son caractère exclusive en faveur de la culture arabe. « Constantine est un carrefour multiculturel qui ne se limite pas à la culture arabe. C’est une ville qui a tous les atouts de l’universalité, ville de diversité culturelle eu égards aux différentes civilisations desquelles la ville et sa région tirent son patrimoine… Amazighs, Phéniciens, Romains, Arabes, Ottomans, Européens. Constantine montre le chemin d’un monde d’échange et de dialogue », lit-on à ce propos dans le communiqué.

Dans la même veine, le parti de Mohcin Bélabés dénonce « le mythe d’une culture univoque qui nivellerait les collectivités de l’océan Atlantique au Yémen est abandonné par nombre de pouvoirs, à commencer par nos voisins, devant les évidences qui s’imposent à tous ». Sur l’opportunité de l’organisation de la manifestation elle-même dans un contexte géopolitique des plus instables, le parti de Mohcin Bélabas trouve matière à critiquer.
« Sur un autre plan, on ne peut passer sous silence qu’au moment où la majorité des pays conviés sont confrontés à des Etats faillis et sont empêtrés dans les guerres civiles ou religieuses et en proie au morcellement, l’Algérie accueille cet événement, comme si ces nations vivaient dans la liberté, la stabilité et l’opulence. Parler de théâtre, chanson, cinéma, art et patrimoine à des peuples confrontés à leur survie relève au minimum de la légèreté au pire de l’irresponsabilité ».
Et de placer une pique dans le dos du pouvoir en considérant que ce dernier « ne dérogera pas au populisme », à savoir « saisir l’occasion pour faire du folklore en engloutissant des sommes faramineuses dans des festivals et événements circonstanciels et démagogiques ». Selon le RCD, l’Algérie a mieux à faire en ce moment. Précisément « recouvrer la voie du progrès et de la justice. Cette perspective passe par le respect de la liberté d’expression et d’organisation, matrice de la création indépendante sans laquelle il ne peut y avoir de culture »