La campagne «Consommons algérien» débutera demain sur l’ensemble du territoire national. Elle tentera de convaincre le consommateur algérien à privilégier le produit fabriqué localement. Un objectif qui s’annonce presque utopique devant une production peu compétitive et une disponibilité qui laisse à désirer. L’initiative séduit tout de même certains opérateurs économiques qui se frottent les mains à la faveur de ce slogan pour booster la vente de leurs produits.
Une campagne de sensibilisation nationale sera ainsi lancée à partir de demain et durera une semaine. Des représentants d’organisations patronales, des syndicats ainsi que des cadres du secteur ont été tous conviés à préparer cette campagne, qui tentera de convaincre le consommateur algérien de l’utilité d’orienter ses choix vers le produit algérien.
Des communications et des conférences seront dans ce cadre, organisées à travers tout le territoire national pour vulgariser un slogan à l’esprit patriotique. Mais l’initiative irrite plus d’un devant une économie nationale basée à 90% sur les hydrocarbures. Certains se sont même révoltés devant ce slogan, qui nous invite à consommer localement, alors que la disponibilité et la qualité du produit peinent à suivre. Qu’on sait que la viande bovine est importée d’Inde et que l’oignon nous arrive tout droit des Emirats arabes unis, l’urgence serait plutôt de diversifier notre économie et de reporter les projets non prioritaires pour se consacrer au développement de notre agriculture, plaident les experts.
Un tableau morose qui ne semble pourtant pas iniquité les initiateurs de ce slogan, qui a séduit certaines organisations à l’image de la Fondation « Filaha innove », qui est à l’origine d’une conférence sur la valorisation du produit agricole dans la wilaya de Tlemcen. Les participants ont néanmoins affirmé à cette occasion que la concrétisation du slogan « consommons algérien » exige impérativement l’augmentation, la diversification et la promotion de la production agricole.
Mais cela reste possible, assure pour sa part le président du conseil professionnel du lait, Mahmoud Benchekor, qui a mis l’accent sur les possibilités de l’Algérie à réaliser cet objectif. Il assure à cet effet que ces moyens sont inexploités «ce qui nous pousse à l’importation pour combler toute pénurie». En matière de lait et de ses dérivés, la production nationale a atteint 3,5 milliards de litres de lait par an pour satisfaire 78% des besoins nationaux estimés à 5 milliards de litres. La différence est donc importée de l’étranger, a signalé M. Benchekor, ajoutant que ce déficit peut être comblé par l’intensification de la culture fourragère dont le maïs.
La compagne a, aussi, séduit du côté de Tizi Ouzou où une quarantaine d’exposants devraient prendront part, lundi prochain, à une exposition des produits agricoles, agroalimentaires, industriels et artisanaux fabriqués localement. Ces journées de sensibilisation seront une occasion pour les participants de mettre en avant les produits fabriqués des opérateurs économiques des secteurs public et privé. Affirmant que les produits algériens sont « compétitifs et de bonne qualité », le directeur du commerce de la wilaya a donné l’exemple d’un producteur de détergents exerçant à Tizi-Ouzou, qui exporte « depuis la semaine passée, ses produits vers un pays africain ». La direction régionale du commerce d’Oran s’est, elle aussi, mise de la partie et organisera du 26 avril au 3 mai prochains, une semaine d’information portant sur ce même thème. Plusieurs conférences-débats, tables rondes seront animées par des experts, universitaires et cadres du secteur du commerce durant cette semaine d’information, abordant, entre autres, le rôle des pouvoirs publics dans la valorisation des produits de terroir.
Assia Boucetta