Consommation de l’héroïne en Algérie Un traitement de substitution pour les toxicomanes en cours d’introduction

Consommation de l’héroïne en Algérie Un traitement de substitution pour les toxicomanes en cours d’introduction

La consommation de l’héroïne en Algérie est récente mais s’amplifie à vue d’œil, selon l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT).

« Le nombre de drogués à l’héroïne qui se soignent dans les centres spécialisés et le volume de cette drogue saisie à nos frontières sont des indices sur l’ampleur de ce fléau. L’Algérie n’est plus un pays de transit de l’héroïne », relève la chargée de la prévention et de la communication de l’ONLCDT, Ghania Kaddache, lors d’un séminaire euro-méditerranéen sur le traitement de substitution aux opiacés (TSO). Face à cette réalité, l’Office compte passer à la phase prévention et traitement. « Il faut anticiper pour réduire les risques », a-t-elle estimé. Justement ce séminaire est destiné, d’après le directeur général de la prévention et de la promotion de la santé, le professeur Smaïl Mesbah, à la mise en place des modalités de ce traitement.

« Les consommateurs d’héroïne sont considérés par les pouvoirs publics comme étant des personnes malades, et par conséquent, ont droit aux soins les plus complets. D’où la décision de l’Etat d’introduire un traitement de substitution aux opiacés.

Ce principe est retenu par les pouvoirs publics, et nous nous penchons sur les modalités de sa mise en œuvre », explique-t-il. Il a indiqué, à ce propos, que la stratégie nationale d’introduction de substitution aux opiacés sera arrêtée au cours de cette année, et ce, avec le concours d’experts étrangers, européens surtout, présents à ce séminaire.

« La consommation d’héroïne est très importante en Europe. Ce traitement a été introduit pour soulager les toxicomanes de la dépendance. Mais aussi pour réduire les risques de transmission du virus du sida via les seringues contaminées. Les substitutions ne sont pas des drogues mais des médicaments que le toxicomane peut prendre à vie. Cela dépend des cas », explique la représentante du groupe Pompidou, Florence Mabileau. Ce groupe, qui co-organise ce séminaire, est spécialisé dans la lutte contre l’abus et le trafic illicite de stupéfiants. Le directeur général de la pharmacie et des équipements de la santé, Farid Farihat, a indiqué que les deux médicaments utilisés dans le traitement TSO, la méthadone et la buprenorphine, sont en cours d’enregistrement. « Nous avons lancé un appel d’offres et notre choix s’est porté sur un laboratoire qui procédera à l’enregistrement de ces médicaments ces jours-ci. Les médicaments seront réglementés, sécurisés et feront l’objet d’une étroite surveillance », affirme-t-il.

Des experts algériens ont effectué des visites d’études dans plusieurs pays, selon Mme Kaddache, pour la mise en œuvre d’une première phase pilote sur ce type de traitement, et qui soit adapté au contexte algérien. « Nous sommes dans le cadre organisation, réglementation et suivi de ce traitement », souligne le professeur Mesbah.

La représentante de l’ONLCDT a indiqué, par ailleurs, que des personnes souffrant d’addiction aux opiacés (372 hospitalisés au centre de traitement de Blida entre 2012 et 2013) partent se soigner à l’étranger. « Mais ce ne sont pas tous les malades qui peuvent se le permettre. D’où tout l’intérêt d’introduire le traitement TSO en Algérie », signale-t-elle.