Si la commercialisation de la drogue est de plus en plus courante, sa consommation est banalisée.
«Cela fait trois ans que je consomme du cannabis. Chaque jour je dépense entre 1200 à 1800 DA, pour une consommation quotidienne de 20 cigarettes par jour. Je ne peux plus m’en passer et je ne sais pas comment faire…», a confié Yacine, un jeune de 24 ans, boucher de son état, et qui cherche une issue pour décrocher. C’est l’appel discret, de tout accro à la consommation de drogue, quel que soit son âge, son statut et sa motivation quant à la consommation de poison mortel.
Ainsi, conscients des retombées à long terme de cet usage de la drogue, ces jeunes manifestent une volonté de vouloir se débarrasser de cette demande quotidienne de drogue. Comme c’est le cas de Yacine, qui dit regretter d’avoir touché à ce poison, qui lui coûte non seulement cher, mais surtout va lui coûter la vie. «Depuis quelques temps, je sens des étourdissements, des grincements dans la tête mais surtout des picotements dans tout mon corps. Je sais que ce sont les effets de la drogue, autant j’ai essayé de décrocher, autant mon mal s’accentue», a avoué notre interlocuteur. Billel, 28 ans, a accepté de parler de sa pénible situation dont il a honte, notamment à cause de son âge et de son statut social: «J’ai vraiment honte d’en parler, tout ce que je peux dire, est que ma souffrance est immense», devait confier Billel, chez qui, le désir de vouloir décrocher de cette consommation destructive est vraiment sincère. Ils sont des centaines de cas comme ceux de Yacine et Billel, qui conscients de leur sombre devenir, demandent de l’aide avant qu’il ne soit trop tard. Malheureusement, ce courage de solliciter de l’aide, n’est pas la vertu de tous.
Aussi, il est du devoir de tout un chacun d’être un bon auditeur de cet appel discret, voire timide de ces jeunes gens, meurtris jusqu’au bout, par l’usage des produits narcotiques, kif, cocaïne, héroïne et comprimés hallucinogènes.
Dans ce cadre, l’association de wilaya de lutte contre la drogue, a toujours axé ses activités sur le travail préventif de proximité, en direction surtout, des jeunes qu’elle rencontre dans les cybercafés, les établissements scolaires, les centres de formation et les infrastructures de jeunesse et de loisirs. Ce travail colossal a permis de sauver plusieurs jeunes de différents milieux sociaux.
Les statistique de l’année écoulée font état de pas moins de 160 jeunes toxicomanes, dont l’âge varie entre 17 et 35 ans à avoir bénéficié depuis janvier 2012 d’une cure de désintoxication dans la wilaya de Annaba, contre 50 en 2010 et seulement 10 en 2009. Si la commercialisation de la drogue sous toutes ses formes, est de plus en plus courante dans la wilaya de Annaba, sa consommation est banalisée au sein des jeunes et moins jeunes. Et c’est ce dernier phénomène qui est encore plus grave.