Son élimination annoncée il y a près d’un mois a été confirmée hier par les autorités françaises. Il s’agit de Abdelhamid Abou Zeïd, un des principaux chefs terroristes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). L’annonce officielle de sa mise hors état de nuire a été faite par la présidence française.
Le communiqué rendu public à cet effet, ne souffre aucune ambigüité. Il précise que «le président de la République confirme de manière certaine la mort d’Abdelhamid Abou Zeïd, survenue lors des combats menés par l’armée française dans l’Adrar des Ifoghas, au nord du Mali, à la fin du mois de février». La même source ajoute que «cette disparition de l’un des principaux chefs d’Aqmi marque une étape importante dans la lutte contre le terrorisme au Sahel». Dans la matinée de ce même jour, soit samedi 23 mars, le journal Le Monde avait déjà donné l’information sur son site Web. Ce dernier cite une source officielle française, qui confirme la mort d’Abou Zeid par des tests ADN. «C’est d’Algérie qu’est venue, il y a quatre jours, la confirmation de l’identité du cadavre des Ifoghas, sur lequel les soldats français avaient effectué des prélèvements organiques. Alger disposait de fragments d’ADN familiaux qui ont permis, à la demande de Paris, par recoupements, d’identifier formellement l’homme », a ajouté le journal Le Monde.
Interpol le cherchait sous l’identité d’Abid Hamadou
La «mort certaine» de l’émir de katibat (phalange) Tarek Ibn Ziyad constitue un coup dur à la mouvance terroriste dans la région du Sahel. Avec son acolyte, Mokhtar Belaouar dit le «borgne » et émir de la Katibat «Moulathamoune», l’émir Abou Zeïd avait semé la terreur dans cette région.
Né il y a 46 ans à Debdeb, à la frontière algéro-libyenne, Abou Zeïd a longtemps brouillé les pistes sur sa véritable identité. Il était recherché par Interpol sous le nom d’Abid Hamadou, alors que son vrai nom est Mohamed Ghedir. Cette identité a été confirmée en janvier 2012, lors d’un procès à Alger où il était jugé par contumace, pour appartenance à un «groupe terroriste international» impliqué dans l’enlèvement de touristes étrangers en 2003 dans le sud de l’Algérie. Ancien militant du FIS dissous, Abou Zeïd a basculé selon plusieurs témoignages dans l’action armée en 1991, soit lors de l’attaque contre la caserne de Guemar à Oued Souf au sud-est du pays. Son apparition publique a eu lieu en 2003, lors du spectaculaire enlèvement de 32 touristes européens par ce qui était encore le groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le grand-sud algérien.
Abou Zeïd apparaît pour la première fois, en tant qu’adjoint du chef des ravisseurs, Abderazak le Para. En 2006, quand une brouille éclate entre Mokhtar Belmokhtar, l’un des principaux chefs du GSPC au Sahara et le chef suprême de l’organisation, Abdelmalek Droukdel, Abou Zeïd s’aligne sur la direction du mouvement. En juin 2009, le groupe d’Abou Zeïd kidnappe le touriste anglais Edwin Dyer. C’est lui en personne, persuadé que Londres se tiendrait à sa ligne consistant à ne pas négocier, qui aurait égorgé l’otage. Depuis, il est devenu un chef terroriste très influent dans le Sahara où il a étendu de manière spectaculaire son terrain d’action, avec une grande mobilité, de l’avis de nombreux spécialistes du terrorisme au Sahel.
A. B.