Hier, les travailleurs de la Grande Poste d’Alger ont observé un ultime rassemblement et les guichets étaient désertés. Sur la porte, ouverte, un écriteau indiquait, noir sur blanc, que «la poste est en grève».
Ce mois-ci encore, les fonctionnaires ne pourront pas retirer leurs paies. La grève des postiers risque de perdurer encore davantage et le ministère de tutelle ne trouve pas d’arguments valables, en mesure de convaincre les employés à surseoir à leur mouvement de protestation. Hier, les travailleurs de la Grande Poste d’Alger ont observé un ultime rassemblement et les guichets étaient désertés. Sur la porte, ouverte, un écriteau indiquait, noir sur blanc, que «la poste est en grève» ! Des centaines de clients ont dû rebrousser chemin. Certains avaient manifesté leur colère, d’autres leur résignation face à cette paralysie quasi générale, d’autant que même le service minimum n’a pas été assuré. L’on craint que la situation dégénère dans les prochains jours. En fait, durant le dernier mouvement de grève des employés d’Algérie Poste, il y a plus d’un mois, des altercations, sit-in et des cas de routes bloquées ont été enregistrés à travers plusieurs wilayas par des citoyens agacés de ne pouvoir retirer leurs salaires. Tout compte fait, on s’achemine, à nouveau, droit vers le pourrissement. Cette grève, faut-il le signaler, a été enclenchée spontanément. Le directeur général d’Algérie Poste, Omar Zerarga, a déclaré, avant-hier, qu’il n’était pas possible de négocier avec «des grévistes spontanés» et que le seul vis-à-vis existant à présent était la Fédération UGTA. Cette organisation syndicale n’inspire pour autant pas confiance aux employés qui ont préféré agir en dehors de toute représentativité. Actuellement, les négociations se poursuivent entre la direction générale et la Fédération, en vue de faire des propositions au ministère de tutelle, avant le 24 juin prochain. Et, il est à craindre que les travailleurs ne se décident à reprendre le service qu’à partir de cette date. Cela puisqu’ils conditionnent toute reprise par un engagement écrit du ministère de la Poste et des TIC quant à la satisfaction de leurs revendications salariales. Une méfiance renseignant sur le climat délétère qui règne au sein de cette entreprise. En conséquence, ce sont les usagers de la poste, notamment les fonctionnaires et les retraités, qui auront à payer les frais de ce bras de fer. Ainsi, après plusieurs mois de crise de liquidités et une première grève ayant duré plusieurs jours, les citoyens se trouvent à nouveau privés de leurs salaires. Toutefois, les couacs ne se limitent pas uniquement à cet aspect. L’autre mesure prise par les autorités publiques pour faire face au manque de liquidités, à savoir l’émission d’un billet de 2 000 DA, est à son tour entachée de défaillance. En fait, la nouvelle coupure n’est pas reconnue par les compteuses de billets et les distributeurs automatiques (DAB). Ce qui explique la mise en circulation plutôt timide, du billet de 2 000 DA et la persistance du manque d’argent dans plusieurs bureaux de poste, notamment à l’intérieur du pays. Tout compte fait, les autorités publiques continuent à patauger dans le bourbier d’un établissement financier fort de plus de 12 millions de comptes CCP. Algérie Poste, malgré les promesses de modernisation, ne cesse de réserver de mauvaises surprises à ses millions de clients et peine à améliorer ses prestations de services.
Par Aomar Fekrache