Conséquence du mouvement populaire : FLN et le RND en proie à des crises internes

Conséquence du mouvement populaire : FLN et le RND en proie à des crises internes

NADIA BELLIL

Les contestations populaires ont eu raison de la sérénité régnant jusque-là au sein des partis de la majorité. En effet, aussi bien le Rassemblement national démocratique (RND) que le Front de libération nationale (FLN) se sont retrouvés à gérer brutalement des dissensions à l’intérieur même de leurs partis suite au mouvement populaire de la rue qui prend de l’ampleur. Et le FLN est au premier plan de ces dissensions.

Chaque jour pratiquement différentes factions du parti se réunissent pour exprimer des positions aux antipodes de leur direction. C’était le cas, hier, à Lakhdaria, wilaya de Bouira, où des mouhafeds se sont réunis pour exiger la tenue d’une session du Comité central tout en déclarant leur soutien au mouvement de contestation populaire. Avant-hier, à l’occasion d’une rencontre de l’instance dirigeante avec les militants des kasmas d’Alger, les choses ont tourné au vinaigre. En effet, Mouad Bouchareb, le coordinateur de cette instance, qui avait évoqué la lettre du président de la République dans laquelle il parlait d’une transition et d’une conférence nationale, s’est retrouvé confronté à une fronde des responsables de kasma qui ont contredit son propos tout en rejetant les propositions du Président.

S’en est suivi un dialogue de sourds au cours duquel Bouchareb insistait sur la démarche présidentielle de sortie de crise alors que les responsables de kasma plaidaient la cause du mouvement de contestation. Pire, la direction du parti, qui a désigné parmi l’instance dirigeante ses représentants devant animer des assemblées générales à travers l’ensemble des wilayas, s’est vite rétractée. L’ensemble des membres de l’instance dirigeante, qui se sont déplacés à l’intérieur du pays, ont été refoulés par les militants de la base, boostés par le mouvement de contestation du 22 février dernier. C’est ainsi que Djamel Bouras, Dilmi et Lamine Daoud, qui se sont rendus, hier, à M’sila se sont retrouvés face à des militants mécontents qui les attendaient de pied ferme et leur interdisant l’accès à la mouhafada, qu’ils ont cadenassée.

Même topo pour Abdelhamid Si Affif, lors d’une réunion qu’il voulait tenir à Oran, ainsi que pour Djiar à Khenchela, ou encore Ali Merabet à Tiaret. Aucun d’eux n’a, en effet, pu tenir une réunion avec la base militante. Côté, RND, c’est la grande crise. Plus discrets que le FLN, les militants du parti de Ouyahia sont, en effet, divisés : d’un côté, ceux qui soutiennent le mouvement de la rue, mais individuellement, et, de l’autre, ceux qui soutiennent encore la direction avec les appréhensions quant aux conséquences du mouvement de la rue sur l’avenir de leur parti. Le départ de leur patron de la tête du Premier ministère a compliqué les choses. Les cadres du RND, contactés par nos soins hier, ont exprimé de vives inquiétudes.

«Qu’est-ce qui va advenir maintenant du pays ? Est-ce que c’est le retour à la case départ ? Est-ce que c’est le retour aux années noires comme du temps du FIS ?», sont les questionnements de certains membres du bureau national du parti qui compte se réunir, aujourd’hui, selon nos interlocuteurs. L’autre groupe de militants du RND craint pour l’avenir du parti. «On a peur pour notre parti qui, au même titre que le FLN, n’est pas en odeur de sainteté auprès de la population.» Quoi qu’il en soit, les formations de la majorité sont grandement secouées par une vague de contestation inédite dont les conséquences sont imprévisibles pour l’heure.