Conséquence de l’interdiction de 800 produits à l’importation : L’instabilité réglementaire bloque la production nationale

Conséquence de l’interdiction de 800 produits à l’importation : L’instabilité réglementaire bloque la production nationale

Des opérateurs ne veulent pas investir dans de nouvelles lignes de production en raison d’un risque : la levée des mesures de suspension des produits à l’importation.

L’interdiction de 800 produits à l’importation continue de faire des vagues. Bien qu’elle ouvre des opportunités pour la fabrication sur place des produits suspendus à l’importation, plusieurs opérateurs ont déjà investi dans des usines destinées à la substitution aux importations, d’autres producteurs, jugeant le cadre réglementaire en matière de commerce instable, ne veulent pas prendre de risques.

En d’autres termes, les changements récurrents dans les règles du commerce extérieur en Algérie ces deux dernières années, sont dissuasifs. “Qui peut assurer qu’il n’y aura pas prochainement de levée de l’interdiction frappant ces produits à l’importation ?”, lance un producteur de chocolat. “Nous avons une ligne de production. Nous n’envisageons pas d’investir dans d’autres lignes de production pour accroître notre production à cause de ce risque.

Il faut savoir que la production nationale de chocolat ne couvre que 5% des besoins. Le chocolat produit localement de manière générale est fait à partir de végécao (graisse végétale) et non à partir de beurre de cacao, d’où les prix abordables actuellement sur le marché.

L’autre inconvénient pour cette industrie est cette difficulté à diversifier la gamme de chocolats produits localement en raison de l’interdiction à l’importation des fruits secs : noisettes, amandes, arachides, pistaches.

Concernant la confiserie également interdite à l’importation, les producteurs locaux n’arrivent pas à s’approvisionner en glucose qui figure sur la liste des 800 produits interdits à l’importation. Le glucose est une matière première nécessaire pour la confiserie. Le producteur local de glucose n’arrive pas à satisfaire tous les besoins”, selon un producteur. Cette situation oblige la filière confiserie locale à ralentir le rythme de production. Toutes ces difficultés invitent le gouvernement, d’une part, à rassurer ces producteurs en leur garantissant qu’il n’y aura pas de levée de la suspension de ces importations et, d’autre part, à retirer de la liste les intrants indispensables à l’appareil de production qui ne sont pas couverts ou insuffisamment couverts par la production nationale, si on veut rapidement augmenter l’offre en substitution aux importations.

Sur le plan de la stratégie en matière d’orientation de la production nationale, il est clair qu’“il n’est pas possible de produire sur place tous les produits importés. Il s’agit plutôt de choisir les filières où l’Algérie peut être compétitive, peut s’insérer dans la chaîne des valeurs internationales. Dans cette optique, il convient de produire non seulement pour le marché local, mais également pour l’exportation. La filière automobile nationale ne peut être rentable, par exemple, que dans le cadre de cette chaîne de valeurs internationales”, rappelle Mohamed Kessel, expert financier.

Prenons l’exemple d’un constructeur européen ou asiatique : l’usine implantée devrait être de grande taille et disposer d’un réseau de sous-traitance locale dont la production est destinée non seulement à assurer les besoins de cette grande usine, mais aussi à satisfaire les besoins des usines du  constructeur à travers le monde.

À noter que la mesure de suspension des 800 produits n’aura pas un impact important en termes de réduction des importations : 1,5 milliard de dollars seulement. Cette mesure administrative entraîne des perturbations sur le marché, la rareté des produits et, partant, encourage une augmentation sensible de produits de large consommation.

Le remède le plus adéquat est de réduire les importations en introduisant des barrières non tarifaires aux frontières, c’est-à-dire imposer des normes pour refouler les produits non conformes, contrefaits ou qui présentent un danger pour la santé et la sécurité du consommateur. Quant à la promotion de la production nationale, la solution reste la régulation : accorder des avantages fiscaux et parafiscaux aux producteurs, au détriment des importateurs versés dans la revente en l’état.

K. Remouche