L’Exécutif poursuit sa politique de rationalité, en ces temps de crise, au détriment de l’état de santé du patient algérien.
Si la réduction de 40%, en valeur, des importations des médicaments constitue une prouesse en ce sens qu’elle contribue à la baisse de la facture globale des achats en devises du pays, elle a, cependant, engendré une pénurie de plusieurs produits pharmaceutiques essentiels, sur le marché national. L’Exécutif poursuit ainsi la mise en œuvre de sa feuille de route, ayant pour fondement la rationalité qu’exige la crise financière mondiale, au détriment de l’état de santé du malade. Qu’il s’agisse de produits de confort, le problème ne se pose pas dans l’immédiat, mais que cela touche les médicaments dédiés aux maladies chroniques, c’est inadmissible ! Cette baisse de la facture s’avère une arme à double tranchant. Or, entre les deux options, le choix devrait être vite fait : privilégier le malade bien entendu. Une piste abandonnée, semble-t-il, par les pouvoirs publics.
Cette rupture constatée depuis le début de l’année en cours jusqu’au 31 mars dernier est, néanmoins, confirmée par le Syndicat national algérien des pharmaciens d’officines (Snapo). Son porte-parole, Menaâ Salaheddine, dénombre 97 DCI (dénomination commune internationale), soit 310 marques absentes sur le marché jusqu’à la fin du mois de mars écoulé. “Pourtant, ce sont des médicaments vitaux dont ont besoin en urgence les malades chroniques”, affirme, dépité ce pharmacien.
“Ce sont certainement ces produits pharmaceutiques qui ont fait baisser la facture des importations à 40%”, explique, avec un brin d’ironie, M. Menaâ.

À propos des statistiques avancées par les douanes, le porte-parole du Snapo déclare : “On ne joue pas avec la santé de l’Algérien en annonçant des chiffres relevant du domaine économique.” Parmi les médicaments introuvables depuis plus de deux mois, il cite l’exemple du “Sintrom 4 mg”, indispensable pour les malades cardiaques. Un manque en ce produit entraînerait, indique-t-on, la mort directe du patient. “Aldomet 250 mg” est, selon lui, également absent dans les officines. Les femmes enceintes hypertendues n’arrivent plus à se procurer cet antihypertenseur (ou hypotenseur) fabriqué en principe localement, précise M. Menaâ. Le dirigeant du Snapo qualifie cette problématique récurrente de déficience en médicaments, de véritable “maladie chronique”.
Car, explique-t-il, une fois une carence d’un produit est dénoncée publiquement, on décide immédiatement de rectifier le tir et de le mettre sur le marché en quantités suffisantes tout en y faisant disparaître un autre médicament. Ce qui crée une réelle instabilité du marché et un dysfonctionnement de ses mécanismes. D’où la nécessité d’une régulation du marché. Une telle mission échoit inévitablement à l’Agence nationale du médicament qui n’arrive plus à voir le jour depuis presqu’une décennie. Cette structure attend à ce jour, argument mis en avant par les responsables concernés, la désignation de son directeur général.
Cet organisme s’avère impératif dans les opérations de régulation du marché dont les 80% des médicaments sont importés. Interrogé sur une éventuelle amélioration de la situation, M. Menaâ est catégorique : “Les ruptures sont un phénomène qui persistera encore davantage à l’avenir”, sans, toutefois, fournir de plus amples informations sur cette question. La facture des importations s’est, faut-il le rappeler, établie à 468,6 millions de dollars durant les quatre premiers mois de 2015, contre 774,54 millions de dollars à la même période de 2014, soit un recul de 39,5%. Ce recul qui n’a pu être possible qu’après la mise en application de la black-list de 200 nouveaux produits frappés d’interdiction d’importation.
B. K