Conséquence de la grève des médecins résidents : L’hôpital Mustapha-Pacha au ralenti

Conséquence de la grève des médecins résidents : L’hôpital Mustapha-Pacha au ralenti

Déjà qu’il a été considérablement affecté depuis l’entame du mouvement de débrayage des médecins résidents, le fonctionnement des divers services du CHU Mustapha-Pacha d’Alger l’est davantage avec la décision de ces grévistes de surseoir à leurs activités diurnes et surtout, celle de leurs collègues internes qui refusent d’assurer les missions qui étaient celles des résidents.

M. Kebci – Alger (Le Soir) – «Si nous nous limitions qu’à nos seules missions d’observation dans le cadre de notre formation de post-graduation, notre mouvement de grève, qui entame son cinquième mois, n’aurait aucun impact sur le fonctionnement des centres hospitalo-universitaires du pays», soutenait, hier mercredi, de prime abord, un jeune résident en troisième année gastro-entérologie au CHU Mustapha-Pacha.

Notre interlocuteur venait juste de rejoindre le piquet de grève observé quotidiennement au niveau du rond-point central de l’établissement hospitalier désormais baptisé place de la Révolte. Un endroit devenu, depuis quelques jours, le centre de gravité de la contestation des médecins résidents mais aussi depuis avant-hier, celui des internes en médecine qui ont, pour leur part, entamé un autre mouvement de contestation.

Il s’expliquera en relevant que le «médecin résident exerce pleinement les missions d’un médecin-chef ou celle d’un professeur alors qu’il est censé n’agir qu’en observation de ce qu’accomplissent ces deux praticiens». Et de poursuivre : «Souvent, pour ne pas dire tout le temps, nous exerçons seuls, de nuit notamment, sans assistance d’un médecin-chef ou d’un professeur. Il est temps d’en finir avec les missions qui ne sont pas celles du médecin résident, à savoir celles de brancardier, de résident coursier ou encore de résident accompagnateur. Que les missions de chacun des maillons soient clairement définies».

Un état de fait que le mouvement de grève des médecins-résidents a étalé au grand jour avec des CHU fonctionnant en service minimum, pour ne pas dire au ralenti. Surtout avec leur dernière résolution de cesser toute activité hospitalière de jour de 8h à 16h, comme ils l’assuraient, jusque-là, se limitant à n’assurer que les gardes ou encore la décision des internes de ne plus assurer les missions qui étaient celles des résidents. Ce que nous avons vérifié de près lors d’une tournée dans certains services parmi la quarantaine que compte le CHU Mustapha. Avec, il est vrai, un impact qui diffère d’un service à un autre de ce débrayage des médecins résidents et des internes. Comme c’est le cas au pavillon des urgences, la vitrine de l’établissement hospitalier où l’absence des médecins résidents et des internes ne semble pas avoir perturbé outre-mesure le fonctionnement du tri-médical assuré par des médecins généralistes qui se relaient grâce à un système de brigades durant la journée avant que les résidents ne prennent le relais en toute fin de journée, vers 18h. Ce qui n’est pas le cas, ailleurs, dans les autres sous-services des urgences où la grève des médecins résidents notamment se fait sentir cruellement. D’où l’inévitable appel à la rescousse des médecins-assistants pour assurer le fonctionnement de ces nombreux sous-services des urgences.

Mais c’est au niveau des autres services du CHU que la grève des médecins résidents et des internes semble avoir un impact plus palpable. Avec, notamment des patients qui viennent le plus souvent pour reprogrammer un rendez-vous d’exploration, de bilan ou celui d’une intervention chirurgicale. Car, ici, ce sont les médecins assistants qui assurent les consultations et autres suivis des patients, missions autrefois relevant des médecins résidents, avec donc des patients appelés à subir des interventions chirurgicales qui doivent attendre pour se faire opérer en l’absence de ce maillon important dans le fonctionnement de ces services que le sont les médecins-résidents.

Ce qui pousse certains patients, parmi les plus nantis, à se diriger vers les cliniques privées pour se faire opérer. Ce qui n’est pas le cas de leur majorité, contrainte d’attendre que ce débrayage des médecins résidents prenne fin au plus vite, avec le risque majeur, pour certains, de perdre la vie par la faute d’un conflit dont ils sont les seuls et uniques perdants.

A l’épilogue de notre virée, une conclusion était implacable tant elle sautait aux yeux : le fonctionnement des divers services du CHU Mustapha-Pacha d’Alger est à près de la moitié de sa cadence régulière. Ce qui doit être le cas des autres CHU du pays. D’où l’urgence d’une solution à ce bras de fer entre les médecins résidents et les pouvoirs publics.

M. K.