Conseils de classe: Benghabrit interdit les sanctions

Conseils de classe: Benghabrit interdit les sanctions

La ministre de l’Education nationale interdit aux enseignants d’infliger des sanctions aux élèves lors des conseils de classe. Les mentions avertissement et blâme sont désormais à bannir sur les bulletins trimestriels des élèves, selon une instruction du ministère de l’Education nationale qui interdit des mentions outre que excellent, félicitation, encouragement et tableau d’honneur. Les enseignants doivent se contenter de décerner des observations pour les élèves n’ayant pas le profil pour ces mentions.

Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Les enseignants sont sommés de rester positifs dans leurs appréciations des élèves. L’instruction ministérielle numéro 68 publiée le 12 juillet 2018 relative aux conseils des classes dans les cycles moyen et secondaire interdit formellement aux enseignants de noter sur le bulletin d’un élève la mention avertissement ou blâme.

«Le conseil de classe peut décerner, au vu des résultats trimestriels obtenus, des récompenses aux élèves brillants en décernant des mentions : excellent, félicitation, encouragement et tableau d’honneur», stipule l’instruction.

Et de préciser que concernant les élèves n’ayant pas le profil d’obtenir les mentions citées, l’enseignant doit donner des appréciations ou des observations leur permettant d’améliorer leur niveau. Une énième aberration, selon les syndicats.

Boualem Ammourra, président du Satef, estime que c’est inacceptable. Selon lui, «nous ne vivons pas en Suisse, la majorité des élèves sont turbulents et on nous demande, avec cette instruction, de les gâter et de leur donner beaucoup plus de liberté en nous interdisant de leur donner des sanctions. Je suis d’accord pour le blâme, mais pour un avertissement c’est une alerte pour l’élève et ses parents».

Le président du Satef souligne que l’on ne peut pas prendre ce genre de décision derrière un bureau loin de la réalité du terrain.

Selon lui, actuellement, l’enseignant et l’administration n’ont aucun moyen ni pouvoir sur l’élève pour le pousser à travailler ni à être discipliné. «Ils ont interdit les châtiments corporels et nous avons été d’accord, mais nous ne comprenons pas pourquoi interdire aussi les avertissements, comment allons-nous pouvoir punir les élèves d’autant que même les parents sont démissionnaires, nous devons sanctionner car nous ne sommes pas dans un milieu favorable et calme, nous sommes devant des élèves qui manquent d’éducation et autant rentrer chez nous si nous n’avons pas les moyens de pression sur l’élève», s’insurge le syndicaliste qui dit que les élèves ont déjà le pouvoir sur beaucoup de choses actuellement. Il estime qu’«en désarmant l’enseignant des sanctions, l’élève sera plus indiscipliné et rentrera encore plus dans la provocation des enseignants».

Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest, estime que l’élève doit être secoué et remis à sa place lorsqu’il ne respecte pas les lois établies par son établissement. Il explique que l’enseignant attribue un blâme lorsque l’élève obtient une moyenne inférieure à 5 et un avertissement lorsque la moyenne est inférieure à 8. C’est donc une manière, dit-il, de tirer la sonnette d’alarme pour que les parents sachent que leur enfant risque de redoubler ou d’être exclu. «Si le ministère de l’Education estime que donner un blâme c’est blessant, il doit trouver une autre formule mais nous ne pouvons pas le supprimer sans le remplacer, c’est une erreur, car nous devons avertir les parents et tirer la sonnette d’alarme sur les résultats de l’enfant et si cette mention porte préjudice à l’élève, nous devons, tout de même, trouver un moyen d’avertir les parents que leur enfant risque d’être exclu ou de redoubler», suggère M. Meriane.

S. A.