Conseil national du FFS : Les décideurs ont peur d’un « tsunami » social malgré un chèque de 23 milliards de dollars

Conseil national du FFS : Les décideurs ont peur d’un « tsunami » social malgré un chèque de 23 milliards de dollars

Le conseil national du FFS (Front des forces socialistes) s’est tenu le 1er et 2 juillet à Alger. A l’issue de ce conseil, le FFS a rendu une déclaration publique dans laquelle il analyse la situation sociale et politique en Algérie. Pour le parti de Hocine Ait Ahmed, la jeunesse algérienne est « soumise à toutes les violences » et la société est en ébullition permanente avec les conflits et les mouvements sociaux.

Le FFS considère que les décideurs algériens ont peur d’un « tsunami » social en dépit de l’enveloppe financière engagée pour assurer la paix.

Les autorités algériens ont annoncé avoir consacré 23,8 milliards de dollars dans le cadre de la loin de finance complémentaire 2011 pour financer divers programmes sociaux et augmentations de salaires

Sur le plan politique, estime encore le FFS, le pouvoir tente de se refaire une nouvelle légitimité en créant un débat politique factice autour des réformes engagés par le chef de l’Etat.

Communique intégral.

“Sur le plan national. L’année 2011, comme l’année 2010, sont marquées par l’intensité et la multiplicité des conflits sociaux et des émeutes à travers tout le pays.

La jeunesse algérienne dans toutes ses composantes, urbaine et rurale, étudiants, chômeurs, jeunes femmes, est soumise à toutes les violences. L’extrême est atteint, et les mots ne suffisent pas, pour décrire, le drame des «haraga», la tragédie des suicides par immolation mais aussi par la dureté des mouvements de contestation notamment des étudiants, médecins résidents, enseignants contractuels, jeunes chômeurs…

Il est encore prématuré de mesurer l’influence et l’impact des événements qui se déroulent dans le monde arabe sur la crise politique, économique et sociale qui dure et perdure dans le pays depuis plusieurs années.

Le conseil national du FFS regrette à ce propos que la télévision nationale montre des images de pays en crise, de pays en guerre mais ne montre jamais des peuples en marche vers la liberté.

Le Conseil national du FFS qui se félicite de la force du mouvement social, souhaite que s’établissent les jonctions et rassemblements entre les différents acteurs sociaux pour donner toute son efficacité à leur action.

Le conseil national du FFS estime que la vitalité et l’ampleur du mouvement social révèlent avant tout la volonté des millions de jeunes à prendre leur destin en mains.

Le conseil national du FFS a procédé à l’évaluation de la première phase du processus politique engagé par le chef de l’Etat. Les conclusions provisoires qui peuvent être tirées sont les suivantes:

La tentative de recréer un débat politique pèche par la volonté de lui imposer des limites et de le cadrer.

On continue à céder à la facilité d’inviter des représentations politiques et sociales préfabriquées. Rappelons-nous la place et le rôle de certains acteurs politiques et sociaux en 1992 ! Rappelons-nous du CNSA et du rôle qu’on a fait jouer à la «société civile» !

Manifestement, la première phase de ce processus a surtout servi d’écran de fumée et a servi également à jauger la détermination et les demandes de l’opposition, la vraie; comme elle a servi à poser la stratégie des décideurs.

L’inversion des priorités par le pouvoir n’est pas innocente et peut paraitre paradoxale. Elle répond cependant bien aux priorités des décideurs et aux inflexions qu’ils souhaitent imposer aux Algériens. Notons tout de même qu’il y a encore des hésitations.

Les discussions seront apparemment appelées à se poursuivre, elles seront difficiles et incertaines. Comme sont imprévisibles les théâtres où se dérouleront les marchandages futurs.

Le Conseil national du FFS estime que la stratégie globale du pouvoir dans la situation actuelle s’articule autour des axes suivants:

Les décideurs n’aiment pas leur position en première ligne devant un mouvement social qui assiège El Mouradia. Les décideurs ne souhaitent pas se retrouver seuls devant le « tsunami » social menaçant malgré les mesures financières prises.

Le pouvoir a besoin d’une nouvelle légitimité et d’un consensus politique et social rénové. Le pouvoir a besoin de nouvelles bases pour la stabilité du système politique qu’il a mis en place au lendemain de l’indépendance.

Le pouvoir quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, a besoin de nouvelles forces politiques et sociales. Le pouvoir a besoin de l’opposition. C’est le prix à payer pour consolider sa position à l’intérieur mais aussi sur les plans régional et international.

En conclusion, le contexte national général est à l’imprévisibilité.

Pour sa part, le Conseil national du FFS :

Réaffirme sa disponibilité à un dialogue politique pluriel, ouvert et créatif.

Appelle les différents acteurs politiques et sociaux à un effort éthique. Le FFS n’impose rien. Le FFS propose. L’éthique politique aujourd’hui, c’est l’autonomie et la responsabilité que ce soit au niveau individuel ou collectif.”