Conseil de la Nation : Trois ministres répondent aux sénateurs

Conseil de la Nation : Trois ministres répondent aux sénateurs

Trois ministres ont eu, avant-hier, à répondre aux interrogations des sénateurs. Lors d’une séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, les ministres de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, de l’Agriculture et du Développement Rural, de la Formation et de l’Enseignement professionnels ont apporté des éclaircissements sur un grand nombre de sujets.

– Mohamed Benmeradi : «L’Algérie a reconduit le contrat avec ArcelorMittal»

«Le complexe ArcelorMittal est arrivé à un moment où un investissement complémentaire est devenu nécessaire. Comme l’Etat est partie prenante, il a décidé de poursuivre l’investissement d’autant que c’est une production très importante pour l’économie nationale», a indiqué le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi. Le ministre estime que le groupe ArcelorMittal devrait également effectuer un «investissement complémentaire» pour augmenter sa production. A une question si le gouvernement avait donné son feu vert pour la reconduction de la convention avec le groupe ArceloMital, le ministre a soutenu qu’«étant donné que c’est la seule société qui produit de l’acier, nous envisageons de faire d’autres investissements dans l’aciérie, bien que l’investissement dans ce domaine nécessite au moins 4 à 5 ans de temps».

Et d’ajouter : «comme nous sommes partie prenante de la société, l’Etat a décidé de continuer l’investissement d’autant que c’est une production très importante pour l’économie nationale», a-t-il ajouté. Le capital du complexe sidérurgique d’El-Hadjar est détenu à 70% par ArcelorMital et 30% par le partenaire national Sider.

Selon le ministre, plus de 20.000 hectares d’assiettes foncières sont disponibles dont certaines «ne sont pas exploitées de manière rationnelle», a-t-il dit. «Il y a beaucoup de terrains appartenant à des propriétaires privés qui sont gelés et non utilisés, alors que d’autres, attribués, ont changé de vocation», a-t-il dit. Le ministre a indiqué également que cette mesure, qui sera proposée «probablement» dans le cadre de la prochaine loi de finances complémentaire pour 2012, prévoit également d’indemniser les propriétaires des terrains que récupérera l’Etat. «Cette procédure permettra à l’Etat de récupérer ce foncier gelé en indemnisant leurs propriétaires pour les redistribuer pour l’investissement», a-t-il dit.

CRÉATION DE 36 NOUVELLES ZONES INDUSTRIELLES À L’HORIZON 2014

En réponse à une question portant sur l’aménagement des zones industrielles, M. Benmeradi a indiqué que plus de 19 milliards DA seront consacrés à la mise à niveau et l’aménagement de ces zones d’activités à l’horizon 2014. Dans le même sillage, le ministre évoque le sujet de la création de nouvelles zones industrielles. «Le gouvernement va lancer un programme ambitieux arrêté par le président de la République en réalisant, au cours des cinq prochaines années, 36 nouvelles zones industrielles intégrées sur le territoire national ». Selon les explications fournies par le ministre, ces réalisations s’étalent sur une superficie de 8 000 hectares et s’inscrivent dans le cadre du plan national d’aménagement du territoire et tous les aspects nécessaires ont été pris en compte afin d’assurer la réalisation de ces zones industrielles selon les standards internationaux en vigueur. Ces dernières comprennent tous les services de proximité nécessaires. Le parc algérien comprend des zones industrielles et des zones d’activité s’étendant sur une superficie de 22.000 hectares, réalisées dans le cadre des différents plans de développement arrêtés par l’Etat. L’Etat a tracé au cours de la dernière décennie un programme national de mise à niveau des zones industrielles estimé à 28 milliards DA, grâce auquel 160 opérations de mise à niveau ont été réalisées. Chaque wilaya a bénéficié d’une opération au moins.

LE PROJET DE PARTENARIAT ALGÉRO-ALLEMAND, EN BONNE VOIE

S’exprimant sur le projet de partenariat algéro-allemand, le ministre a confirmé l’existence d’un projet de partenariat algéro-allemand avec le ministère de la Défense nationale pour la création d’une société mixte (joint-venture) de construction de cyclomoteurs au niveau du complexe de fabrication de cycles et de cyclomoteurs de Guelma. « Les négociations sont en cours avec le groupe BMW qui a montré un intérêt pour le projet », a-t-il indiqué. Sur les projets industriels dans cette wilaya, M. Benmeradi a affirmé que depuis 2005, plusieurs formules ont été présentées pour impulser l’activité de cette société à travers le partenariat mais sans succès.

Abordant le dossier de Renault pour la création d’une usine de construction automobile en Algérie, le ministre a indiqué que les contacts entre les deux parties «reprendront début octobre prochain», soulignant que la dernière réunion entre les deux parties remonte à juin dernier.. Interrogé également sur le climat des affaires, le ministre a déclaré que cet objectif demeure un «combat permanent» pour le gouvernement. «Ce que disent les patrons n’est pas faut. Il existe encore aujourd’hui beaucoup de contraintes que la tripartite avait notamment identifiées, mais qu’on ne peut lever en six mois », a-t-il noté. «Le gouvernement a pris des mesures historiques pour promouvoir l’investissement privé notamment en bonifiant les crédits et la prise en charge, par le Trésor public, des risques de change », a rappelé le ministre, en soulignant que ces mesures sont en cours d’exécution sur le terrain.

TEXTILE : NOUVEAU PROGRAMME D’INVESTISSEMENT

Répondant à une question du député Lezhar Bouzid sur le sort du secteur du textile en Algérie, le ministre a indiqué que le nouveau programme d’investissement et d’organisation permettra la rationalisation et le renforcement des potentialités actuelles à travers la réhabilitation de la place du secteur du textile sur le marché national et l’acquisition, à long terme, de parts au niveau international. Les autorités publiques, pour développer le secteur public du textile, visent à augmenter de 10 à 25% les parts du marché, a affirmé

M. Mohamed Benmeradi. Il a rappelé, dans ce contexte, l’adoption par le Conseil des participations de l’Etat en mars dernier d’un plan de développement comprenant des mesures d’assainissement et de renforcement des entreprises du secteur du textile. Dans le cadre de ce plan, le secteur a bénéficié d’un assainissement financier estimé à 62 milliards DA permettant ainsi la couverture du déficit bancaire, estimé à 57 milliards DA, et les dettes à l’investissement, estimées à 5 milliards DA. Outre l’attribution de crédits bancaires bonifiés estimés à 23,5 milliards DA, des permis de transactions de gré à gré ont été accordés aux entreprises du secteur en guise de mesure incitative pouvant contribuer à la relance de l’activité de ce secteur vital, précise le ministre. Le représentant du gouvernement a indiqué que le Conseil des participations de l’Etat avait approuvé la transformation des entreprises publiques économiques de textile en deux grandes entreprises soit l’entreprise publique économique par actions regroupant 7 entreprises dont le capital est détenu à 60% par l’entreprise des chaussures et d’habillement relevant du ministère de la Défense et à 40% par la société de gestion des participations des industries de transformation. Cette entreprise produira les tenues des établissements militaires et autres corps constitués. La deuxième entreprise publique économique par actions comprend 16 autres sociétés relevant de la société de gestion des participations des industries de transformation dont la production sera consacrée aux besoins de la société.

– Rachid Benaïssa : «L’Algérie poursuivra l’importation des céréales»

Après la moisson record de la campagne 2008-2009, qui a atteint 61,2 millions de quintaux, la production de céréales (2010-2011) a connu une baisse pour chuter à 42 millions de quintaux, soit 19,2 millions de quintaux (27%) en l’espace de deux années. « Le résultat définitif de la campagne céréalière 2010-2011 relève que la production a atteint 42 millions de quintaux », a déclaré, avant-hier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, en marge d’une séance de questions orales au Conseil de la nation. Ce dernier bilan s’est caractérisé par une bonne production à l’Est et au Sud et une récolte au dessous de la moyenne à l’Ouest, en raison de la sécheresse qui a sévi dans ces régions. Par ailleurs, il a souligné que les préparatifs de la prochaine campagne labours-semailles ont été entamés depuis juillet, et, contrairement aux habitudes, «les agriculteurs ont anticipé leur approvisionnement en intrants », ce qui signifie, selon le ministre, que « les agriculteurs commencent à améliorer leurs techniques de production». Interrogé si l’Algérie allait importer des quantités supplémentaires de céréales, le ministre a rappelé que les importations (de céréales) se font régulièrement en vue de constituer les stocks. Sur un autre volet, M. Benaïssa a révélé que le montant des crédits de campagne sans intérêts (Rfig) octroyé durant la saison 2010 a atteint près de 20 milliards DA. Quelque 500.000 agriculteurs ont remboursé leurs crédits de campagne ce qui représente, selon M. Benaïssa, un taux de remboursement de 90% au niveau national. Concernant le dossier de l’effacement des dettes des agriculteurs, le ministre a indiqué qu’il « est définitivement clos ». Pas moins de 77 479 agriculteurs et éleveurs ont bénéficié de cette mesure alors que le montant dégagé par le Trésor public à cet effet est estimé à 36 milliards DA du montant global arrêté auparaant à 40 milliards DA.

– El Hadi Khaldi : «Le projet de création de l’observatoire de la formation professionnelle soumis au gouvernement»

Le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels,

El Hadi Khaldi, a indiqué que «le projet de décret exécutif portant création de l’observatoire national de la formation et de l’enseignement professionnels est actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement et fera prochainement l’objet d’examen». Cet observatoire, qui, selon le ministre, est une institution de régulation en matière de formation professionnelle, vient compléter l’office de l’Education nationale. Sur le plan formation-emploi, le ministre précise que «plus de 12% des diplômés du secteur ont du mal à intégrer le marché de l’emploi en raison de leurs spécialités qui ne correspondent pas aux offres du marché». Dans ce contexte, M. Khaldi a affirmé que son secteur s’oriente vers des spécialités qui répondent aux besoins du marché de l’emploi notamment celles liées au bâtiment, aux travaux publics, à l’artisanat et à d’autres spécialités basées sur la connaissance et les TIC.Concernant la déperdition scolaire dans son secteur, M. Khaldi a évoqué des raisons socioprofessionnelles et d’orientation précisant que certains stagiaires préfèrent travailler dans des ateliers relevant du marché parallèle et percevoir un salaire au lieu de poursuivre leur formation. Ces stagiaires font face au problème d’assurance et de sécurité sociale, a-t-il tenu à préciser, tout en appelant à améliorer l’orientation vers la formation professionnelle en tenant compte du niveau du stagiaire pendant sa première année de formation. Pour ce faire, il sera procédé à la création d’une commission chargée de l’examen de l’orientation en collaboration avec le ministère de l’Education. Au sujet de la rentrée de la formation professionnelle, M. Khaldi a indiqué que la date a été fixée au 16 octobre, ajoutant que son secteur assure 350.000 postes de formation dans les différentes spécialités figurant dans la nomenclature de la formation et de l’enseignement professionnels.