Conseil de la nation : Adoption du projet de loi sur le cinéma

Conseil de la nation : Adoption du projet de loi sur le cinéma

Les membres du Conseil de la nation ont adopté hier, après-midi, lors d’une séance plénière présidée par M. Abdelkader Bensalah, président du Conseil, le projet de loi sur le cinéma.

Adopté par l’Assemblée populaire nationale (APN) le 26 décembre dernier, le texte de loi s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation du cinéma algérien et du développement des capacités nationales dans ce domaine.

Il traduit une nouvelle vision du rôle et des missions de l’ensemble des opérateurs, notamment des pouvoirs publics, dans l’effort de relance de l’industrie cinématographique.

Composée de 35 articles, la loi tend, fondamentalement, à alléger les procédures dans la production de films réalisés dans le cadre de conventions cinématographiques gouvernementales.

Les salles de cinéma seront, quant à elles, soumises à un cahier des charges, élaboré conformément aux cadres organisationnels, instituant des fonctions d’inspection et de contrôle de ces salles.

La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, avait présenté lundi le projet de loi devant les membres du Conseil de la nation et répondu à leurs préoccupations à ce sujet.

Elle avait souligné, lors de sa présentation précédemment devant la commission de la culture, de la communication et du tourisme de l’APN, en septembre dernier, qu’était désormais « nécessaire » la promulgation d’un texte de loi adapté aux développements enregistrés dans le domaine cinématographique.

Un domaine marqué par « une grande anarchie en l’absence de mécanismes d’encadrement et de contrôle adéquats », a-t-elle estimé, assurant, toutefois, que l’objectif de ce texte n’est pas de « freiner les initiatives mais de créer des cadres appropriés d’organisation des professions relatives à ce secteur vital ».

Des spécialistes du 7e Art ont accueilli favorablement la nouvelle législation qui permettra grâce au concours de l’Etat de relancer la production cinématographique, alors que pour d’autres elle constitue le retour à une vision dépassée et « centralisatrice ».

Pour le réalisateur Ahmed Rachedi, partisan d’un retour de la puissance publique, c’est l’absence de l’Etat et son désengagement du secteur au cours des dernières décennies qui est à l’origine du déclin du cinéma algérien. « Les choses allaient bien lorsque c’était l’Etat qui gérait » l’industrie du film pendant les années 1960 et 1970, soutient-il.

Partageant cette vision, le journaliste et scénariste Boukhalfa Amazit estime, de son côté, que le désengagement de l’Etat a engendré la « transformation des salles de cinéma en vidéothèques » et « une baisse, pour ne pas dire absence, de production » de films.

A contrario, le journaliste et ancien directeur de la télévision algérienne, M. Abdou Bouziane, juge « étouffant » ce retour de l’Etat-gestionnaire dans le secteur du cinéma consacré par la nouvelle loi.

Pour M. Bouziane, plus connu dans les milieux de la presse par le diminutif de Abdou B., qui a dirigé la défunte revue « Les 2 écrans », un périodique consacré au cinéma et à la télévision paraissant dans les années 1980, cette loi signe le retour d’une vision dépassée qui consacre, paradoxalement, la « centralisation » comme axe de relance du cinéma algérien.