Les coalisés, pour la protection des populations civiles en Libye, sont passés à la phase B sur la zone d’exclusion aérienne en Libye. Après plusieurs semaines de frappes aériennes, sans résultat, sur les capacités de nuisances des forces de Maâmar El Kaddafi, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et les Etats-Unis ont déclenché un dispositif de frappe plus élaboré. Avec l’envoi de conseillers militaires à Benghazi sur le plan organisationnel avec le CNT, le front des combats a pris une nouvelle tournure d’une guerre ouverte.
C’est ainsi que les Etats-Unis ont annoncé le recours à des drones armés en Libye, répondant au souhait de certains pays de l’Otan d’un durcissement des opérations aériennes, mais Washington entend bien demeurer en retrait des actions militaires contre les forces pro-Kaddafi. Le Président Barack Obama « a approuvé le recours à des Predators armés et « je crois bien que cela a été leur première mission aujourd’hui », a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, lors d’une conférence de presse. Après avoir mené la coalition internationale intervenant pour protéger la population civile et instaurer une zone d’interdiction aérienne pendant les premiers jours de l’intervention, les Etats-Unis ont mis fin à leur mission de bombardement début avril. Ils se contentent depuis d’un rôle de soutien à l’Otan avec leurs « capacités uniques », notamment leurs nombreux avions ravitailleurs et avions de brouillage. Ainsi, le sénateur américain, John Mc Cain, est arrivé, hier, à Benghazi pour une visite dans le bastion des insurgés libyens, au lendemain de l’annonce, par Washington, de l’envoi de drones armés au-dessus de la Libye, une mesure saluée par la rébellion.
Il s’agit de la plus haute personnalité américaine à se rendre en Libye depuis le début du soulèvement à mi-février. Le sénateur n’a pas fait de déclaration, mais l’organisation d’une conférence de presse en cours de journée a été évoquée. M. Mc Cain, l’un des plus fervents partisans au Congrès des opérations militaires en Libye, a plaidé le 13 avril pour que les Etats-Unis s’engagent à nouveau militairement aux côtés de la coalition internationale, assurant que l’Otan manquait de la force de frappe nécessaire. Washington a, finalement, cédé, par la voix du secrétaire à la Défense, Robert Gates, que deux drones armés seraient en permanence engagés au-dessus de la Libye. Le Président américain, Barack Obama, a dit « soutenir » ces initiatives militaro-humanitaire, mais la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a, explicitement, exclu que les Etats-Unis en envoient eux-mêmes. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que l’envoi de conseillers militaires marquait le début d’une opération « terrestre », un acte « risqué et aux conséquences imprévisibles » selon lui. Le 13 avril, M. Mc Cain a déploré le désengagement militaire américain en Libye, jugeant que les Français et les Britanniques n’ont pas les moyens nécessaires pour faire pencher la balance en faveur des rebelles libyens.
Mohamed Ben.
Ramtane Lamamra : La feuille de route de l’UA sur la Libye “mieux comprise’’ par Washington
La feuille de route de l’Union africaine pour une solution pacifique de la crise en Libye est maintenant « mieux comprise » par Washington, a déclaré hier à l’APS le commissaire pour la paix et la sécurité auprès de l’UA, M. Ramtane Lamamra. Le plan africain sur la résolution de la crise en Libye avait été jeudi dernier parmi les principaux sujets de discussions entre la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et la délégation de l’UA conduite par le président de sa Commission, M. Jean Ping, dans le cadre de la deuxième réunion de haut niveau Etats-Unis – Union africaine tenue les 20 et 21 avril à Washington.
« La feuille de route de l’Union africaine pour une solution pacifique de la crise en Libye est maintenant mieux comprise par la partie américaine, et son potentiel pour impulser la recherche d’une solution politique est appréciée à sa juste valeur par les Etats-Unis », a précisé M. Lamamra, membre de la délégation de l’UA.
Pour le diplomate algérien, « la délégation africaine repart de Washington convaincue qu’il y a un espace assez large pour l’intensification des efforts allant dans le sens d’une solution pacifique et qu’il est important de redoubler d’efforts au cours des prochaines semaines. »
A cet effet, le Conseil de sécurité et de la paix de l’Union africaine se réunira lundi prochain au niveau ministériel à Addis-Abeba.
Au cours de cette réunion, ce Conseil « procédera à l’évaluation de toutes les actions entreprises par le comité ad hoc de chefs d’Etat africains afin de dégager des perspectives pour le renforcement de cette action en direction des parties libyennes et des acteurs internationaux concernés », a ajouté M. Lamamra.
Lors de la réunion tenue, mercredi dernier à la Maison-Blanche entre la délégation africaine et le conseiller adjoint du président Obama en matière de sécurité nationale, Denis McDonough, ce dernier avait explicitement souligné qu’il était « important que l’UA, la Ligue arabe, l’ONU et l’OTAN travaillent ensemble pour trouver une “solution pacifique” à la crise en Libye ».
Pour sa part, M. Ping a déclaré à Washington que « le monde, y compris au sein de l’OTAN, reconnaît de plus en plus que la solution n’est pas militaire ».
L’Union africaine, a-t-il insisté, « s’oppose à une solution militaire et appelle que la situation en Libye devrait être résolue par des moyens politiques ».
Le plan africain, porte notamment sur la cessation immédiate des hostilités, l’acheminement de l’assistance humanitaire et le dialogue entre les parties libyennes, soit les grandes lignes d’une solution dont les détails sont laissés à l’appréciation et à la négociation des Libyens eux-mêmes, selon l’UA.
La démarche africaine souligne »l’importance et l’urgence d’un dialogue inclusif qui doit mener à une période transitoire réunissant toutes les parties libyennes qui pourraient avoir une contribution positive pour déterminer l’avenir de la Libye ».
Par ailleurs, l’UA a déjà mis en place un groupe de travail composé de spécialistes en matière de surveillance de cessez-le-feu, qui travaillent avec l’ONU, la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique et l’UE.