Le Conseil de la nation a consacré la séance de jeudi aux questions orales.
Trois ministres ont répondu aux interrogations des sénateurs qui ont porté essentiellement sur la campagne agricole 2010-2011, les problèmes rencontrés dans certaines wilayas, les dettes des agriculteurs, l’aménagement des zones industrielles, la formation professionnelle, etc.
Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, au sujet d’ArcelorMittal :
«L’Etat compte reconduire le partenariat »
Le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M. Mohamed Benmeradi, a estimé, quant à lui, que le groupe ArcelorMittal devrait effectuer un « investissement complémentaire » pour augmenter sa production.
M. Benmeradi répondait à une question si le gouvernement avait donné son feu vert pour la reconduction de la convention d’investissement et de partenariat que va engager le groupe ArcelorMittal.
« Comme nous sommes partie prenante de la société, l’Etat a décidé de continuer l’investissement, d’autant que c’est une production très importante pour l’économie nationale », a-t-il ajouté.
Le capital du complexe sidérurgique d’El-Hadjar est détenu à 70% par ArcelorMittal et à 30% par le partenaire national Sider.
« Etant donné que c’est la seule société qui produit de l’acier, nous envisageons de faire d’autres investissements dans l’aciérie, bien que l’investissement dans ce domaine nécessite au moins 4 à 5 ans de temps », a affirmé le ministre.
« Donc, nous soutiendrons cet investissement poursuivi par ArcelorMittal », a-t-il conclu.
Le complexe d’El-Hadjar qui emploie actuellement quelque 7.200 travailleurs dispose d’une capacité théorique de production de 2 millions de tonnes d’acier liquide par an. ArcelorMittal a »maintenu les postes d’emploi du complexe (d’El-Hadjar, à l’est d’Annaba, ndlr), investi 114 millions de dollars au lieu des 80 millions prévus, remboursé au Trésor public un crédit de 150 millions de DA et s’est engagé dans la production du rond à béton », avait indiqué le ministre en juillet dernier.
Selon le syndicat de l’entreprise, cité par la presse nationale, le montant global du programme d’investissement nécessiterait une enveloppe de plus de 500 millions d’euros et qu’il s’articule en deux phases distinctes.
La levée des contraintes à l’investissement nécessitera plus de temps
Concernant la question de la levée des contraintes à l’investissement, soulevée par les opérateurs économiques, celle-ci nécessitera plus de temps pour être réalisée, a également estimé le ministre de l’Industrie qui considère cet objectif comme un « combat permanent » pour le gouvernement.
« L’amélioration du climat des affaires est un combat permanent. Ce que disent les patrons n’est pas faux. Il existe encore aujourd’hui beaucoup de contraintes que la tripartite avait notamment identifiées, mais qu’on ne peut lever en six mois », a-t-il indiqué.
Parmi ces contraintes soulevées par le patronat lors de la dernière tripartite tenue en mai dernier, le problème de la « bureaucratisation » de l’administration, les lenteurs du secteur bancaire et celui du commerce extérieur.
« Le gouvernement a pris des mesures historiques pour promouvoir l’investissement privé, notamment en bonifiant les crédits et la prise en charge, par le Trésor public, des risques de change », a rappelé le ministre, en soulignant que ces mesures sont en cours d’exécution sur le terrain.
A une question sur les réticences des banques à répondre aux demandes des investisseurs, M. Benmeradi a indiqué que (cette question) était prise en charge par l’Etat.
« Il semblerait qu’il y a une forte demande de financement, mais les banques disent que certaines ne sont pas bancables, car elles portent trop de risques et pas assez de garanties », a-t-il indiqué, en révélant que »ces questions sont en cours d’examen ».
Plus de 19 milliards de DA pour la mise à niveau et l’aménagement des zones industrielles à l’horizon 2014
Par ailleurs, le ministre a annoncé que plus de 19 milliards de DA seront consacrés à la mise à niveau et l’aménagement des zones industrielles et les zones d’activité à l’horizon 2014. Répondant à une question du membre du Conseil de la nation Kamel Bounnah, concernant la promotion de l’investissement dans le domaine des industries à travers la création et l’organisation de zones industrielles, le ministre a précisé que plusieurs mesures avaient été prises en vue de renforcer l’attractivité du secteur, à travers notamment l’injection de 19 milliards de DA à la faveur du plan de développement national 2010-2014.
Le foncier industriel a été renforcé à travers la récupération et la gestion des actifs appartenant aux entreprises publiques indépendantes et dissoutes, et les excédents d’actifs d’entreprises publiques économiques, souligne M. Benmeradi.
Les prérogatives accordées récemment aux walis concernant l’attribution des lots de terrain contribueront, sans aucun doute, à l’augmentation du taux d’exploitation de ces zones, indique le ministre.
En outre, ajoute le ministre, les nouvelles mesures incluent le lancement du programme « ambitieux » arrêté par le Président de la République concernant la réalisation, au cours des cinq prochaines années, de 36 nouvelles zones industrielles intégrées sur le territoire national. Ces réalisations s’étalent sur une superficie de 8.000 hectares et s’inscrivent dans le cadre du plan national d’aménagement du territoire.
Tous les aspects nécessaires ont été pris en compte afin d’assurer la réalisation de ces zones industrielles selon les standards internationaux en vigueur, sachant qu’elles comprennent tous les services de proximité nécessaires, relève le ministre.
Le parc algérien comprend des zones industrielles et des zones d’activité s’étendant sur une superficie de 22.000 hectares, réalisées dans le cadre des différents plans de développement arrêtés par l’Etat.
L’Etat a tracé, au cours de la dernière décennie, un programme national de mise à niveau des zones industrielles estimé à 28 milliards de DA, grâce auquel 160 opérations de mise à niveau ont été réalisées. Chaque wilaya a bénéficié d’une opération au moins.
BMW intéressé par l’usine de cyclomoteurs de Guelma
M. Mohamed Benmeradi a également confirmé l’existence d’un projet de partenariat algéro-allemand avec le ministère de la Défense nationale pour la création d’une joint-venture de construction de cyclomoteurs au niveau du Complexe de fabrication de cycles et de cyclomoteurs de Guelma.
« Les négociations sont en cours avec le groupe BMW qui a montré un intérêt pour le projet », a indiqué le ministre à la presse en marge d’une séance de questions orales au Conseil de la nation, précisant que le projet de partenariat regroupe la direction des industries militaires du ministère de la Défense et la société allemande.
M. Benmeradi qui répondait à une question orale de M. Lazhar Sahri sur les projets industriels dans cette wilaya a affirmé que depuis 2005, plusieurs formules ont été présentées pour impulser l’activité de cette société à travers le partenariat, mais sans succès.
Il a exposé la situation financière de l’entreprise qui a été créée en 1987, affirmant qu’elle accuse un déficit financier et une baisse continue de son chiffre d’affaires, ajoutant que la société présente « actuellement un niveau productif très en deçà du volume de production prévu », et que « 10% seulement » des équipements technologiques sont en exploitation.
Abordant le dossier de la société Renault qui envisage la création d’une usine de construction automobile à Alger, le ministre a indiqué que les contacts entre les parties algérienne et française reprendront « début octobre » prochain, soulignant que la dernière réunion entre les deux parties remonte à juin dernier.
Estimé à un milliard d’euros, le projet Renault vise à produire plus de 150.000 véhicules par an en Algérie.
L’Etat va intervenir pour récupérer le foncier industriel « gelé »
Par ailleurs,. Mohamed Benmeradi a indiqué que son secteur avait proposé « des mesures législatives » permettant à l’Etat de récupérer le foncier industriel « gelé »et non utilisé en vue d’augmenter l’offre foncière.
Il a indiqué que son secteur était en train de recenser les terrains qui ont été attribués mais n’ont pas été utilisés, « pour prendre des mesures législatives en vue de les récupérer ».
Selon le ministre, plus de 20.000 hectares d’assiettes foncières sont disponibles, dont certaines « ne sont pas exploitées de manière rationnelle », a-t-il dit.
« Il y a beaucoup de terrains appartenant à des propriétaires privés qui sont gelés et non utilisés, alors que d’autres, attribués, ont changé de vocation », a-t-il dit.
Le ministre a indiqué également que cette mesure, qui sera proposée « probablement » dans le cadre de la prochaine loi de finances complémentaire pour 2012, prévoit également d’indemniser les propriétaires des terrains que récupèrera l’Etat. « Cette procédure permettra à l’Etat de récupérer ce foncier gelé en indemnisant leurs propriétaires pour les redistribuer pour l’investissement », a-t-il dit.