L’ancien membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), l’avocat Ali Haroun a affirmé qu’il n’y a pas eu de vote pour la désignation des membres du bureau politique du Front de libération nationale, lors du congrès extraordinaire de Tripoli qui s’était tenu en Libye du 27 mai au 5 juin 1962.
Intervenant lors d’une conférence-débat sous le thème « La crise du CNRA à Tripoli en juin 1962 », Me Haroun a indiqué que le CNRA, qui était l’instance politique suprême du FLN à l’époque, devait désigner les membres de la direction de ce parti, laquelle allait être appelée par la suite bureau politique.
Il a relaté, lors de cette conférence organisée par la Fondation Slimane-Amirat, qu’il y a eu un « clash » entre les 56 membres du congrès de Tripoli du fait des « débats houleux » ayant caractérisé l’opération de la désignation de la direction (bureau politique) du FLN.
Selon Me Haroun, du fait du « brouhaha » ayant marqué ce congrès, la « session de désignation des membres de la direction du FLN a été suspendue et n’a jamais repris à ce jour », affirmant qu’il n’y a pas eu vote pour la désignation des membres du BP du FLN.
C’est ainsi que les congressistes du CNRA avaient quitté un par un Tripoli, notamment après le départ de Benkhedda, qui avait démissionné du Gouvernement provisoire de la République algérien (GPRA), à cause de l’incident de Tripoli.
« Une fois rentré en Algérie, Ben Bella (membre du CNRA) avait proclamé la constitution du bureau politique du FLN qui aurait recueilli les deux tiers des voix du CNRA », a ajouté Me Haroun, faisant observer que le groupe de la Kabylie s’était opposé à cette désignation. Me Haroun a précisé que « pour certains, il n’y pas eu d’élection, alors que d’autres avaient soutenu qu’il y a eu des élections de la part des wilayas 1, 5, 4, 3 et la moitié de la wilaya 2 plus l’état-major pour la désignation des membres du BP du FLN ».
Il a ajouté que les statuts du FLN et des institutions provisoires algériennes prévoyaient le bulletin secret pour le vote, alors que l’abstention n’était pas admise.
« A ce titre, certains ont estimé qu’il n’y a pas eu vote et ce procès-verbal ne pouvait pas constituer la légalisation du BP tel qu’il était présenté », a fait observer cet ancien responsable politique de la fédération de France du FLN, ajoutant que cela avait dégénéré en conflit entre les deux groupes, celui de l’Oranie et de la Kabylie.
« C’est ainsi qu’au mois d’août 1962, les Algériens s’étaient entretués, avant la proclamation d’un cessez-le-feu le 4 septembre de la même année pour permettre au bureau politique de s’installer définitivement à Alger ».
A ce propos, Me Haroun a salué l’esprit ayant prévalu à l’époque, ce qui avait permis de maintenir l’intégrité du territoire algérien et l’unité du peuple algérien.
Toutefois, il a regretté que le groupe vainqueur n’ait « pas dominé sa victoire » dans la mesure où l’Assemblée constituante, qui avait été mise en place, ne comprenait pas toutes les composantes du FLN de la Révolution, a-t-il dit.
Pour Me Haroun, cette option a fait que cette Assemblée constituante n’aura duré que deux années, saluant le consensus ayant caractérisé l’Algérie en 1962 et ce, en dépit de « nombreuses divergences » politiques.