Congrès de l’ONM,Les moudjahidate remontent au front

Congrès de  l’ONM,Les moudjahidate remontent au front

Les maquisardes ont marqué de leur empreinte les travaux du 11e congrès ordinaire de l’Organisation nationale des moudjahidine.

La salle de conférences du Palais des nations a été secouée par deux tempêtes successives. La première a soufflé samedi, à l’ouverture officielle du congrès de l’ONM lorsqu’un groupe de moudjahidate a violemment contesté l’absence de représentantes dans le bureau du congrès. Meriem Belmihoub-Zerdani, qui a mené le groupe de contestatrices, a dénoncé le fait que cette instance provisoire soit composée exclusivement d’hommes.

«Il est malheureux que cinquante ans après l’indépendance, les femmes soient toujours sous-représentées », lancera l’ex-sénatrice. Les moudjahidate ont également déploré qu’aucune femme n’ait été honorée lors de l’ouverture de ce congrès. Contrairement aux hommes, puisque 19 d’entre eux ont été décorés de la prestigieuse médaille Al Ahid de l’ordre du mérite national. Encore un cas flagrant de discrimination négative. La seconde tempête a soufflé, hier, en plein débat, lorsque Fella Ouardia Hadj Mahfoud a ouvertement dénoncé la décadence du pouvoir algérien. «Réveille-toi Bouteflika, regarde ce qu’il y a autour de toi, l’Algérie va mal !», lancera-t-elle du haut de la tribune du Palais des nations. Bouteflika, son absence lors de l’ouverture officielle du congrès a soulevé rancœur et incompréhension. Pourtant, peu de participants osent évoquer publiquement ce problème.

Là encore, il faut aller du côté des femmes pour obtenir une réaction. «Il est navrant que le président n’ait pas donné d’importance à cette rencontre en évitant de la marquer de sa présence. Ce congrès est peut-être la dernière occasion de rassembler la famille des moudjahidine et des moudjahidate. On nous a annoncé samedi que le déjeuner était offert par Abdelaziz Bouteflika. Mais il doit savoir que les maquisards exigent avant tout de la considération et non pas de nourriture», souligne Hassiba Benyellès, moudjahida de la Wilaya I. Pour sa part, Toumya Laribi, plus connue sous le nom de Baya el Kahla, membre du célèbre commando Ali Khodja, ne cache pas son amertume. «Je fais partie de celles et de ceux qui ont donné leur jeunesse pour l’indépendance de l’Algérie. Mais je dois avouer que je suis quelque peu déçue, aujourd’hui, lorsque je constate le résultat. On nous a volé notre combat. La France, l’OAS et les harkis ont laissé leurs représentants dans notre pays. Moi je suis trop fatiguée pour les combattre, c’est aux jeunes de reprendre le flambeau.» D’autres moudjahidate se veulent plus optimistes. A l’instar de Houria Zerafi, Houria Merdaci et de Fatiha Morceli. Pour elles, le plus important est que l’Algérie ait réussi à s’extirper du joug du colonialisme et que les jeunes générations puissent vivre dans un pays libre. «Beaucoup de choses ont été réalisées ces cinquante dernières années. Mais il est vrai que nous aurions pu faire de l’Algérie un pays plus développé encore», ont-elles soutenu. Les moudjahidate gardent encore espoir.

T. H.