Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, a présenté ce mercredi devant la Commission de la santé, des affaires sociales et de la solidarité nationale du Conseil de la Nation, un bilan détaillé des prestations sociales liées à la maternité, tout en défendant un ambitieux projet de réforme du congé de maternité.
Selon les chiffres officiels, environ 131 000 femmes ont bénéficié des indemnités journalières de congé maternité en 2024, soit une augmentation marquée par rapport à 2013, où 94 000 mères en avaient profité. Les dépenses associées ont atteint 26,5 milliards de dinars en 2024, contre 9,8 milliards en 2013.
Pour améliorer la prise en charge médicale des femmes enceintes, les caisses de sécurité sociale ont alors signé 276 conventions avec des cliniques spécialisées en obstétrique (172 par la CNAS et 104 par la CASNOS). En parallèle, un nouveau service numérique a été mis en place via la plateforme “El Hanaa”, permettant aux salariées de déclarer et gérer leur congé maternité à distance.
Une réforme ambitieuse : cinq mois de congé maternité rémunéré à 100 %
Fayçal Bentaleb a également dévoilé les grandes lignes d’une réforme législative sans précédent : le congé maternité passerait de 98 à 150 jours, avec maintien total du salaire. Ce changement, qui dépasse les standards de l’Organisation internationale du travail (OIT), est présenté comme un engagement fort du président Abdelmadjid Tebboune, visant à faire de la protection de la maternité un pilier de la politique sociale.

Ainsi, en cas d’adoption, cette réforme positionnerait l’Algérie parmi les pays les plus avancés au monde dans ce domaine, devant de nombreuses nations européennes ou arabes. Parmi les nouveautés prévues dans le texte de loi :
- 150 jours de congé maternité intégralement rémunérés (au lieu de 98),
- Inclusion de cette période dans le calcul des droits à la retraite,
- Maintien des autres prestations sociales durant le congé,
- Démarches digitalisées via la plateforme “El Hanaa”.
Des mesures humaines pour les enfants en situation médicale délicate
Le projet de loi ne s’arrête pas à l’allongement standard. Il prévoit des dispositifs spécifiques pour les mères dont les enfants nécessitent une attention médicale renforcée (maladies graves, handicaps, soins lourds). Dans ces cas exceptionnels :
- Une première prolongation de 50 jours sera accordée immédiatement après les 150 jours initiaux.
- Une seconde extension, en fonction de l’évolution de l’état de l’enfant, pourrait aller jusqu’à 165 jours supplémentaires.
Au total, certaines mères pourraient bénéficier d’un congé de maternité allant jusqu’à 365 jours dans les situations les plus critiques, sans perte de salaire ni interruption des droits sociaux.
Cette réforme, si elle est votée, marquera alors un tournant historique dans la législation sociale algérienne. Elle traduit la volonté de placer les femmes et la famille au cœur des priorités nationales, dans un contexte où la natalité et le bien-être infantile sont des enjeux essentiels.