A en croire Europe 1, la radio française, un départ du colonel aurait été évoqué par son propre camp lors des négociations à Djerba, entre le régime de Kaddafi et les rebelles libyens, alors que sur le terrain, face à l’avancée des rebelles, l’armée libyenne aurait tiré un missile Scud.
Alors que la confusion régnait autour de la tenue même des pourparlers à Djerba, selon la radio française Europe 1, non seulement les pourparlers ont eu lieu, mais ils seraient suffisamment avancés pour qu’un départ de Kaddafi soit évoqué par son propre camp, qui négocierait les conditions concrètes de ce départ. D’après la radio, qui cite «des sources proches des rebelles», Kaddafi pourrait quitter le pouvoir mais aussi le pays. A ce propos, des représentants du gouvernement libyen et les rebelles poursuivaient encore hier leurs négociations sur l’île tunisienne de Djerba, ont rapporté des médias, citant une source proche des pourparlers. Aussi, selon un journaliste de la radio tunisienne Mosaïque FM, ces discussions réunissent deux représentants du gouvernement libyen, dont un haut responsable militaire et deux membres du Conseil national de transition (CNT, rébellion). En outre, des émissaires du président vénézuélien Hugo Chavez sont également présents, a fait savoir la même source. Ces pourparlers avaient débuté dimanche «dans un hôtel de Djerba sous haute garde», avait dit une source proche des services de sécurité tunisiens. Ainsi, au moment où rebelles libyens enregistrent l’une de leurs plus importantes percées depuis le début du conflit il y a six mois en affirmant, avant-hier, prendre le contrôle de trois villes clés sur la route de Tripoli, une situation de confusion règne autour de pourparlers qui se sont tenus à Djerba (Tunisie) en début de semaine entre des représentants de Tripoli et ceux de Benghazi en Tunisie. Des discussions auxquelles aurait pris part l’envoyé spécial pour la Libye du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, le Jordanien Abdel Ilah Khatib, arrivé lundi à Tunis. Néanmoins, à New York, l’ONU a démenti une quelconque participation, assurant ne disposer d’«aucune information concrète concernant des pourparlers qui auraient lieu en Tunisie entre le Conseil national de transition (CNT) et les autorités de Tripoli». Un démenti que viendra se faire également à Benghazi, capitale de la rébellion libyenne. En effet, le vice-président du CNT libyen, Abdel Hafiz Ghoga, a démenti toute discussion avec le régime, «que ce soit en Tunisie ou ailleurs». Pourtant, selon une source proche de la sécurité tunisienne, des pourparlers ont bel et bien eu lieu dimanche dernier entre rebelles et représentants du régime à Djerba en Tunisie, et une source aéroportuaire a affirmé qu’un jet tri réacteur sud-africain y était stationné près de deux hélicoptères qataris.
Le CNT espère une victoire «avec la fin du ramadhan»
Mansour Saïf El-Nasr, le représentant en France du Conseil national de transition libyen (CNT), affirme que le conflit libyen entre «dans une phase décisive» et dit espérer une victoire des rebelles libyens «en même temps que la fin du ramadhan», fin août. Aussi, le représentant du CNT libyen en France affirmera dans une interview à Radio France Internationale, diffusée mardi que «nos forces contrôlent totalement Zawiyah qui ouvrira la porte vers Tripoli. Ceci permettra à la population de s’y révolter. (…) Nous entrons dans une phase décisive, bientôt nous libérerons tout le sud de la Libye. Nous espérons fêter la victoire finale en même temps que la fin du ramadhan».
Sur le terrain, la rébellion libyenne ressert l’étau autour de tripoli après avoir affirmé contrôler la «majeure partie» de Zawiyah, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli ainsi que les villes de Gharyane et Sorman, situées respectivement à 50 km au sud et à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale libyenne. Selon le commandant rebelle Abdoul Hamid Ismaïl à Zawiyah, la bataille, qui a fait rage durant la nuit, a permis aux rebelles de repousser les forces pro-Kaddafi à la périphérie est de la ville. Cinq insurgés ont été tués. En outre, selon un porte-parole de la rébellion, les insurgés contrôlent aussi les 15 km de route entre Zawiyah et Sorman, ce qui prive la capitale de sa voie habituelle d’approvisionnement depuis la Tunisie. A Tripoli, le porte-parole du régime Moussa Ibrahim a reconnu dimanche dernier que des combats avaient lieu à Gharyane et à Sorman, tout en se disant confiant dans la capacité du régime à repousser les attaques. Le porte-arole de Tripoli affirmera également que les troupes gouvernementales avaient repris le contrôle de Touarga, localité située à une quarantaine de kilomètres au sud de l’enclave rebelle de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, et prise ces derniers jours par les combattants insurgés. Pour les Etats Unis, «il devient de plus en plus clair que les jours de Kaddafi sont comptés, que son isolement est de plus en plus important chaque jour», dira la porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.
Les pro-Kaddafi auraient lancé un missile Scud
Les forces pro-Khadafi auraient lancé dimanche dernier un missile balistique Scud sur des positions rebelles depuis le fief du dirigeant libyen à Syrte qui s’est écrasé dans le désert sans faire de victime, a affirmé avant-hier un haut responsable américain de la Défense. «Nous pensons qu’il visait Brega», une ville située à 240 km au sud-ouest de Benghazi partiellement tombée sous le contrôle des rebelles lundi, selon ce haut responsable sous couvert d’anonymat, selon qui le missile a raté sa cible d’environ 80 km. Si cette information venait à être vraie, il s’agira alors du premier tir connu de ce type de missile depuis le début de l’intervention internationale en Libye le 19 mars dernier. A noter que les forces libyennes ont acquis 240 Scud-B en 1976, un missile balistique de courte-portée produit par l’Union soviétique, selon la revue spécialisée Jane’s.
Washington se félicite de la progression des rebelles
«Nous sommes très encouragés par la progression des rebelles», c’est ce qu’a déclaré à la presse la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, faisant référence aux percées que les insurgés ont réalisées notamment à Zawiyah.
C’est là une déclaration qui dénote de la satisfaction des Etats-Unis face à l’avancée de la rébellion libyenne en route vers Tripoli. Pourtant, ces derniers jours Washington s’est montré peu optimiste sur le conflit libyen. Par ailleurs, dans un effort pour soutenir le pays, les Pays-Bas ont annoncé avant-hier avoir débloqué 100 millions d’euros d’avoirs libyens gelés pour les mettre à la disposition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour des achats de médicaments à destination de la population libyenne.
Par Lynda N. Bourebrab