La multiplication des conflits entre la commission nationale de surveillance des élections (CNSEL) et le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales sur les préparatifs des législatives du 10 mai prochain ne fait pas l’unanimité chez les partis politiques.
Les avis sont partagés. Certaines formations estiment qu’il faut respecter et prendre en considération les décisions des avis des membres de cette commission pendant que d’autres s’interrogent sur les raisons de ces conflits perpétuels. «C’est une fausse polémique», dira Kassa Aïssi, porte-parole du FLN. «Le gel des activités de la commission est un fait anormal.
Ça devient ridicule», a-t-il dit. «On n’a pas encore compris si c’est une commission ou un syndicat !» s’est-il interrogé. Pour lui, c’est au ministère de l’intérieur «de définir les caractéristiques du bulletin de vote et de mettre les signes distinctifs aux partis participants». Favorable à la formule d’un bulletin pour chaque parti avec l’attribution de numéros comme signe distinctif, le FLN estime que c’est la meilleure manière de reconnaître les candidats», car c’est un vote pour le candidat et non pas pour le parti». Kassa Aïssi impute ces conflits au nombre important des membres de cette commission et aux partis nouveaux «n’ayant pas une grande expérience dans l’organisation des élections».
«C’est la règle de la démocratie par le nombre et non pas par la représentativité qui règne dans le fonctionnement de cette commission», a-t-il dit. «On ne sait plus si les membres de la commission n’ont pas bien compris le contenu de la loi ou si cette fausse polémique vise d’autres objectifs inavoués», a-t-il ajouté, soulignant que la CNSEL peut se référer à la justice pour mettre un terme à ces problèmes. Miloud Chorfi, porte-parole du RND, dit que son parti a opté pour la formule «un bulletin pour chaque parti».
Il estime que le conflit a ressurgi sur des «questions techniques relevant tout d’abord des prérogatives du ministère de l’intérieur», a-t-il précisé. Pour lui, cela n’empêche pas que la commission soit «souveraine» et «a l’aptitude de prendre les décisions qui lui semblent bonnes». Amara Benyounès, secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA) se dit «solidaire» avec la commission dans sa position, «mais il ne faut pas que ses demandes se transforment en exigences», a-t-il souligné.
En se prononçant en faveur d’«un bulletin pour chaque parti», M. Benyounès estime que «ce détail n’est pas un point très grave qui nécessite tout ce bruit». Tout en précisant que le gel répété du travail de la commission «n’est pas une façon de travailler»,
le SG du MPA a critiqué les réactions de certaines formations politiques qui ont crié à la fraude si le ministère campait sur sa décision. «Quelle que ce soit la formule retenue, bulletin unique ou un bulletin pour chaque parti, ça n’aura aucun incidence sur la transparence des élections. Ça n’a absolument rien à voir», a-t-il dit, en soulignant que «le MPA s’oppose catégoriquement à l’indemnisation des membres de cette commission».
Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), dira que cette commission représente les partis politiques, et par conséquent, «ce n’est pas à l’administration de décider et d’imposer son diktat au risque de porter atteinte à la crédibilité du scrutin». Pour lui, la position de l’administration n’a jamais été claire envers cette commission depuis son installation.
Le président du FNA plaide pour un bulletin unique pour tous les partis «et ça a été l’avis de la majorité sauf si l’administration veut avantager un parti au détriment d’un autre». Le même avis a été prononcé par le Parti des travailleurs (PT) et le Front du changement (FC), estimant que le bulletin unique permettra «une plus grande transparence» du scrutin. Pour Mme Hanoune, «le bulletin unique est un minimum pour assurer une transparence et une crédibilité à l’opération électorale».
Pour Abdelmadjid Menasra, président du (FC), «ce système de vote garantira l’honnêteté du scrutin de mai prochain. Il estime que «le bulletin unique, portant les noms et les numéros des listes électorales, permettra de couper la route à certaines puissances d’argent qui se préparent à acheter les voix des électeurs».
Par Nouria Bourihane