Conflit entre l’Onil et les transformateurs,Les pouvoirs publics font marche arrière sur le lait

Conflit entre l’Onil et les transformateurs,Les pouvoirs publics font marche arrière sur le lait

Le bras de fer ayant opposé pendant plus de deux mois l’Office national interprofessionnel du Lait (Onil) à une dizaine de transformateurs semble aller vers un dénouement.

En fait, cette sortie de crise qui commence à se profiler n’aurait pu avoir lieu sans la rétractation des pouvoirs publics, lesquels ont fini par accepter de prolonger de 9 mois la date butoir faisant obligation aux unités de transformation d’intégrer du lait cru dans la production du lait en sachet.

Initialement prévu pour le 1er janvier 2011, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a déclaré hier sur les ondes de la Radio nationale que sur les 111 laiteries privées concernées par l’intégration du lait cru, 42 d’entre elles utilisent exclusivement de la poudre de lait. «Afin d’éviter une crise du produit sur le marché, le ministre a fait savoir que l’Onil continuera «à approvisionner ces laiteries en poudre en attendant qu’elles mettent la machine en marche en commençant à collecter du lait cru. Pour cela, nous avons décidé de prolonger la date butoir de la mise en application du nouveau dispositif jusqu’au mois de septembre 2011», a-t-il révélé. En réalité, l’Onil avait pris les laiteries au dépourvu en leur fixant une date limite pour se conformer aux nouvelles mesures mentionnées dans les cahiers des charges élaborés à ce propos. Cette situation qui a mis les transformateurs dos au mur a fini par les faire réagir.

Les patrons de certaines laiteries ont aussitôt brandi la menace de recourir à l’arrêt de production en réponse à la mesure prise à leur encontre. Une fois passés à l’action, soit en arrêtant les machines de production ayant causé des pénuries dans l’offre, les pouvoirs publics se sont rétractés et ont finalement décidé d’accorder un sursis à ces laiteries récalcitrantes en attendant qu’elles se conforment aux nouvelles mesures.

Sur un autre registre, le ministre a prévu que la facture alimentaire du pays se stabilisera autour de 5 milliards de dollars, au moment où elle était de 8 milliards en 2008. Une baisse de la facture qui est due essentiellement grâce à la bonne production enregistrée ces dernières années notamment en matière de céréaliculture. Au passage, Benaïssa a salué les efforts consentis par les différents acteurs de la filière en appelant les autres filières à s’organiser et à réaliser pour leurs parts de bons résultats.

La concession agricole a également été abordée par le ministre. Sur cette question, il a révélé qu’avant même que la nouvelle loi régissant le foncier agricole ne soit publiée sur le Journal officiel, l’organisme en charge de recevoir les demandes de concession a enregistré 70 000 demandes sur un total de 218 000 exploitations concernées par la loi. Par contre, il reste que 11 900 concessions pausent problèmes et ne pourront éventuellement pas être traitées avant la date limite de dépôts des dossiers, à savoir février 2012, puisque ce sont des dossiers qui sont entre les mains de la justice.

Un dernier dossier effleuré par Benaïssa en réponse à la question de la journaliste, est celui de l’effacement des dettes. Le ministre a répondu que «le dossier est clos». Une façon de dire que les 10 000 fellahs dont parle l’Union des paysans (UNPA) ne seront pas concernés par l’épongement des dettes. Il s’agit essentiellement de pépiniéristes, d’aviculteurs, de propriétaires de huileries et de spécialistes du machinisme agricole, lesquels devront rembourser leurs banques.

Par Hafid Mesbah