Après plusieurs semaines d’intenses combats, l’armée syrienne est parvenue hier à reprendre le contrôle de Qousseir, bastion des rebelles depuis plus d’un an. Une victoire concluante pour Bachar El Assad, au moment où une réunion préparatoire s’est ouverte à Genève, consacrée à une conférence de paix internationale sur la Syrie ravagée depuis plus de deux ans par une sanglante révolte.
Au bout de combats acharnés lancés il y a près de trois semaines, l’armée appuyée par le mouvement libanais du Hezbollah, «a rétabli à l’aube la sécurité dans la totalité de la ville de Qousseir et la nettoyer des terroristes», a indiqué l’agence de presse syrienne Sana. Un grand nombre de rebelles se sont rendus après que l’armée eut détruit «les tunnels où se cachaient» les rebelles, précisera l’agence. L’armée régulière qui promet d’«écraser» ces insurgés à travers le pays a également «désamorcé des dizaines de bombes posées par les terroristes dans les maisons et les rues pour entraver l’avancée de l’armée», ajoutera la même source.
Et de souligner dans ce contexte que de nombreux «terroristes» ont été tués au cours des opérations militaires, lancées le 19 mai, a ajouté Sana, et de préciser à ce sujet que les troupes gouvernementales ont tout détruit. La récupération de Qousseir est certainement d’un tournant capital pour Bachar El Assad qui, plus encore que l’avait été déjà la chute du quartier de Baba Amr à Homs en février 2012, en sort grandi et conforte sa position de force pour les négociations au moment où l’ONU, la Russie et les Etats-Unis tentent d’organiser à Genève une conférence de paix internationale sur la Syrie.
Ainsi, peu après l’annonce de sa victoire à Qousseir, l’armée syrienne a promis d’«écraser» les rebelles à travers le pays. «Après les exploits successifs dans la guerre contre le terrorisme organisé, nos forces armées affirment qu’elles n’hésiteront pas à écraser les hommes armés, où qu’ils soient et dans chaque recoin du territoire syrien», a-t-elle affirmé dans un communiqué. «Notre bataille contre le terrorisme se poursuit pour ramener la sécurité et la stabilité sur chaque parcelle de notre territoire», ajoute le texte, publié par l’agence Sana.
Dans le même temps, l’armée a promis de «faire preuve de clémence envers ceux qui baissent les armes, fuyant Qousseir ou tout autre lieu en Syrie». Elle a appelé «les citoyens de Qousseir à rentrer sans inquiétude dans leurs foyers dans quelques jours», assurant que «des civils ont été évacués de Qousseir et que les blessés sont soignés».
Située dans la province centrale de Homs, la région de Qousseir est hautement stratégique pour le régime car elle relie la capitale, Damas, au littoral. Pour les rebelles, son importance était tout aussi cruciale puisqu’ils y recevaient des renforts en hommes et en armes via la frontière libanaise. En récupérant Qousseir, c’est toute la région de Homs qui repasse sous le contrôle du régime de Damas. Pour sa part, le président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a indiqué hier que «face à la puissance de feu des troupes du régime et aux combattants du Hezbollah …les rebelles ne pouvaient pas résister longtemps». «C’était une guerre d’usure» et «ils avaient beaucoup de blessés», a-t-il ajouté. «C’est un round que nous avons perdu», a reconnu de son côté la Commission générale de la révolution syrienne sur Facebook.
La conférence de Genève en juillet
Prévue initialement en juin, Genève 2 se tiendra en juillet prochain selon l’émissaire international Lakhdar Brahimi. Durant la matinée d’hier, au moment où l’armée syrienne récupérait la ville de Qousseir, se tenait au Palais des nations à Genève une réunion préparatoire tripartite ONU/Russie/Etats-Unis consacrée à une conférence de paix internationale sur la Syrie. L’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe, l’Algérien Lakhdar Brahimi, ainsi que des représentants russes et américains ont de ce fait discuté des voies et moyens de faire avancer les préparatifs pour la conférence internationale sur la Syrie dite Genève «2», initiée par Moscou et Washington afin de trouver une solution politique à la crise dans ce pays. Le gouvernement syrien a donné son accord de principe pour participer à cette conférence, tandis que l’opposition exige au préalable notamment la démission du président Bachar El-Assad et l’arrêt des combats. Le conflit en Syrie a fait depuis mars 2011 plus de 94 000 morts et provoqué le déplacement de 4,25 millions de personnes, selon les estimations de l’OSDH.
Par Lynda Naili Bourebrab