L’armée syrienne et les rebelles ont conclu ces derniers jours des armistices dans la majorité des localités autour de Damas, dont le dernier en date lundi à Babbila, alors qu’à Genève les négociations se sont soldées par un échec.
Image inimaginable il y a encore quelques jours: selon une journaliste de l’AFP des soldats en uniforme et des rebelles armés portant la barbe, un keffieh noir sur la tête, chaussés de baskets et vêtus d’un treillis, faisant la conversation. Après plus d’un an et demi de batailles féroces dans et autour de la capitale, les forces armées syriennes et les rebelles sont arrivés à un compromis au terme duquel aucun des belligérants ne peut clamer victoire. Ces trêves ont été négociées par des personnalités politiques ou des hommes d’affaires originaires de ces localités. Une source au sein des services de sécurité ainsi que les rebelles ont assuré que l’accord permet l’entrée de nourriture dans ces localités assiégées frappées par la disette et en échange les rebelles ont rendu leurs armes lourdes et hissé le drapeau officiel syrien à la place de l’étendard de la révolution. Jusqu’à présent les accords concernent à Damas les quartiers de Barzé et le camp palestinien de Yarmouk, et dans la proche banlieue, Qoudsaya (nord-est), Mouadamiyat al-Cham (sud-ouest), Beit Sahem et Yalda (sud), et dernièrement Babbila (sud). Des négociations sont en cours de finalisation à Harasta, ce qui n’est pas encore le cas à Daraya (sud-ouest) et à Douma (nord-est). Une journaliste de l’AFP, qui s’est rendue lundi avec l’Armée à Babbila, complètement ravagée par les bombardements et les incendies, a vu des dizaines d’habitants crier: «Un, Un, un, le peuple syrien est un». Dans la rue principale, tous les bâtiments sont endommagés, a-t-elle constaté. Les rebelles, toujours présents dans la ville, devraient bénéficier d’une amnistie gouvernementale, dans le cadre de l’accord.
Lundi, ils ont scandé «Syrie libre» lorsque les forces armées syriennes ont hissé le drapeau officiel syrien sur le toit de la municipalité, qui fut un de leurs bastions. Les soldat, ont rétorqué «Dieu protège l’Armée». Sur les murs de Babbila, des graffitis appellent à la libération des prisonniers des geôles gouvernementales. Tandis que les bulldozers retiraient les gravats des rues, le gouverneur de la province de Damas Hussein Makhlouf a assuré que tous les services publics détruits seraient remplacés. «Nous pouvons sentir que les fils de la nation sont à nouveau réunis», a-t-il dit avant de blâmer les «étrangers» pour la violence. En janvier, le président Bachar al-Assad avait affirmé à l’AFP que ces accords locaux «étaient plus importants que Genève».
Les négociations en Suisse n’ont abouti à rien en raison du dialogue de sourds entre le régime et l’opposition. Mais à Babbila, les habitants affamés semblent satisfaits du compromis.
L’un d’eux visiblement épuisé a confié: «cela va me permettre d’acheter à manger. J’espère que la trêve va fonctionner». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les rebelles et les loyalistes ont établi des postes de contrôle communs dans certaines localités, comme à Qoudsaya. La guerre civile, qui va bientôt entrer dans sa quatrième année, a fait 140.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés.
Les activistes ont souligné aussi que ces trêves sont intervenues après que l’Armée eut imposé un siège total sans réussir toutefois à contrôler ces proches de résistance et que les rebelles n’ont pas pu s’emparer de la capitale. Un activiste de Damas, qui déclare se dénommer Adam, a affirmé que ces accords sont largement soutenus par les habitants car ils ont perdu leur logis et payent un prix exorbitant pour se nourrir.
Il a ajouté que même les rebelles qui voulaient se battre jusqu’au bout ne s’y sont pas opposés en voyant le «chaos» qui règne dans leurs rangs. «Mais, il y a une différence entre trêve et réconciliation. Il n’y a pas de réconciliation, en tout cas pas encore».