Dans l’attente d’une solution politique du conflit, l’armée sud-soudanaise tente de reconquérir les villes prises par les rebelles
A l’approche d’un sommet, demain à Juba, sur le conflit qui ravage depuis mi-décembre le pays, les médiateurs ont soumis aux belligérants deux projets d’accord visant à mettre un terme aux combats.
Les deux textes, prévoient, pour l’un, un engagement des parties à cesser les hostilités, et pour l’autre, la libération de 11 responsables politiques emprisonnés depuis le début des combats, le 15 décembre à Juba, entre les forces loyales au président Salva Kiir et les partisans de son ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet. La libération des 11 détenus est l’un des points de blocage des pourparlers en cours à Addis-Abeba, sous la médiation de l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), bloc de sept pays est-africains, les partisans de Riek Machar exigeant leur libération avant tout cessez-le-feu. Les chefs d’Etat de l’Igad, dont le président soudanais Omar El Bechir, sont attendus demain à Juba, a confirmé hier le porte-parole du ministère sud-soudanais des Affaires étrangères, Mayen Makol. Il n’a pas précisé si figurait à l’ordre du jour la signature des projets d’accords destinés à mettre fin aux combats, qui ont fait des milliers de morts et un demi-million de déplacés en un peu plus d’un mois. La fin des combats est crucial pour le Soudan, dont l’économie dépend largement des redevances tirées du passage dans ses oléoducs du brut sud-soudanais. Depuis la partition du Soudan et l’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, à l’issue d’une longue guerre civile (1983-2005) entre pouvoir soudanais et rébellion sudiste, Khartoum a perdu le contrôle de 75% de ses ressources pétrolières. Le premier projet d’accord sur la cessation des hostilités prévoit que les belligérants s’engagent à «cesser immédiatement toutes les opérations militaires et à geler leurs forces à l’endroit où elles se trouvent», à «s’abstenir de toute action pouvant conduire à une confrontation militaire» et à cesser toute «campagne médiatique et de propagande». Le texte spécifie également que les parties au conflit doivent «s’abstenir d’attaquer les populations civiles (…) de commettre des viols, des violences sexuelles et des tortures (…) de se livrer à des violences contre les enfants, les fillettes, les femmes et les personnes âgées», et cesser «les exécutions sommaires, les déplacements de population». Selon l’ONU, de nombreuses atrocités, dont des crimes de guerre, ont été commises par les deux camps contre les populations civiles, dont des tueries à caractère ethnique. A la rivalité politique, au sein du régime issu de l’ex-rébellion sudiste, entre MM.Kiir et Machar, se greffent les antagonismes – également hérités de la guerre civile – entre les peuples Dinka et Nuer, dont sont respectivement issus les deux hommes. Le second projet de texte prévoit que les deux parties vont exhorter le président Kiir à «gracier et libérer (…) afin de leur permettre de participer au dialogue» 11 hauts responsables sud-soudanais arrêtés au début des combats à Juba, sous l’accusation de tentative de coup d’Etat. «Les parties acceptent de mettre en place un processus de réconciliation nationale ouvert à tous, dans lequel les détenus et autres acteurs politiques ont un rôle important à jouer», poursuit le texte. Lundi, le président Salva Kiir avait estimé que «la grâce présidentielle et des amnisties générales devaient faire partie des efforts de paix», tout en souhaitant que «l’enquête sur (l’origine de) la crise se poursuive et que ceux qui ont commis des atrocités en répondent». «Nous allons devoir tenir un dialogue national politique et de paix dans le pays, avec la participation des suspects dans le coup d’Etat raté», avait-il expliqué, restant vague sur les suites judiciaires à leur égard.