Confidences de touristes Français à Tikjda: “Les Algériens sont un peuple digne”

Confidences de touristes Français à Tikjda: “Les Algériens sont un peuple digne”

De nombreuses familles, venues essentiellement des wilayas d’Alger, de Tizi Ouzou, de Boumerdès et de Béjaïa, ont fait le déplacement à Tikjda, dans le but de passer la fin des vacances scolaires. Ambiance.

“Le Seigneur vous a doté d’un paradis terrestre ! Nous avons voyagé un peu partout dans le monde, mais un site comme celui de Tikjda, nous en avons rarement vu”, attestent Raymond et Agnès, un couple de touristes français, rencontrés samedi dernier à Tikjda, qui culmine à 1 478 mètres d’altitude.

Raymond et son épouse Agnès sont un couple de retraités originaires de la ville de Wolfisheim, située à la périphérie de Strasbourg (est de la France), qui séjournent depuis une quinzaine de jours en Algérie. “C’est notre amie Amel qui nous a invités chez elle à Tizi Ouzou, plus exactement à Michelet (Aïn El-Hammam, ndlr), une très belle ville”, dira Agnès tout sourire. Son mari enchaînera en déclarant que “la semaine passée nous étions à Béjaïa et nous ne voulions pas rentrer chez nous sans visiter Tikjda, et je peux vous dire qu’on ne regrette pas le détour. C’est tout simplement merveilleux.”

“Visiter l’Algérie, c’est combattre la peur”

Nos interlocuteurs affirment avoir déjà visité l’Algérie dans les années 1980 et qu’ils en gardent bien des souvenirs. “Cette ville de Bouira était un immense champ de blé. Il n’y avait ni bâtiment ni route ; c’était la nature à l’état sauvage”, s’est remémoré Raymond avec un brin de nostalgie. Et d’ajouter : “Cela a bien changé. C’est devenu une grande ville. Mais une chose n’a pas changé, c’est bien l’accueil chaleureux des gens, les Algériens, et plus particulièrement en Kabylie, sont très accueillants.” Agnès lui emboîtera le pas en qualifiant les Algériens de “peuple digne”, une remarque qui a fait tilt dans notre esprit effet  et nous a poussés à en savoir plus sur cette “dignité”, cette particularité algérienne, selon Agnès.

“Digne et courageux dans la mesure où tout ce que vous avez traversé comme épreuves, vous n’avez jamais baissé les bras. À Strasbourg où la communauté algérienne est forte, on ressent que vous aimez votre pays quoi qu’il arrive”, a-t-elle dit.  Raymond, qui prenait des photos immortalisant leur passage à Tikjda, évoquera de sa propre initiative l’assassinat de leur compatriote, Hervé Gourdel, qui a été, pour rappel, kidnappé puis exécuté en 2014 par des hordes terroristes, à quelques encablures de l’endroit où ils se trouvaient. “À l’époque, nous avions déjà envisagé de venir ici, mais cet événement nous a aussitôt refroidis. Je ne vous le cache pas, nous avions peur, surtout avec tout ce que nous entendions aux infos”, a-t-il admis. Mais pour notre vis-à-vis, renoncer définitivement à leur voyage en Algérie, serait, pour eux, un “signe de faiblesse”.

“Venir en Algérie, visiter des sites comme Tikjda ou le Sahara, c’est, en quelque sorte, combattre la peur et dire aux terroristes de tous bords : ‘Non, vous ne nous vaincrez jamais’”, martèlera Raymond. “C’est une destination que je vais recommander à mon entourage, car si nous devions nous fier aux médias, nous ne sortirions plus de chez nous et puis, vous avez vu ce qui s’est passé en Belgique et à Paris (…) l’horreur est partout, autant voyager et découvrir le monde”, notera avec optimisme cet Alsacien d’adoption, car, comme il l’a précisé au cours de notre bref entretien, c’est un “Breton de pure souche”, il est originaire de la ville de Quimper (nord-ouest de la France). Au cours de notre conversation avec ces touristes qui semblaient subjugués par la beauté des paysages, un marchand de souvenirs les accoste, afin de leur proposer de repartir avec un “petit quelque chose” de Tikjda matérialisé par un arc factice. Après quelques négociations autour du prix, nos deux retraités repartiront avec leur souvenir en bandoulière. “C’est un cadeau pour ma petite-fille, elle adore la série Arrow”, lancera Agnès.

Tikjda prise d’assaut !

Outre ces deux touristes français, Tikjda accueillait, le week-end dernier, un grand nombre de familles venues essentiellement des wilayas d’Alger, de Tizi Ouzou, de Boumerdès et de Béjaïa, dans le but d’y passer la fin des vacances scolaires. Tout le long de la RN33, reliant les communes de Haizer et El-Esnam à Tikjda, des dizaines de familles pique-niquaient en toute quiétude sur le bord de la route. Le “repas” était somme toute basique, des sandwichs, quelques amuse-gueules et une bouteille de limonade faisaient très bien l’affaire. Mais ce qui comptait réellement, ce n’était pas tant le repas, mais plutôt le décor. Se délecter d’une vue imprenable sur le mont Tikjda, tout emmitouflé dans son burnous blanc, entouré d’une végétation luxuriante et d’un ciel bleu azur. Ne pas en profiter serait une “offense” à Dame Nature ! Lors de notre ascension vers les cimes enneigées, nous apercevions très distinctement le village des Ath Yala, accroché au flanc sud du Djurdjura, mais aussi, le barrage de Tilsedit, qui paraissait incroyablement imposant et nous faisait paraître incroyablement minuscules devant cette gigantesque étendue d’eau.

Fait inédit, les vendeurs de boissons alcoolisées ont laissé place à des commerçants que nous n’avions pas l’habitude de voir à Tikjda, à savoir des “gargotiers” d’un genre particulier. En effet, certains villageois du coin élèvent des cailles qu’il font griller sur commande et sur place. Le temps d’une halte, certaines familles commandent jusqu’à une dizaine de cailles, à la grande joie du vendeur. À 120 DA la pièce, les vendeurs de ces volatiles écoulent, dans une bonne journée, jusqu’à une cinquantaine de ces oisillons. Oui, des oisillons ! Car elles sont toutes petites. Quoi qu’il en soit, les touristes trouvent leur compte et les marchands également. 15 heures, l’affluence à Tikjda est tout simplement à couper le souffle. Se garer relève carrément de l’exploit. Pas une place de libre. Il faut laisser son véhicule à proximité du chalet du Ket, qui était, pour des raisons inconnues, fermé ce jour-là. Les enfants étaient littéralement au septième ciel et s’adonnaient volontiers à des batailles de boules de neige, sous le regard attendri de leurs parents qui les filmaient avec leurs téléphones portables. Les amateurs de la montagne n’ont pas oublié leur ski. Leur équipement à la main, ils partent à la quête d’un espace et d’une poudreuse favorable à la glissade.

RAMDANE BOURAHLA