L’administration continue d’opposer mécaniquement des refus aux demandes d’autorisation pour les activités publiques de l’opposition. La CLTD, qui devait clore hier son cycle de conférences thématiques, s’est vu obligée de se rabattre sur le siège d’Ennahda, le Nadi El-Moudjahid lui étant refusé.
Les autorités ont récidivé. Elles se sont encore illustrées, hier, par leur refus d’autoriser la tenue au Nadi El-Moudjahid d’une conférence thématique de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD). Habitués à ce refus récurrent, après la première interdiction, la semaine passée, de la conférence thématique sur “Le gaz de schiste”, les membres de Cltd se sont rabattus sur le siège d’Ennahda, qui était chargé de préparer cet ultime rendez-vous du cycle des conférences thématiques hebdomadaires lancées le mois avril dernier.
Le thème choisi par la Cltd pour cette conférence, en l’occurrence “La transition démocratique et la réalités des libertés (en Algérie)”, est justifié par cette interdiction. “Le fait de nous interdire de tenir une conférence sur ce sujet précis renseigne, on ne peut mieux, sur la situation des libertés dans notre pays”, a été le commentaire récurrent chez les intervenants à la conférence animée par l’ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi, et Salah Benchouri, enseignant du droit constitutionnel à l’université de Biskra. “Vivons-nous dans un État de droit qui garantit les libertés ?
Le pouvoir en place vient de nous répondre clairement à travers l’interdiction de la présente conférence” a, de prime abord, fait remarquer l’universitaire qui, à travers un propos didactique sur le droit constitutionnel, a démontré comment les libertés sont piétinées sous le régime de Bouteflika.
Pour sa part, M. Rahabi a consacré plutôt son intervention à une étude comparative des historiques changements démocratiques provoqués dans différents pays de par le monde. Il citera, entre autres, les exemples de l’Espagne dont le changement politique fut imposé par le décès du dictateur Franco, ou encore les expériences de la transition démocratique vécues par le Portugal et l’Argentine.
Ces expériences remises au goût du jour, l’ancien diplomate a, en conclusion, recommandé aux acteurs de la Cltd de tenter d’imposer certaines conditions nécessaires pour éviter de retourner à l’ancien système, si le changement souhaité arrive à être réalisé.
Le RCD, représenté à cette occasion par Ouamar Saoudi, secrétaire national chargé de l’économie, a, par ailleurs, décliné sa feuille de route pour réussir la transition démocratique. À la veille du congrès de l’opposition annoncé pour le 6 juin prochain, le RCD préconise, entre autres, la promulgation d’un nombre de lois dont celles devant porter sur “la décentralisation et les élections”, sur “les partis et les syndicats”, ou encore sur “une loi sur l’éducation”. Le RCD propose également d’aller vers la promotion des langues populaires dont tamazight, la révision du code la famille, mais aussi la mise en place d’“une commission de vérité et de la justice”. M. Saoudi a expliqué que cette commission sera conçue pour “faire la lumière sur la question des disparus forcés et, par ricochet, mettre fin à l’impunité”.
Le RCD milite, par ailleurs, pour un système politique parlementaire. Dans leurs interventions respectives, les représentants des différents partis composant la Cltd n’ont pas manqué d’égratigner les tenants du pouvoir actuel auxquels ils imputent tous les maux affectant la situation du pays.
F.A.