Les membres de la coordination ont souligné que le fléau de la corruption “s’est généralisé”. Pour Mohcine Belabbas, président du RCD, “la première corruption est le trucage des élections”.
Dans le cadre des conférences thématiques qu’anime la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), celle ayant pour thème la corruption a eu lieu, hier. Prévue initialement à l’auditorium Azzedine-Medjoubi, la rencontre a été interdite par les autorités, d’où le choix des responsables de la CLTD de se rabattre sur le siège de la formation de Djaballah pour l’organiser. Les initiateurs estiment que le thème choisi par la CLTD “fait peur” aux tenants du pouvoir.
Ils ont, à l’unanimité, souligné que le fléau de la corruption “s’est généralisé” et qu’“il est devenu un sport national”.
Pour Mohcine Belabbas, président du RCD, “la première corruption est le trucage des élections”. Un avis que partagera Dhouibi, président d’Ennahda, en ajoutant qu’on ne peut “assurer un contrôle avec un Parlement issu d’une fraude massive”. Ils ont appelé “à la mise sur pied d’une commission indépendante” pour l’organisation d’élections. M. Belabbas a ajouté que les élections en Algérie se font sur un même schéma : celui de la fraude depuis 1962. La source de cette corruption “est le pouvoir”, a-t-il précisé, soulignant que “la corruption reste l’unique paramètre de promotion au sein du pouvoir”. Le chef du RCD a estimé que la lutte contre la corruption “passe par le départ de ce système”. Un avis que partagent ses alliés de la CLTD. Il a appelé, par ailleurs, “à ouvrir des enquêtes concernant la gestion de tous les ministères depuis 1999”, dont le but, a-t-il indiqué, “est de situer les responsabilités de tout un chacun”, ainsi que le jugement des coupables et de prouver l’innocence des autres.
Pour lui, les Algériens “considèrent que tous les ministres sont corrompus”. De ce fait, “il faut instruire la justice afin de clarifier les choses”. Il n’a pas manqué d’ironiser sur la situation en déclarant qu’en Algérie, “la corruption se pratique sous le haut patronage”, rappelant qu’un ancien ministre a été cité dans l’affaire Khalifa, mais “qui a fini par être désigné à la tête du Conseil constitutionnel”. Pour lui, “la justice qui a cité Chakib Khelil comme accusé dans l’affaire Sonatrach n’a pas été du goût de plusieurs hauts responsables”. Abdallah Djaballah, président du FJD, a souligné dans son intervention, axée sur une approche académique sur le fléau de la corruption, que les instruments de contrôle sont entre les mains du Président. Il considère que la corruption trouve ses racines dans la Constitution “à travers ses approximations du législateur”.
Djaballah a traité plusieurs aspects de la corruption. Il a commencé par présenter “l’absence de lois qui situent les responsabilités de l’État et de ses hommes”.
Cette situation a induit, selon lui, le rétrécissement du champ de manœuvre de l’opposition qui doit être un instrument de contrôle. Évoquant les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, Djaballah a estimé que ces pouvoirs sont devenus de simples fonctions soumises au bon vouloir du chef de l’État qui en dispose à sa guise. “Les gens du pouvoir ne voient en l’argent public qu’une source d’enrichissement, et dont ils sont prioritaires à s’en servir”, a-t-il ajouté, soutenant qu’une commission indépendante pour l’organisation d’élections libres et honnêtes “reste un instrument fiable pour combattre la corruption politique”. Même réaction chez les autres membres de la CLTD qui ont appuyé la mise sur pied de cette commission, qui est une revendication de la coordination depuis la rencontre de Mazafran en juin écoulé.
M.M.