Une «nouvelle dynamique globale» pour faire face à la corruption qui étend ses tentacules s’impose, a affirmé hier Brahim Bouzeboudjen, directeur de l’Instance nationale de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPLCC) lors de la conférence organisée au Palais des nations dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la corruption. Le ton est ainsi donné.
Plus que jamais, la corruption de laquelle naissent d’autres phénomènes aussi dangereux que le crime organisé, constitue une menace réelle, a mis en garde hier le directeur de l’INPLCC. La meilleure parade, estime l’orateur, est de l’attaquer dans ses racines. Pour relever ce défi de taille, l’INPLCC a tracé son programme. Les priorités sont fixées : entamer une évaluation générale, faire des études approfondies et réaliser des enquêtes et des sondages, Tout ce travail a un seul objectif, l’élaboration d’une cartographie de la corruption qui nécessite, notamment, de «nouvelles techniques de contrôle». Pour ce volet, M. Bouzeboudjen préconise de «procéder à des audits des marchés publics». L’urgence ne se limite pas à ce niveau, puisqu’il préconise de «voir si notre réglementation est au diapason avec les normes internationales et veiller à ce que la mise en œuvre de ces réglementations soit correcte». Les Douanes et les Impôts, «en contact quasi permanent avec les citoyens et les secteurs économiques», ouvriront le bal de ces auditions, est-il annoncé. Il fera aussi remarquer que «parfois on est confronté à l’abus de la bureaucratie qui constitue une des parties de la corruption». Doit-on moderniser l’administration ? Oui, répond le directeur de l’INPLCC dans la mesure où cela constitue «un acte permanant de la lutte contre ce fléau». La mission assignée à cette instance n’est pas des moindres. M. Brahim Bouzeboudjen en est conscient. A l’horizon 2015, il estime que la corruption ne doit plus sévir et les corrupteurs seront fortement sanctionnés.
Pour sa part, M. Tayeb Belaiz, ministre de la Justice et garde des Sceaux, a, dans sa communication, mis en relief la nécessité de la prévention. «Le travail préventif est la meilleure façon de lutter contre ce fléau dangereux qui peut menacer la stabilité et la sécurité de l’Algérie», a-t-il déclaré à la presse. Selon lui, lutter uniquement avec des moyens répressifs serait une erreur. L’autonomie de la justice est, précise le ministre, une condition sine qua non de l’aboutissement de toute action voulant réduire les dégâts collatéraux de la corruption. «Il y a de la volonté politique pour y parvenir », ajoute le ministre. Cette autonomie a été renforcée dans le cadre de la réforme du secteur, ainsi qu’à travers la promulgation d’un statut de la magistrature et du Conseil supérieur de la magistrature. L’arsenal législatif a été également renforcé par les principes des droits de l’homme et l’adoption de normes internationales. La corruption, qui peut semer l’anarchie, « se répercute, en outre, sur la qualité et la rentabilité, détruit la croissance économique et sociale des nations, et entrave les perspectives de développement».
Tout comme l’avait fait M. Bouzeboudjen, le premier responsable du secteur clame l’association de la société civile et de tous les membres de la société. Etant un pays qui a toujours combattu la corruption et les épiphénomènes qui lui sont intimement liés, l’Algérie compte maintenir cette cadence. Mieux, passer à une vitesse supérieure. Exemple édifiant : en sus des organismes existants, un Office central de répression de la corruption dont le décret de création a été signé jeudi par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, sera prochainement opérationnel.
Fouad Irnatene
L’ONU disposée à soutenir l’Algérie
L’Organisation des Nations unies (ONU) est disposée à soutenir les efforts consentis par l’Algérie dans la lutte contre la cor- ruption, érigés en conformité avec les conventions internationales, a affirmé hier à Alger le coordonnateur résident de l’ONU en Algérie, M. Mamadou Mbaye. «Les agences des Nations unies sont disposées à soutenir le gouvernement algérien dans sa lutte contre la corruption, érigée en conformité avec les conventions internationales», a-t-il souligné dans une allocution prononcée à l’ouverture d’une rencontre organisée à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre ce phénomène.
Cette conformité avec les pratiques et les règles internationales avait débuté, selon lui, avec la ratification par l’Algérie de la Convention des Nations unies et celle de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. L’Algérie, a-t-il dit, s’est également dotée d’une réglementation inspirée des principes et des fondements universels en matière de prévention et de lutte contre la corruption, évoquant notamment la directive présidentielle du 13 décembre 2009. Au plan international, l’Algérie a participé en 2011 au Maroc à la quatrième Conférence des pays signataires de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la corruption, alors qu’en 2012 le pays est appelé à effectuer un examen d’auto-évaluation dans ce domaine, a-t-il souligné. Définissant la corruption comme un fléau nuisible aux démocraties et aux droits de l’homme, M. Mbaye a affirmé que la lutte contre ce phénomène nécessitait la conjugaison des efforts de l’ensemble des intervenants, dont la société civile, et une plus grande coopération internationale. «La corruption s’attaque aux fondements des institutions démocratiques en créant des appareils bureaucratiques dont l’unique fonction est l’encouragement des pots-de-vin. Elle entrave le développement économique en décourageant les investissements directs étrangers et en plaçant les petites entreprises dans l’impossibilité de surmonter leurs défis», a-t-il ajouté.