Conférence ministérielle à Tripoli sur la sécurité des frontières : Plan d’action pour une méthode de travail commune

Conférence ministérielle à Tripoli sur la sécurité des frontières : Plan d’action pour une méthode de travail commune

Les travaux de la conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières ont été sanctionnés hier à Tripoli (Libye) par la mise en place d’un « plan d’action » portant sur l’élaboration d’une méthode de travail commune pour les concertations et la coopération en matière de sécurité frontalière.

Il a été ainsi souligné la nécessité de consolider le concept de frontières sécurisées de manière globale et homogène par différentes actions qui consistent, notamment à  » étudier la possibilité de la mise en place d’une commission au niveau des experts et des spécialistes pour l’échange des idées et des consultations dans le cadre de la sécurisation des frontières aux niveaux bilatéral et régional ». Il s’agit également de « réactiver » le rôle des organisations régionales en matière de la sécurité des frontières et d’adopter une stratégie commune pour renforcer la coopération dans les domaines juridique et judiciaire. Le plan d’action porte en outre sur l’étude de la mise en place d’un « mécanisme de suivi » des opérations financières ayant trait aux menaces transfrontalières et appelle à mettre l’accent sur une « approche commune globale » pour traiter les problèmes de l’immigration illégale et la consécration du principe de la « responsabilité commune » entre les pays d’origine, de transit et d’accueil. Les échanges de renseignements figurent également dans le plan d’action englobant renseignement de surveillance et d’intelligence, ainsi que l’analyse des dangers et des menaces régionaux et transnationaux. En ce qui concerne les mesures immédiates, le plan porte sur le renforcement du mécanisme d’échange de renseignement au niveau régional sur toute sorte de menace. Il s’articule notamment autour de « l’analyse globale » des dangers de l’insécurité, des raisons profondes de la migration, tout en offrant « une aide socio-économique ciblée et efficace et d’autres formes d’assistance transrégionale » (avec le soutien de l’ONU, des bailleurs de fonds régionaux et d’autres partenaires). S’agissant des mesures à moyen et à long termes, le plan prône la mise en place des services pour l’échange d’informations électroniques sur le crime organisé, le terrorisme, le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, et créer un centre de recherche chargé d’étudier ces questions et de proposer des solutions adéquates.

En ce qui concerne les mesures antiterroristes, les pays concernés ont appelé à soutenir la création, le renforcement et la réhabilitation des unités intégrées et spécialisées pour le lutte contre le terrorisme dans les Etats concernés et l’échange avec l’assistance financière et technique des différents partenaires pour les pays qui en manifestent le besoin, en plus de la coordination avec Interpol et la Direction exécutive de lutte contre le terrorisme. Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures urgentes pour traiter et combattre le terrorisme tout en mettant l’accent sur la sensibilisation des sociétés pour contrecarrer l’émergence de courants idéologiques extrémistes, notamment dans les zones frontalières. Le plan d’action comprend le volet concernant la réduction de la prolifération des armes, incitant notamment les pays du voisinage à contrôler et à confisquer les armes hors contrôle, surtout le système antiaérien portable (MANPADS). L’objectif est également de limiter les risques de la prolifération régionale des armes et améliorer la gestion des stocks à travers les normes juridiques internationales en vigueur afin de réduire le nombre des petites armes tout en se basant sur les principes techniques internationaux directeurs concernant les munitions et les critères internationaux en matière de mesure de déminage, et ce au niveaux national et régional. Par ailleurs, sur le plan de suivi de la conférence, une recommandation a été adoptée pour la création d’un « secrétariat annuel tournant » entre les pays membres dont les fonctions et la structure seront déterminées postérieurement. L’Algérie a été représentée, lors de cette réunion, par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, accompagné par le Directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel. Outre l’Algérie et la Libye, cette rencontre a regroupé le Mali, le Niger, le Tchad, le Maroc, la Tunisie, le Soudan et l’Égypte. L’Union africaine (UA), la Ligue arabe, les Nations unies et l’Union européenne (UE) ont participé, quant à elles, en tant qu’observateurs.

Les pays de la région face aux défis sécuritaires

Une conférence qui confirme, si besoin est, la prise de conscience de tous les pays de cette région quant à l’urgence d’apporter des solutions concrètes et concertées à une menace réelle qui pèse sur toute la région. Une menace accentuée par les derniers changements intervenus dans certains pays voisins de l’Algérie et dont ont profité les groupes terroristes qui écument la région.

Le renforcement de la coopération en matière de sécurisation des zones frontalières dans la région du Sahel est l’objectif assigné à la conférence ministérielle organisée à Tripoli. Cette conférence à laquelle a pris part M. Daho Ould Kablia à la tête d’une importante délégation multisectorielle, dans laquelle figure le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, dénote l’importance de cette rencontre de deux jours. Une conférence qui confirme si besoin est la prise de conscience de tous les pays de cette région quant à l’urgence d’apporter des solutions concrètes et concertées à une menace réelle qui pèse sur toute la région. Une menace accentuée par les derniers changements intervenus dans certains pays voisins de l’Algérie et dont ont profité les groupes terroristes qui écument la région. La participation à cette rencontre d’autres pays concernés par le sujet vise ainsi le renforcement de la coopération en matière de sécurisation des zones frontalières. Et pour cause, si aucun pays n’est en mesure d’assurer seul la sécurisation à 100% de ses frontières, cette tâche est encore plus ardue pour certains pays, du fait qu’ils ont connu des changements conduit à l’effondrement de toutes les institutions en place dont celles devant assurer la sécurité.

La Libye est dans ce cas de figure. Du changement de régime dans ce pays, qui partage avec l’Algérie une frontière qui s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres, ont découlé de nombreuses conséquences dont celle de l’incapacité des nouvelles autorités libyennes à assumer, entre autres, les missions de sécurisation de son propre territoire et de ses frontières terrestres devenues de véritables passoires. «La circulation des personnes n’est pas assez contrôlée dans cette région où la situation sécuritaire n’est pas assez maîtrisée, avec notamment la circulation d’armes», a-indiqué Daho Ould Kablia. C’est du reste dans cette optique que l’Algérie a annoncé qu’elle est « disposée » à aider les nouvelles autorités libyennes dans tous les domaines et plaide depuis plusieurs mois pour une coopération « fructueuse et positive ». Pour preuve, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a également déclaré que « l’Algérie est prête à aider la Libye à tous les niveaux, notamment le domaine de la formation militaire, la police, la Protection civile et aussi l’administration ». Cette aide qui ne manquera pas de contribuer au renforcement de la sécurité des frontières, et que Alger propose dans le cadre d’une relation bilatérale redynamisée à la faveur des nombreux contacts de haut niveau parachevés par la visite effectuée le 5 mars par M. Medelci à Tripoli, viendra en complément du travail accompli depuis longtemps par les pays du champ à travers des mécanismes de coordination et de coopération. Cette coopération et cette coordination qui sont appelées à être intensifiées sont la condition sine qua non pour prétendre à la sécurisation des frontières terrestres. Cette vérité régulièrement soulignée par Alger est rappelée à tous ses partenaires régionaux et extrarégionaux.

La conférence ministérielle territoriale sur la sécurité des frontières qui se tient à Tripoli a offert une nouvelle opportunité pour réitérer ce discours dont la finalité est de prévenir la région contre la menace d’insécurité et d’instabilité que font peser sur elle les groupes armés qui se sont dotés d’armes sophistiqués. Il sera ainsi indiqué que les forces de sécurité algériennes ont avorté à maintes reprises des tentatives de trafic de ces armes volées dans les casernes libyennes et tunisiennes.

D’où l’importance d’unifier la vision quant à la stratégie de lutte contre la menace terroriste. « Les efforts doivent se concentrer sur la nécessité d’avoir une vision commune sur les défis sécuritaires dans la région, à travers le renforcement des liens et la coopération opérationnelles entre la Libye et ses pays voisins, et d’intensifier la coordination au niveau des régions frontalières afin de les protéger de ces dangers », a indiqué M. Ould Kablia. Dans le même contexte, il a souligné que la sécurité ne peut pas être évoquée sans prendre en compte le développement économique de la région, car ces deux éléments sont intimement liés, a-t-il rappelé.

Il a souligné également la nécessité de renforcer les points de contrôle et de les doter des matériels et moyens nécessaires pour un fonctionnement efficace, et a appelé pour une coordination permanente et continue entre les différents acteurs pour lutter, notamment, aussi contre l’immigration clandestine.

Le ministre de l’Intérieur s’est dit, à l’occasion, persuadé que cette rencontre constituera un point important dans le renforcement de la coopération régionale sur le terrain tant au niveau militaire et du renseignement, pour faire face aux défis .

N. K. et agence

Ould Kablia :

“ L’Algérie s’oppose à toute tentative d’infiltration du territoire libyen et de déstabilisation de ce pays”

L’Algérie s’oppose à « toute tentative » d’infiltration du territoire libyen, dont l’objet est de « déstabiliser ce pays frère », a affirmé dimanche à Tripoli le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia. Au cours d’une audience que lui a accordée le président du Conseil national libyen de transition (CNT), M. Mustapha Abdeldjalil, M. Ould Kablia, qui lui a transmis les « salutations fraternelles » du Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, lui a également fait part de « l’engagement de l’Algérie à s’opposer, par tous les moyens, à toute tentative d’infiltration du territoire libyen, dont l’objet est de déstabiliser ce pays frère et de porter atteinte à la révolution libyenne », a indiqué à l’APS un membre de la délégation algérienne. Le ministre « a réitéré le soutien de l’Algérie, de son gouvernement, de son peuple et de son Président aux côtés du peuple libyen frère », a-t-on ajouté de même source. Au cours de cet entretien, les deux parties ont évoqué également « les perspectives de coopération entre les deux ministères de l’Intérieur et ceux aux plans institutionnel et de sécurité », a conclu la même source. Le 16 février dernier, 1er anniversaire de la révolution libyenne, le Président Bouteflika avait assuré le président du CNT du « soutien et de l’appui » de l’Algérie à la Libye en cette étape « cruciale » de son histoire. « Je tiens à saisir cette heureuse occasion pour vous exprimer notre soutien et notre appui en cette étape cruciale de l’histoire de votre pays pour amorcer une ère nouvelle qui reflète la volonté du peuple libyen frère a réunir les conditions d’une vie digne au sein d’institutions démocratiques qu’il aura choisies », avait affirmé le Président de la République dans son message. « Je tiens également à vous faire part de ma ferme détermination à œuvrer de concert avec vous pour renforcer les liens de fraternité, de solidarité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples et porter les relations bilatérales à des niveaux supérieurs au mieux des intérêts de nos deux pays et de notre région », avait ajouté le Chef de l’État. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a indiqué jeudi dernier qu’une série de visites en Libye est prévue aux niveaux du gouvernement et des institutions. « Il y aura une série de visites en Libye non seulement au niveau gouvernemental mais également des institutions », a-t-il déclaré. Il a également rappelé avoir rencontré, lors de sa dernière visite en Libye, des responsables « qui souhaitaient que la coopération avec l’Algérie se développe dans tous les domaines ». La sécurité aux frontières a été évoquée par les deux parties, a-t-il dit, ajoutant que les discussions ont porté sur la manière de les « aider à constituer une armée et une police ». M. Medelci a, en outre, affirmé que « la Libye a les moyens de sortir de cette phase de transition, et nous allons les aider dans la mesure de nos moyens ».