Les regards se tourneront aujourd’hui vers Genève. Le deuxième round des négociations sur la Syrie entre l’opposition et le régime reprendra au Palais des Nations unies, sous la présidence de Lakhdar Brahimi, l’émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe.
« ce round durera jusqu’à vendredi. Si c’est nécessaire de continuer, nous continuerons », a annoncé la porte-parole des Nations unies. Selon cette dernière, Walid Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères, qui a déploré « le manque de sérieux et de maturité » de l’opposition, conduira la délégation de Damas.
« Nous voulons poursuivre les efforts que nous avons déployés lors du premier round. Nous insistons pour que les discussions portent sur la totalité des clauses contenues dans le communiqué de Genève 1 », a déclaré Fayçal Moqdad, le numéro deux de la diplomatie syrienne.
« Le retour de la sécurité et de la stabilité nécessite que l’on discute de l’arrêt du terrorisme et de la violence, comme indiqué dans le communiqué de Genève 1 qui prévoit l’arrêt de la violence sous toutes ses formes et la formation d’une autorité gouvernementale de transition, sans mentionner le sort du président al Assad », dit-il.
« A Genève 2, nous avons fait valoir les droits des Syriens », contrairement à l’opposition qui « s’était exprimée, selon les ordres donnés sur un morceau de papier par son maître, les Etats-Unis », a-t-il ajouté. L’opposition, qui parle de victoire symbolique, semble avoir d’autres considérations. « Nous avons poussé le régime à négocier avec le peuple syrien.
C’est la première fois qu’il a accepté de discuter de l’avenir de la Syrie avec les Syriens, nous avons au moins gagné cela », a déclaré Massoud Akko, un membre de la délégation de l’opposition. Entamées le 22 janvier à Montreux, ces négociations, qui se sont tenues durant dix jours, n’ont abouti à aucun résultat tangible. Seul fait positif, selon les analystes, les « frères ennemis » ont accepté de s’asseoir autour de la même table et de se parler pour la première fois depuis trois ans.
Pour Volker Perthes, directeur de l’Institut allemand de politique étrangère et des questions de sécurité, « c’est un premier pas vers un possible succès ». « Au moins, dit-il, chaque partie reconnaît l’autre comme étant celle avec laquelle elle devra négocier. Ce n’est pas grand-chose, mais on ne pouvait pas espérer mieux. » Lakhdar Brahimi, qui a qualifié ce round de « début très modeste sur lequel on peut construire », reconnaît que « le fossé reste très large ».
Le cessez-le-feu espéré n’a pas été proclamé et la mise sur pied d’un gouvernement transitoire n’a même pas été abordée. Surtout que le sort du président Bachar al Assad les divise. Pour l’opposition et leurs soutiens occidentaux et arabes, il est inimaginable qu’il puisse continuer à gouverner. Comme pour donner un coup de pouce aux deux délégations qui sont bien conscientes que dans cette bataille de l’image, la première qui claque la porte est perdante, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, se sont entretenus hier sur la situation en Syrie.
Gros point à trancher : la conclusion d’un accord sur la formation d’une instance de gouvernement transitoire dotée des pleins pouvoirs. « Le conflit va encore s’intensifier, prévient Burhan Ghalioun, un cadre de l’opposition. Le régime va tenter de gagner du terrain pour imposer son point de vue à la prochaine séance de négociations. Et nous aussi. »
Djamel Boukrine