L’Algérie abritera, les 22 et 23 juillet, la Conférence internationale sur la déradicalisation. Une cinquantaine de pays ont été invités pour prendre part à cette conférence qui va se dérouler à l’hôtel Sheraton, à Alger.
Ce sont principalement les pays membre du GCTF, du Forum global de lutte contre le terrorisme dont les membres, qui sont une trentaine, représentent les différents continents et les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies dans la mesure où ce conseil est impliqué dans la lutte contre le terrorisme. Les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Est seront également présents du fait qu’ils sont, eux aussi, touchés par ce phénomène. Il y aura aussi les représentants des institutions des Nations unies, notamment une quinzaine d’organisations régionales et internationales concernées par cette question, à savoir l’Union africaine, l’Union européenne, l’union de la coopération islamique.
Selon l’ambassadeur et conseiller du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines M. Hawess Ayach, qui a présenté le contenu de la conférence et qui était accompagné de l’ambassadeur M. Hadj Ali, avant l’arrivée du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, «l’Algérie a reçu la confirmation d’une participation d’un grand nombre de ces pays invités». En effet, selon lui, «je n’exagérerai pas de dire que nous ferons le plein», en ajoutant que cette conférence est ouverte aux fonctionnaires et surtout aux experts dans certains nombre de domaines, tels que les finances et la sociologie.
Selon le responsable, la conférence sera une occasion d’aborder les questions qui auront trait aux actions et aux politiques des pays pour lutter contre le terrorisme qui prend des dimensions alarmantes. Il a ajouté que cette initiative sera une occasion aux participants de partager leurs expériences, notamment de connaître l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme, mais surtout de sortir avec de nouvelles pistes pour prendre en charge les questions de lutte contre l’extrémisme violent et de politique de dé-radicalisation.
M. Ayach explique que c’est l’Algérie qui a été à l’origine de cette initiative, et en a fait la proposition, par la voix du ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, d’accueillir cette conférence internationale à Alger pour en faire, ainsi, un prolongement aux travaux du Sommet de la Maison-Blanche sur l’extrémisme violent, tenu le 19 février de l’année en cours à Washington. Un sommet qui escompte faire un meilleur usage des plateformes multilatérales de coopération dans le domaine de lutte contre l’extrémisme violent, et où M. Messahel a exposé l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme et de dé-radicalisation. Cette rencontre sera donc une occasion d’apporter une contribution au sommet sur l’extrémisme violent qui se tiendra lors de la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain.
«Nous nous sommes aperçus que l’expérience algérienne était dans une phase de dé-radicalisation et l’expérience exposée lors de ce sommet de Washington a suscité un grand intérêt de la part des participants et l’Algérie a été fortement sollicitée pour organiser une conférence dans laquelle il sera question d’aborder le thème de l’extrémisme violent, mais surtout de dé-radicalisation», a souligné M. Hawess Ayache. Elle se veut également, selon ses déclarations, une «contribution» de l’Algérie aux efforts de la communauté internationale en vue de partager son expérience en matière de dé-radicalisation et «d’offrir une opportunité» pour connaître d’autres expériences menées à travers le monde. M. Hawess a précisé, par ailleurs, que beaucoup de pays, qui n’ont pas été invités à prendre part à cette conférence, ont demandé à participer, dont le nombre avoisine une dizaine. «Cela témoigne de l’importance du thème de cette rencontre, suivie de la préoccupation que cela représente pour ces pays afin de trouver de nouvelles formules, de nouvelles voies et de nouveaux mécanismes pour coopérer à ce volet particulier de lutte contre l’extrémisme violent et la dé-radicalisation», a-t-il relevé.
Cette conférence aura à débattre de huit thèmes, dont celui de «L’approche globale, présentation de l’importance et du rôle de la lutte contre l’extrémisme violent et la dé-radicalisation dans le combat contre le terrorisme», «Le rôle du système judiciaire dans la dé-radicalisation, y compris en milieu carcéral», «Le rôle des instances religieuses dans la dé-radicalisation», «La dé-radicalisation, la réhabilitation et la réintégration», «La dé-radicalisation et les efforts contre l’extrémisme violent par l’éradication, y compris par la promotion effective des méthodes d’enseignement, la formation professionnelle et l’emploi», «Le rôle des médias, y compris les TV par satellite et les programmes religieux, dans la dé-radicalisation», «Le rôle de la société civile dans la dé-radicalisation» et, enfin, «La dé-radicalisation et les phénomènes de la xénophobie et de l’islamophobie». Ce dernier thème est destiné, selon M. Hawess, à la communauté algérienne à l’étranger, en raison, dit-il, du contexte international actuel. «Il y a une remontée terrible de l’islamophobie et de la xénophobie dont souffre la communauté algérienne dans les pays d’accueil. Nous voulons orienter les projecteurs sur ce phénomène que nous considérons comme les nouveaux visages et les nouvelles expressions de l’extrémisme violent», a-t-il précisé, en mettant l’accent sur la nécessité d’aborder cette question avec les pays qui accueillent la communauté algérienne dans l’objectif de les sensibiliser, notamment les amener à engager une lutte «non pas conjecturelle, mais une lutte constitutionnelle», contre ces deux phénomènes.
Il est à noter, enfin, et selon les propos de M. Hawess, que la clôture de cette conférence ne verra pas la tenue d’une conférence de presse, pas même d’un communiqué, mais il y aura des conclusions qui seront établies par le pays hôte et qui seront communiquées ultérieurement aux Nations unies.
Kafia Aït Allouache
Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe :
« L’expérience algérienne, un modèle éloquent »
Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a précisé, hier, lors du débat qui a suivi la conférence de presse consacrée à la présentation des grands axes de la Conférence internationale sur «L’extrémisme et la dé-radicalisation», que l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme constitue, désormais, «un modèle éloquent» pour plusieurs nations de par le monde. «Plusieurs pays et partenaires prennent exemple sur l’expérience de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
La lutte contre le terrorisme n’est pas une mince affaire et, pourtant, l’Algérie l’a bel et bien vaincu», a-t-il fait savoir, en ajoutant que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme «ne doit pas être menée seulement sur le front militaire et sécuritaire».
Dans ce contexte, le ministre rappelle la démarche du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, axée sur la Concorde civile et la Réconciliation nationale, les programmes éducatifs, outre la révision des programmes de développement et du rôle de la mosquée à travers la formation des imams, le rôle de la presse et des médias en général. Tout cela, dit-il, «rentre dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme», ajoutant que la «démocratie et la bonne gouvernance sont importantes dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme».
M. Messahel, après avoir mis en garde contre le fléau du terrorisme qui menace désormais toute la communauté internationale, a précisé que «les évènements qui surviennent dans certains pays, à l’instar de la Libye, sont dus à l’absence de l’État», en indiquant toutefois que la lutte contre le phénomène du terrorisme passe par trois étapes, à savoir la prévention, la lutte et le traitement, et chaque étape a ses spécificités et ses moyens.
M. Messahel a rappelé les efforts consentis par l’Algérie pour le rétablissement de la paix et de la stabilité en Libye, faisant remarquer que «l’Algérie a été le premier pays à avoir appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale aux larges prérogatives dans ce pays». Répondant à la question de savoir si la présence de bases militaires étrangères favoriserait l’extrémisme dans les pays qui les abritent, M. Messahel a rétorqué que «l’État qui a les moyens d’une politique efficace de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme n’a pas besoin d’abriter une base militaire étrangère, en ce sens qu’il est censé défendre lui-même ses propres intérêts politiques, économiques et géostratégiques».
« Le terrorisme se développe dans le chaos et s’enracine en l’absence de l’État »
Par ailleurs, M. Messahel a mis l’accent sur le fait que l’un des fondements de la lutte contre le phénomène de terrorisme ou la dé-radicalisation est la «démocratisation et la bonne gouvernance». La démocratisation n’est pas une coquetterie. C’est un facteur réel de dé-radicalisation parce que la démocratie se fonde sur des règles et des normes qui sont universelles, ensuite suivra l’acceptation de l’autre en éloignant l’exclusion et l’exclusif.
Pour M. Messahel, la bonne gouvernance est assurée par un «État capable» qui fait et applique des lois pour la préservation des droits de l’homme et du citoyen et ses droits sociaux-économiques. «L’État capable, il faut qu’il soit compris dans son sens le plus noble. C’est l’État qui fait des lois et les applique pour la préservation des droits de l’homme, du citoyen…», a-t-il noté, en affirmant que le terrorisme se développe dans le chaos et s’enracine en l’absence de l’État, «L’absence de l’État, c’est là où le terrorisme s’enracine et il se développe dans le chaos».
Il a également souligné que «plus on renforce l’État de droit, ce qui est en train d’être entrepris en Algérie, plus on se préserve et se prémunit contre le terrorisme».
Par ailleurs, et pour ce qui concerne la conférence sur la dé-radicalisation qui se tiendra les 22 et 23 du mois en cours, le ministre a indiqué que c’est une occasion pour réunir les experts et non des politiques, soulignant que le choix de l’Algérie d’abriter cette rencontre est le fait que «c’est un pays qui a survécu à mille et une turbulences».
Il a ajouté que la conférence d’Alger est une étape «extrêmement importante». S’agissant des échéances à venir concernant ce sujet, notamment un sommet aux Nations unies et la réunion du Forum global de lutte anti-terroriste en septembre, le ministre explique qu’«il y a toute une machine des Nations unies qui est en train de se mettre en place. Ils nous ont encouragés à faire cette réunion parce qu’ils considèrent qu’il y a de bonnes pratiques en Algérie qui seront codifiées à l’avenir».
Répondant à une question relative à l’existence du terrorisme en Algérie actuellement, surtout après les derniers événements, le ministre à précisé qu’«il faut être vigilant». «Cela ne veut pas dire qu’aujourd’hui nous ne sommes pas soumis à un certain nombre de pressions.
Ce qui nous appelle à être beaucoup plus vigilants. Dans un monde plein de turbulences, les Algériens sont conscients que nous avons un grand et beau pays que nous devons défendre par tous les moyens». Rendez-vous est donc pris demain pour cette conférence d’envergure continentale.
K. A. A.